De nouvelles données sur les rendements agricoles réévaluent le Coût Social du Carbone

Auteur(s)
Klara Wettachdrien pour France-Soir
Publié le 23 mars 2025 - 19:00
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SCC de nouvelles données
Crédits
France-Soir, IA
De nouvelles données sur les rendements agricoles réévaluent le Coût Social du Carbone
France-Soir, IA

ndlr : Bonne nouvelle pour nos assiettes ! Une étude toute fraîche de 2025 vient secouer ce qu’on pensait du réchauffement climatique et de ses effets sur l’agriculture. Jusqu’ici, on nous disait que la hausse des températures allait dévaster les récoltes et faire grimper le « Coût Social du Carbone » – une sorte de facture en dollars pour chaque tonne de CO₂ rejetée dans l’air. Sous Biden, par exemple, ce coût avait bondi de 51 à 190 dollars, en partie à cause de prévisions alarmantes sur les cultures. Mais surprise : avec des données plus solides (1 222 études sur le maïs, le riz, le blé et le soja), des chercheurs montrent que même avec 5°C de réchauffement, les récoltes tiennent bon, voire s’améliorent !

Pourquoi ? Le CO₂, souvent vu comme le méchant, joue en fait les héros en boostant la croissance des plantes, un peu comme un engrais naturel. Ajoutez à ça les astuces des agriculteurs – irrigation, graines résistantes – et voilà, les pertes qu’on craignait ne sont pas au rendez-vous. Résultat : ce SCC pourrait être revu à la baisse, ce qui pourrait changer la donne pour les taxes sur le carbone ou les politiques climatiques. Attention, tout n’est pas rose : les régions tropicales risquent de morfler davantage, mais dans les zones tempérées comme chez nous, ça passe mieux. Bref, une lueur d’espoir qui montre qu’on peut s’adapter au climat qui se dérègle !

TRIBUNE

« Les rendements seraient plutôt stables ou positifs jusqu’à 5°C de réchauffement » (1)

Le Coût Social du Carbone, ou SCC, est une estimation en dollars du dommage économique causé par l’émission d’une tonne de dioxyde de carbone (CO₂) dans l’atmosphère. C’est un outil clé pour les gouvernements : il aide à fixer des taxes sur le carbone ou à décider des politiques contre le changement climatique.

Sous l’administration Biden, par exemple, ce coût est passé de 51 à 190 dollars par tonne, en partie parce qu’on pensait que le réchauffement allait fortement réduire les récoltes agricoles.

Ces prévisions alarmantes venaient d’une étude de 2014, qui a été revue en 2017. Mais, une nouvelle recherche, publiée en 2025, remet tout cela en question avec des données plus complètes.

En 2025, des scientifiques ont analysé 1 222 enregistrements sur les rendements des grandes cultures comme le maïs, le riz, le blé et le soja – bien plus que les 862 utilisés dans l’étude de 2014. 

Leur découverte ?

Même si la température mondiale augmente jusqu’à 5 °C, les récoltes ne s’effondrent pas comme prévu. Elles restent stables, voire s’améliorent dans certains cas :

  • L’effet fertilisant du CO₂ : Plus il y a de CO₂ dans l’air, mieux certaines plantes poussent. C’est comme un coup de pouce naturel qui compense les effets négatifs de la chaleur.
  • Les adaptations des agriculteurs : Irrigation, variétés de plantes résistantes à la chaleur… Les humains savent s’adapter, et cela limite les pertes. Par exemple, le blé montre un léger déclin à 5 °C de réchauffement, mais les autres cultures tiennent bon grâce à ces facteurs.
Remise en cause du SCC (Coût Social du Carbone)

L’augmentation du SCC à 190 dollars reposait sur l’idée que le réchauffement causerait des pertes agricoles graves. Mais si les récoltes ne souffrent pas autant qu’on le pensait, ce chiffre élevé pourrait être exagéré.

Voici comment les scientifiques ont abordé la question :

  • Ils ont estimé combien la Terre se réchauffe quand le CO₂ augmente. Par exemple, si le CO₂ double (passant de 280 à 560 ppm, une unité mesurant sa concentration dans l’air), la température grimperait d’environ 3 °C. C’est une hypothèse prudente – certains pensent que le réchauffement pourrait être moindre.
  • Avec ce niveau de réchauffement, les nouvelles données montrent que les rendements agricoles restent corrects, voire augmentent, grâce au CO₂ et aux efforts humains. - Si les dommages sont moins graves, le SCC devrait peut-être être revu à la baisse, ce qui pourrait changer les politiques climatiques.
Qu’est-ce que ça change ?

Le réchauffement n’a pas le même impact partout.

  • Les régions tropicales, comme certaines zones d’Afrique ou d’Asie du Sud, risquent de souffrir davantage de la chaleur.
  • Mais les zones tempérées – comme l’Europe ou l’Amérique du Nord –, où le réchauffement est plus fort, s’en sortent mieux. Résultat : en moyenne mondiale, les récoltes tiennent le coup.
  • Avant 2014, on pensait que chaque degré de réchauffement faisait baisser les récoltes, malgré un petit avantage du CO₂.
  • Maintenant, en 2025, avec plus de données, on voit que jusqu’à 5 °C de réchauffement, les récoltes restent stables ou progressent grâce au CO₂ et aux adaptations.

Cette étude, publiée le 14 février 2025, met en lumière des projections de rendements agricoles moins pessimistes que les estimations antérieures, en soulignant le rôle compensatoire de la fertilisation au CO₂ et des adaptations humaines face à un réchauffement allant jusqu’à 5 °C.

Elle ouvre la voie à une réévaluation des impacts climatiques sur l’agriculture, des stratégies d’adaptation plus ciblées, et à des politiques climatiques basées sur le Coût Social du Carbone.

À propos de l'auteur : Klara Wettachdrien est le nom de plume d'un des membres du Collectif Citoyen de France-Soir spécialisée dans la science et la technique.

Note : 

1) Source : McKitrick, R. Extended crop yield meta-analysis data do not support upward SCC revision. Sci Rep 15, 5575 (2025). https://doi.org/10.1038/s41598-025-90254-2
 

Ensemble des données et code source de la réanalyse https://data.mendeley.com/datasets/w6rpyk3gyc/1

Graphique extrait de l'étude en référence : simulations de variation de rendement établies sur les ensembles des données indiqués (maize - maïs, millet - millet, sorghum - shorgo, rice - riz, wheat - blé , soy bean - soja)
Les tendances confirment la corrélation négative attendue entre la température et le rendement, mais dans une mesure bien moins alarmante en réalité que dans les modèles.

Données en vert : Résultats d'études locales, reflétant des conditions réelles. 

Données en bleu : Modélisations globales, incluant des projections climatiques. 


Figure 1 extraite de l'étude 

 

 

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