Mort de Rémi Fraisse : révélations sur les conversations des gendarmes la nuit du drame

Auteur(s)
Pierre Plottu
Publié le 12 novembre 2014 - 17:00
Mis à jour le 13 novembre 2014 - 10:10
Image
Des messages de à la mémoire de Rémi Fraisse sur le site du barrage de Sivens.
Crédits
©Regis Duvignau/Reuters
Sur le site de Sivens, en mémoire à Rémi Fraisse, décédé le 26 octobre lors d'affrontements avec les gendarmes.
©Regis Duvignau/Reuters
"Il est décédé le mec, faut pas qu'ils sachent": c'est une des phrases prononcées par les gendarmes au cours de la nuit du dimanche 26 octobre qui a vu mourir Rémi Fraisse, jeune opposant au barrage de Sivens. "Le Monde" dévoile les enregistrements de ces conversations, elles prouvent que les forces de l'ordre ont compris immédiatement la gravité de la situation.

C'est une révélation embarrassante pour les autorités. Le Monde dévoile les conversations des gendarmes enregistrées lors des affrontements contre les manifestants opposés au barrage de Sivens, dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26 octobre. Des violences au cours desquelles Rémi Fraisse a été tué par une grenade offensive lancée par un des hommes du peloton chargé de défendre le chantier du barrage.

Les affrontements ont, comme le veut la procédure, été filmés par un gendarme et les voix des militaires qui tentaient alors de repousser les opposants sont parfaitement audibles.

Vers 1h40 du matin, un de ces hommes lance une grenade offensive vers un groupe de manifestants. L'un d'eux s'écroule. A 1h53, un gradé ordonne de stopper les lancés de lacrymogènes. "Stop pour les F4! Il est là-bas le mec. OK, pour l'instant, on le laisse", dit-il. Puis un autre: "C'est bon, il va se relever! Il va se relever, c'est bon!". Mais Rémi Fraisse, puisqu'il s'agit de lui, ne se relève pas.

Après sept minutes d'attente, à 2h du matin, un groupe fait une sortie pour aller secourir le jeune homme. "Il respire ou quoi?", demande le chef de peloton. L'infirmier de l'escadron prodigue alors les premiers gestes de secours au jeune homme inerte. Sans succès: le décès est déclaré à 2h03. "Il est décédé, le mec... Là, c'est vachement grave… Faut pas qu'ils le sachent...", s'écrie un gendarme.

Selon le service communication de la gendarmerie contacté par Le Monde, cette phrase désigne les manifestants. "Il fallait éviter que ceux qui agressaient les gendarmes ne redoublent d'ardeurs en apprenant la mort de Rémi Fraisse", affirme le porte-parole, qui récuse toute volonté de vouloir étouffer l'affaire et assure que ces mots ont étés prononcés dans le feu de l'action.

Quoi qu'il en soit, ces retranscriptions prouvent que les autorités ont immédiatement réalisé la gravité de la situation. La préfecture du Tarn avait pourtant annoncé le 26 octobre que les gendarmes avaient "découverts le corps d'un homme" dans la nuit, une formulation laissant croire que les autorités n'avaient pas eu immédiatement connaissance du drame. Ces enregistrements prouvent le contraire.

 

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Les dessins d'ARA

Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.