Manifestation anti-loi Travail : l'interdiction divise le PS
Plusieurs députés socialistes ont prévenu ce mardi 21 qu'il serait à leur yeux "inimaginable" qu'un gouvernement de gauche interdise une manifestation, alors que les opposants à la loi Travail sont toujours en discussion pour savoir s'ils pourront défiler à Paris jeudi 23.
"Je n'imagine pas et je ne souhaite pas d'interdiction, sauf à faire de la CGT le bouc émissaire et la victime de la gauche au pouvoir", a déclaré à l'AFP le député PS Pascal Terrasse, proche d'Emmanuel Macron. "Sauf à mettre encore plus de monde dans la rue sur le thème: victimisation et transgression des interdits", a ajouté le député de l'Ardèche, membre des "réformateurs" (aile droite du parti).
"Déjà que les trois quarts des manifestants n'ont pas lu et compris la nature de la loi Travail (...) L'interdiction pour le coup amènerait des manifestants non sur le texte mais sur la forme. Ce serait osé! Et plus encore mortifère pour l'histoire et notre culture de gauche", a-t-il mis en garde.
Dans les couloirs de l'Assemblée, quelques députés socialistes d'autres sensibilités ont aussi exprimé des inquiétudes. "Je n'imagine pas qu'un gouvernement se prétendant de gauche interdise une manifestation", c'est "inimaginable", a déclaré Yann Galut, du collectif "La Fabrique".
Pour cet élu du Cher, l'un des 56 députés à avoir signé le projet de motion de censure avortée du gouvernement, "c'est au gouvernement de trouver des solutions pour qu'il n'y ait plus de manifestations" et pour cela, "il faut quelque part revenir sur la loi El Khomri" et "revenir à la table des négociations".
Le "frondeur" Pascal Cherki (aile gauche du PS) a jugé que "si les syndicats veulent faire une manifestation, il faut qu'elle ait lieu". Ils "ont l'impression qu'on bride leur liberté de manifester" et que "le gouvernement ne veut pas débattre du fond, le contenu de la loi Travail" mais veut "faire un rapport de force", selon lui. Dans une interview à La Gazette Debout, journal du mouvement Nuit Debout, ce député parisien a promis de venir manifester avec son écharpe tricolore en cas d'interdiction. Laurent Baumel, autre "frondeur", a affirmé qu'il ne donnerait "pas notre caution politique et morale à une décision d'interdiction pure et simple qui me paraît porter atteinte à un droit essentiel".
Le patron des députés socialistes Bruno Le Roux a, lui, estimé devant la presse que la capacité à manifester devait être "préservée", mais jugé que "les casseurs ont pris le pas sur les manifestants à de nombreuses reprises". C'est au ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, qui "dispose aujourd'hui des éléments", de "prendre la décision et la proposer au gouvernement", selon cet élu de Seine-Saint-Denis.
Opposants à la loi Travail et gouvernement sont en discussion depuis lundi pour savoir si la manifestation prévue jeudi à Paris sera autorisée ou non, et sous quelle forme, après des violences ayant émaillé celle du 14 juin.
La préfecture de police s'est dite prête à un "rassemblement statique", mais les syndicats (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl) ont "catégoriquement" refusé, et indiqué qu'ils feront "des propositions alternatives" de parcours.
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