Mort pour la France
Edito : « Adieu monsieur le professeur, on ne vous oubliera jamais… Et tout au fond de notre cœur, ces mots sont écrits à la craie. Nous vous offrons ces quelques fleurs, pour dire combien on vous aimait. On ne vous oubliera jamais. Adieu monsieur le professeur. »
Entendue à plusieurs reprises, dimanche dernier, place de la République à Paris, en hommage au Professeur Samuel Paty, lâchement assassiné pour avoir modestement exercé son métier en France, cette chanson populaire, d’un artiste non pas moins populaire Hugues Aufray, illustre parfaitement la faillite morale de notre temps.
Même si je prends le risque à quarante ans passés, de d’ores et déjà passer pour un vieux con, il n’est pas inintéressant de se souvenir de ce que fut l’enseignement public de notre enfance et de notre adolescence. Un voyage dans le passé pas si lointain pour comprendre ce qu’il s’est passé sous nos yeux ou presque. Je parle ici, probablement, sûrement d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent malheureusement pas connaître. Un temps où nous n’étions pas tous faussement sages et disciplinés certes, mais un temps où les élèves et leurs parents, d’où qu’ils viennent, respectaient l’institution éducative et leurs représentants, avec leurs forces magnifiques et leurs innombrables défauts et faiblesses.
Ce monde s’est éteint. Laissant place à des hordes d’élèves, biberonnées aux réseaux sociaux, souvent irrespectueuses parfois belliqueuses envers leurs enseignants et soutenues par des parents eux-mêmes irrévérencieux vis-à-vis du corps professoral établi et dangereux pour notre pacte républicain. Et comble du comble, dangereux pour leurs propres enfants qu’ils disent vouloir protéger du système. Un système libre, laïque et gratuit…
Dérive de ce monde de dingues… A Conflans-Sainte-Honorine, notre Professeur a été exécuté suite à une véritable cabale organisée contre lui par des parents d'élèves l'accusant dans un établissement scolaire francilien, à quelques kilomètres de Paris, d'islamophobie… Une délirante « fatwa » comme on accusait il y a encore quelques mois d'apostasie ou de mécréance d’innocentes victimes sur les trottoirs de Raqqa, la « capitale » syrienne de l'organisation djihadiste État islamique de 2014 à 2017. Raqqa où ont été planifiés la plupart des attentats terroristes qui ont frappé l'Europe…
Dès lors, l’assassinat extrémiste et fanatique du professeur Samuel Paty, est une attaque prévisible et programmée contre une forteresse sacrée de notre République : l’école et ceux qui y consacrent leur vie. Pourquoi ? Parce qu’avant le fascisme des fous de Dieu, il y a la faillite morale de notre société consumériste, la démission patentée des parents et la bêtise générationnelle des apprenants. Il y aussi la compromission des apprentis sorciers de la vie politique, les doubles discours dangereux des éditorialistes bienséants, l’hypocrisie des intellectuels quoi qu’il arrive bienpensants... Mais je n’oublie pas non plus notre lâcheté collective et nos paresses individuelles. Je n’échappe pas à ce constat. Je ne me dédouane de rien. Je m’en veux d’avoir moi aussi renoncé. Nous sommes tous responsables ! Certains appellent cela depuis quelques heures déjà le fascisme des braves gens… Je le leur concède malgré moi aisément.
L’absence de prise de conscience est mortifère pour l’école. Notre peur est liberticide. Notre lâcheté devient suicidaire. Le courage et le sursaut sont nos seules réponses. Pas pour nous. Mais pour nos enfants et plus largement pour les générations futures. Celles à qui il appartiendra de faire vivre et survivre nos valeurs de « Liberté » d’ « Egalité » et de « Fraternité ». Des valeurs françaises qui éclairent le monde moderne depuis des siècles et qui font notre fierté collective d’être français.
C’est avec cet idéal, chevillé à l’âme, au cœur et au corps que le Professeur Samuel Paty souhaitait vivre avec ses élèves. C’est pour cet idéal que le Professeur Samuel Paty est tombé un après-midi d’automne dans une grande démocratie. C’est dans cet idéal que le Professeur Samuel Paty est mort pour la France. Plus que des hommages nous vous devons du courage.
« Adieu monsieur le professeur, on ne vous oubliera jamais… »
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