Mobilisation contre la popote réformiste de Macron : concert de casseroles et black out au menu
CUISINE - Le président de la République prend la parole ce lundi 17 avril, à 20 heures. À l’initiative d’ATTAC (l’Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne), un appel à produire des “concerts de casseroles partout en France devant les mairies et dans les rues” a été lancé.
Macron ne nous écoute pas ?
— Attac France (@attac_fr) April 16, 2023
Lundi à 20h, nous ne l'écouterons pas !
Concerts de casseroles partout en France devant les mairies et dans les rues.#64AnsCestToujoursNon#NonALaReformeDesRetraites pic.twitter.com/8sBgzgfubm
Relayé par divers syndicats, associations, personnalités et citoyens, cette forme de contestation populaire aussi bruyante que bon enfant paraît rendre nerveux l'exécutif, à la vue du succès de l'appel rencontré sur les réseaux sociaux.
Rapidement, plusieurs préfectures (Bouche du Rhône, Côte d’or) ont communiqué en retour sur l’absence de déclaration de ces éventuels rassemblements.
🔴 Appel à manifestation non déclarée ce lundi soir à Marseille. @prefpolice13 a pris un arrêté d'interdiction en raison des risques avérés de troubles à l'ordre public.
— Préfète de police des Bouches-du-Rhône (@prefpolice13) April 17, 2023
❌ Tout participant s'expose à 1 contravention de 135€ et l'organisateur à des poursuites pénales. pic.twitter.com/z6XgVM9j17
Elles préviennent notamment sur le risque de “troubles récurrents à l’ordre public et des violences commises contre les forces de l’ordre en marge des manifestations contre la réforme des retraites”. Un risque particulièrement sérieux "au moment de l'allocution télévisée du président de la République".
Un tapage de lèse-majesté qui en coûterait 135 euros d'amende aux récalcitrants, soit le prix d'une honnête batterie de cuisine chez les revendeurs ménagers.
Après tout, cette réforme des retraites, promulguée vendredi 14 avril dernier, quelque deux heures après la validation du Conseil constitutionnel, est bien au cœur de la tambouille qui remue la vie politique et sociale depuis plusieurs semaines en France.
Le 16 mars dernier, l’usage du 49.3 par le gouvernement - façon gâte-sauce - afin de faire accepter le projet de loi à l’Assemblée nationale à marche forcée, a donné une indigestion à une grande partie de l’opinion publique.
Ne s’estimant aucunement écoutée malgré une douzaine de journées de manifestations dans la rue, celle-ci semble particulièrement réceptive au slogan d’ATTAC : “Macron ne nous écoute pas ? Lundi à 20 heures, nous ne l’écouterons pas !”.
Après avoir eu une dent contre les drapeaux français et les ballons jaunes sur la voie publique, le pouvoir politique ne sous-estime donc aucunement les casseroles, cet ustensile disponible dans toutes les cuisines de France, très ludique, qui peut être frappé d’une cuillère en inox ou d’un fouet pour un effet plus stylé (le bois permet toutefois d’éviter d’abimer les poêles).
Ces dernières années, de l’Argentine à la Colombie en passant par le Chili, mais aussi au Québec, en Algérie, au Liban, de nombreuses contestations se sont ainsi développées par l’organisation de “casserolades”, dont l’Amérique latine est spécialiste (des applications ont même été mises au point pour les smartphones).
La France n’est pas en reste. Dès 1830, les casseroles sont utilisées contre Adolphe Thiers, accusé par une partie de la population d’avoir trahi les idéaux de la Révolution.
Modernité oblige, cette bruyante contestation est aujourd'hui accompagnée de plusieurs appel aux black out :
🔴A PARTAGER SANS MODÉRATION. IL FAUT QUE ÇA DEVIENNE VIRAL POUR AVOIR UN IMPACT🔴
— Cerveaux non disponibles (@CerveauxNon) April 17, 2023
Il va faire tout noir. Dans les Bouches du Rhône, la CGT Gardanne appelle à disjoncter les compteurs individuels ce soir. A reproduire sans modération partout où c'est possible. #20hBLACKOUT pic.twitter.com/ZUDcXtoXX9
Heureusement, un service de fact-checking s'est immédiatement pressé, devant ces "messages qui fleurissent" sur les réseaux sociaux de minorer les éventuels impacts d'une telle mobilisation.
De son côté, le chef d’État a déclaré à son entourage vouloir apaiser les Français,“redonner une cohérence d’ensemble à son action” et donner "un cap". Une recette dont ces derniers semblent s'être quelque peu lassés.
Selon un sondage Elabe, 90% des Français estiment que la prise de parole d'Emmanuel Macron ne va pas apaiser les tensions.
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