Mort de Jean Germain : les similitudes troublantes avec le suicide de Pierre Bérégovoy
Un élu socialiste récemment battu, un homme qui risquait le déshonneur judiciaire pour des affaires financières (d’une importance somme toute relative) et le suicide d’une balle dans la tête alors que rien ne le laissait présager. Cela ne vous rappelle rien? La mort, dans l’attente de la confirmation du très probable suicide, du sénateur PS et ex-maire de Tours Jean Germain rappelle fortement un acte similaire qui avait secoué la France le 1er mai 1993: le suicide de Pierre Bérégovoy, dont le corps fût retrouvé le long d’un canal à Nevers, ville dont il était le maire.
Celui qui avait quitté un mois avant sa mort son poste de Premier ministre qu’il avait occupé durant pratiquement un an traversait une période tumultueuse où il devait faire face à une double tempête, politique et judiciaire. Politique tout d’abord car Pierre Bérégovoy a été le dirigeant qui a mené, malgré lui, la majorité socialiste à une défaite historique aux législatives de 1993. Le PS et apparenté, jusque-là au pouvoir depuis 1988 retomba en effet à… 57 députés, dans une ambiance de fin de règne du second septennat de François Mitterrand. Bien que le désamour pour la gauche avait commencé bien avant l’arrivée de Pierre Bérégovoy aux commandes (il avait succédé à Edith Cresson restée 10 mois en poste), celui-ci en portant de fait la responsabilité. Mais la "goutte d’eau" fût sans doute "l’affaire Pelat" révélée le 1er février par le Canard Enchaîné. Celui-ci mit en lumière le prêt sans aucun intérêt d’un million de francs (environ 150.000 euros) dont bénéficia Pierre Bérégovoy en 1986 de la part de l’industriel Roger-Patrice Pelat, proche de François Mitterrand. Bien que le prêt ait été dûment enregistré, ses conditions très avantageuses, et sans autre raison apparente que la proximité entre l’homme politique et l’industriel, entamera durement l’image de celui qui s’était engagé à lutter contre la corruption et le conflit d’intérêt.
Une succession d’événements qui poussera Pierre Bérégovoy à subtiliser l’arme de l’un de ses gardes du corps pour commettre l’irréparable. Contrairement à Jean Germain cependant, l’ancien Premier ministre n’aurait laissé aucune lettre –officiellement– pour expliquer son geste. Le jour de sa sépulture, François Mitterrand déclarera: "toutes les explications du monde ne justifieront pas qu'on ait pu livrer aux chiens l'honneur d'un homme et finalement sa vie (…)" . Une allusion que l’on retrouve dans la bouche de Dominique Tricaud, l’avocat de Jean Germain, dans une interview au Parisien: "on l’a, comme d’autres avant, abandonné aux chiens".
(voir ci-dessous des images d'actualités de l'époque, rapportant l'hommage de François Mitterrand)
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