Marion Maréchal est-elle de retour ? Pas si sûr...
Elle était attendue comme le Messie. Marion Maréchal (ne l'appelez plus Le Pen) participait à une soirée pour "Débrancher Mai 68" jeudi 31, dans le très caribéen décor de La Palmeraie (Paris, XVe). En répondant à l'invitation des organisateurs -le très "marioniste" mensuel L’Incorrect et la non moins "Maréchal-compatible" association Les Eveilleurs d’Espérance-, la jeune femme de 28 ans a officialisé son retour sur le devant de la scène, après son "retrait" dans la foulée de la présidentielle 2017.
La soirée, pour ne pas dire meeting, a été un succès. Pour assister au grand raout de la droite conservatrice, les 1.200 spectateurs -dont environ 200 étudiants- ont déboursé 15 euros. Parmi un public acquis à la cause de Marion Maréchal -les journalistes ont été soigneusement tenus à l'écart (voir ici)-, quelques têtes connues: l'entrepreneur Charles Beigbeder (qui finance L'Incorrect et l'école de Marion Maréchal, l'ISSEP), Chantal Delsol (l'épouse de Charles Millon), Samuel Maréchal (père de), Philippe Martel (ancien chef de cabinet de Marine Le Pen), la députée apparentée FN Emmanuelle Ménard ou encore Jean-Frédéric Poisson (président du PCD). Le gotha de "l'union des droites", en somme.
Une salle bien remplie, mais d'un certain entre-soi explique à France-Soir le politologue spécialiste de l'extrême droite Jean-Yves Camus, qui a assisté à la soirée. "Il y avait dans la salle la sociologie typique d'un meeting de Philippe de Villiers: la droite conservatrice et catholique était là mais il manquait les classes moyennes et populaires qui font l'électorat du Front national". Et d'ajouter: "c'était une soirée réussie, mais ça ne fait pas un retour en politique".
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Au programme de la soirée, la projection d'un petit film résumant le regard de la droite dure sur Mai 68 et un premier débat avec Elisabeth Lévy, Gérard Leclerc et Jean Sevillia qui a analysé ce qui reste de cet évènement central de la Ve République.
Suivait le clou de la soirée: une table ronde entre la star du jour, Marion Maréchal, la journaliste de Valeurs actuelles Charlotte d'Ornellas, et le directeur de la revue L'Incorrect Jacques de Guillebon. Le thème était celui sur lequel toute la communication de l'événement avait été construite: "comment débrancher Mai 68?".
Forcément, a été abordée la question du retour en politique de Marion Maréchal qui fait couler tant d'encre. L'occasion pour l'ex-députée du Vaucluse de mettre les choses au point: "à l’époque de Balance ton porc, il est particulièrement mal venu de vouloir faire dire oui à une fille qui n’arrête pas de dire non", a-t-elle expliqué, assurant que la soirée de jeudi "n’est pas un retour politicien", à peine "un retour à la vie publique, mais pour la métapolitique".
Grand-messe conservatrice
La jeune femme de 28 ans était officiellement venue promouvoir son école, l'ISSEP, qui ouvrira en septembre à Lyon . "Nous ne sommes pas un parti politique, ni un sas de parti politique", a-t-elle assuré, annonçant l'objectif de sortir "les conservateurs de leur état de zombification et de les faire revenir".
"Au-delà de débrancher 68, événement qu'ils surestiment, le message des intervenants était surtout d'en finir avec l'héritage des Lumières", décrypte Jean-Yves Camus, qui note que si le mot "conservatisme" était omniprésent dans les discours le "nationalisme" en était lui totalement absent.
Un agenda donc plus religieux que cocardier résumé par Jacques de Guillebon lorsqu'il a déclaré qu'il "faut faire comme la Contre-Réforme catholique: ne pas reculer face à la gauche et surenchérir!". Le projet "marioniste" est ainsi bien celui d'une société fondée sur le magistère de l'Eglise et son corolaire, l'obéissance.
Marion Maréchal semble se sentir investie d'une mission: préparer l'avenir afin de porter ses idées au pouvoir. Il lui faut pour cela former les élites de la droite de demain, c'est le sens du lancement de son école politique et du magazine L'Incorrect, dont il faut rappeler qu'il est tenu et financé par ses proches. Cela passera-t-il ensuite par la politique? Réponse de Jean-Yves Camus: "J'étais persuadé jusqu'à hier soir qu'elle ne finirait pas sa carrière à la tête de l'ISSEP. Ce n'est plus si évident...".
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