Mort de Nahel : suite à une deuxième nuit d'affrontements, Macron dénonce des "violences injustifiables" après avoir été aperçu... au concert d’Elton John

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France-Soir
Publié le 30 juin 2023 - 10:30
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F. Froger / Z9, pour France-Soir
Mercredi soir, le chef de l'État a été aperçu au concert d'Elton John.
F. Froger / Z9, pour France-Soir

ÉMEUTES - Après deux nuits de "violences insupportables" dans plusieurs villes du pays suite à la mort de Nahel, le président Emmanuel Macron a convoqué ce jeudi 29 juin une réunion de crise interministérielle. Au lendemain de sa déclaration depuis Marseille, où il a exprimé sa "solidarité" et son "affection" pour la famille de la victime en évoquant un geste "inexplicable" et "inexcusable", le chef de l’État a changé de ton et dénoncé des "scènes de violences injustifiables". L'annonce de la réunion de crise et les mesures attendues depuis la soirée de mercredi, déjà marquée par des affrontements intenses envers les forces de l'ordre, n'ont pas empêché le chef de l’Élysée de se rendre avant-hier à l’Accor Arena à Paris pour assister... au concert d’Elton John.

Nahel, un jeune homme de 17 ans, a été tué mardi à Nanterre par un policier qui a tiré à bout portant avec son arme, dans le cadre d'un délit de fuite. "À l’issue de sa garde à vue, le policier mis en cause pour avoir fait usage de son arme a été déféré devant deux magistrats instructeurs dans le cadre de l’ouverture d’une information judiciaire pour homicide volontaire", a détaillé le procureur lors d'une conférence de presse. Le policier a été placé en détention provisoire hier en fin de journée.

Selon les éléments recueillis par le parquet, dont le témoignage des agents de police et les images issues de la vidéo-surveillance, les policiers ont signalé mardi à 7h55 une Mercedes-AMG Classe jaune circulant à vive allure dans une voie de bus, "présentant un danger pour des piétons et cyclistes".

Les deux agents de la police ont essayé d'immobiliser le véhicule à l'aide de la sirène et d’instructions verbales à l'adresse du conducteur, mais le véhicule "a redémarré en grillant le feu rouge". Selon le procureur, le véhicule a été contraint de s'arrêter plus loin, bloqué par un embouteillage.

Les policiers, qui se sont positionnés à gauche du véhicule, ont sorti leurs armes et les ont pointées sur le conducteur en lui demandant de couper le contact. C’est au moment où le véhicule a redémarré qu'un des deux policiers a tiré une fois, touchant l’adolescent d'abord au bras gauche, puis au thorax. Le décès de Nahel a été constaté à 9h15.

Malgré les violences, Macron se rend au concert d'Elton John

Des vidéos du tir policier et du crash de la voiture dans du mobilier urbain ont largement circulé sur les réseaux sociaux. Des violences ont éclaté dès la soirée de mardi dans plusieurs villes de France, à commencer par Nanterre, Garges-lès-Gonesse, Issy-les-Moulineaux mais également Lille, Lyon ou encore Toulouse. Mercredi, le maire de Nanterre, Patrick Jarry (DVG), a appelé au calme et réclamé "la justice pour Nahel". "Notre ville se réveille choquée, abîmée, balafrée et inquiète par ce déferlement de violences", a-t-il déclaré. "Nous voulons la justice et nous l'aurons".

Le président a également réagi. Mercredi à Marseille, Emmanuel Macron a exprimé "l’émotion de la nation tout entière", sa "solidarité" et son "affection" avec la famille de la victime. "Un adolescent tué, c’est inexplicable et inexcusable. La justice a été saisie. Je souhaite qu’elle fasse son travail avec célérité et calme", a-t-il ajouté. À propos des violentes émeutes qui ont éclaté dans plusieurs villes, le chef de l’Élysée s’est contenté de souligner la nécessité d’avoir du "calme partout parce qu’on n’a pas besoin d’avoir de l’embrasement".

Il s’agit alors de la seule réaction à l’Élysée. Pourtant, le bilan de cette première nuit de violences urbaines est déjà alarmant : une quarantaine de voitures brûlées en France, des mairies, des écoles et des commissariats ont été attaqués ou incendiés dans plusieurs villes. 31 personnes ont été interpellées et 24 de membres des forces de l'ordre blessés. 350 policiers et gendarmes avaient été mobilisés dans le département des Hauts-de-Seine, essentiellement à Nanterre, sur un total 1200 autour de Paris. Pas de quoi mettre prématurément fin à la visite de trois jours de Macron à Marseille, ni même compromettre son programme de la soirée du mercredi ?

Sur Twitter, une vidéo du président, filmé à l’extérieur de l’Accor Arena à Paris, est largement partagée. Le locataire de l’Élysée était à Bercy où se déroulait le concert d'Elton John, son dernier en France lors de l'ultime tournée de sa carrière. Une présence aux côtés de Patrick Bruel ou encore Lenny Kravitz a été confirmée par des médias. "Pendant que la France brûle, Emmanuel Macron est au concert d’Elton John", dénoncent les internautes. "Le pays est à feu et à sang et lui se permet d'aller voir le concert", a déploré un citoyen interrogé par RMC.

40 000 policiers et gendarmes mobilisés ce jeudi soir

Une présence qui suscite l’indignation car les violences urbaines ont justement doublé d’intensité dans la nuit du mercredi à jeudi. Malgré la mobilisation de 2 000 policiers, rien qu’en Île-de-France, des témoins évoquent "des scènes de guerre" ou "d’apocalypse". Une "violence insupportable" contre "les symboles de l’État", dont les commissariats, les mairies ou encore les écoles. Gérard Darmanin a révélé que 150 personnes ont été interpellées, exprimant son soutien aux policiers et gendarmes, qui dénombrent 170 blessés, ainsi qu’aux sapeurs-pompiers.

Ce jeudi, le président Macron, qui a convoqué une réunion de crise interministérielle au ministère de l’Intérieur, a changé de ton. Il a dénoncé "des scènes de violences injustifiables", exprimant son souhait que "les prochaines heures" soient celles du "recueillement" et du "respect", à l’occasion d'une marche blanche prévue ce jeudi à Nanterre, en hommage à Nahel.

Gérald Darmanin, qui a écarté toute instauration d'un éventuel couvre-feu à l'échelle du pays comme réclamé par certaines personnalités, dont le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, a accusé des "organisations" d’être derrière les violences. Il a, en outre, annoncé avoir demandé la suspension administrative du policier en cause, déjà en garde à vue.

La présence des forces de l'ordre a été renforcée pour ce jeudi avec 40 000 policiers et gendarmes au niveau national, dont 5 000 en région parisienne, un nombre quatre fois plus important que celui de mercredi soir. Des services spécialisés tels le RAID, la BRI et le GIGN ont été mobilisés en réserve.

Cela n'a pas empêché la nuit dernière de voir se produire de nouveaux affrontements, avec un nouveau palier atteint quant à l'intensité des violences : pillages de plusieurs supermarchés, multiples incendies... Des violences qui touchent aussi des zones urbaines jusqu'alors non concernées par les émeutes.

Ce vendredi matin, après avoir qualifié "d'inexcusables" les nouvelles violence, la première Ministre Elisabeth Borne réunit plusieurs ministres pour évoquer à Matignon la situation, sous une extrême tension.

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Politique

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