Loi Travail : moins de lycéens dans les rues mais les étudiants toujours massivement mobilisés
Dans la capitale, des policiers ont chargé des jeunes cagoulés et armés de bâtons, mêlés à des lycéens manifestant contre la loi travail. Sur la place de la Nation, point de ralliement des manifestants, quelques centaines de jeunes se sont rassemblés en fin de matinée avant de rallier la Bastille, point de départ du défilé prévu à 13h30.
Les forces de l'ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes puis chargé à plusieurs reprises pour disperser des groupes de jeunes qui jetaient des pierres, des bouteilles en verre et des oeufs, scandant "police partout, justice nulle part". Certains policiers étaient entièrement recouverts de peinture blanche, projetée par des manifestants.
Sur le trajet, les commerçants ont précipitamment baissé leurs rideaux de fer. Selon la préfecture de police, les incidents ont été provoqués par une cinquantaine de jeunes cagoulés, qui ont été séparés du cortège par un cordon de policiers puis embarqués à bord d'un bus de la police.
A Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), le hall du lycée Léonard-de-Vinci a été "détruit" par un incendie volontaire, selon le ministère de l'Education nationale, qui a annoncé l'ouverture d'une enquête.
Le ministère a décompté 34 lycées bloqués en France, contre quelque 170 lors de la précédente journée de mobilisation, sur les 2.500 établissements du territoire. Un chiffre très éloigné de celui de l'Union nationale lycéenne (UNL), qui en répertorie 150, dont une quarantaine en région parisienne.
En province, plusieurs centaines de personnes, jeunes ou salariés, ont défilé en matinée à Rouen (de 480 à 600), Marseille (1.500) ou encore Rennes (1.100) ou un face à face tendu opposait manifestants et forces de l'ordre. Au Havre, où 1.200 personnes ont défilé, deux liaisons par ferry avec la Grande-Bretagne, de même qu'une escale d'un paquebot de croisière, ont été annulées.
Mercredi, les ministres Najat Vallaud-Belkacem (Education nationale et Enseignement supérieur), Myriam El Khomri (Travail) et Patrick Kanner (Jeunesse) recevront l'Unef, le syndicat étudiant à la pointe du mouvement, puis la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), qui ne s'oppose pas à la nouvelle version de la loi travail, et les organisations lycéennes.
Selon des sources proches du dossier, les ministres seraient prêts à discuter de plusieurs revendications, avant un arbitrage du Premier ministre Manuel Valls la semaine prochaine.
Parmi ces revendications figurent la surtaxation des CDD, la poursuite du versement des bourses quelques mois entre l'obtention du diplôme et le premier emploi, l'augmentation du nombre de place en BTS, une hausse de la rémunération des apprentis, selon ces sources.
La coordination nationale étudiante, qui regroupe des représentants d'universités en grève, réclame le report des examens tant que la loi travail n'aura pas été retirée. Elle appelle à d'autres journées de mobilisation, courant avril et veut construire "une grève générale et reconductible", a-t-elle indiqué lors d'une conférence de presse mardi à Paris.
Jeudi dernier, la mobilisation avait réuni au côté des syndicats de salariés 390.000 personnes selon les autorités, 1,2 million selon les organisateurs, et le mouvement se poursuit depuis via de nouvelles formes. Il y a ainsi des rassemblements de plusieurs centaines de personnes chaque soir place de la République à Paris, à l'appel de "Nuit Debout", mouvement qui rappelle celui des Indignés en Espagne.
En attendant une rencontre promise par le Premier ministre Manuel Valls, mais dont la date n'a pas été précisée, les députés commencent dans l'après-midi l'examen en commission des quelques 800 amendements du texte, avant un débat dans l'hémicycle à partir du 3 mai.
L'article sur les motifs de licenciement économique, point de crispation du texte, sera abordé plus tard dans la semaine. Force ouvrière menace de saisir la justice, estimant que le gouvernement n'a pas respecté la procédure de concertation avant la présentation du projet.
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