Nouveau gouvernement Macron : quand la nouvelle ministre de la Santé Agnès Buzyn justifiait les conflits d'intérêts entre médecins experts et laboratoires pharmaceutiques
PIQURE DE RAPPEL - "Il faut expliquer que vouloir des experts sans aucun lien avec l’industrie pharmaceutique pose la question de la compétence des experts". Ces mots ne sont pas ceux de l'un ou l'autre des grands patrons d'un laboratoire spécialisé dans le médicament mais d'Agnès Buzyn, la nouvelle ministre de la Santé nommée ce mercredi 17 par Edouard Philippe et Emmanuel Macron. Elle était alors présidente de l’Institut national du cancer (INCA), comme le rappel Mediapart, qui consacrait un long article sur le sujet début 2016.
Cette éminente professeure en médecine spécialisée en hématologie, immunologie des tumeurs et en transplantation, est une sommité de son domaine, ce qui lui a valu de grimper les échelons jusqu'à se voir confier, en mars 2016, la tête de la Haute-Autorité de Santé (HAS). A l'époque déjà cette nomination suscitait des remous dans le milieu médical, où d'aucuns appréhendaient la montée en grade de celle qui jugeait l'obligation de déclarer des liens d'intérêts avec l'industrie pharmaceutique notamment "handicapante".
Irène Frachon, lanceuses d'alerte à l'origine de la révélation du scandale du Mediator, disait alors au site son inquiétude. "La solution n’est pas, comme l’affirme Agnès Buzyn, de passer outre ces liens d’intérêt. L’affaire du Mediator le démontre de façon tragique: des experts indiscutablement +compétents+ sont restés solidaires d’un industriel lourdement criminel, en minimisant notamment les dégâts de ce poison. Il faut donc se doter d’une expertise vraiment indépendante", jugeait-elle alors à l'unisson des associations luttant contre ces conflits d'intérêts, comme la Formindep (Association pour une formation et une information médicales indépendantes).
Des doutes qui ont touché jusqu'à la présidente PS de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale Catherine Lemorton, qui s'était sentie obligée de rappeler lors de l'audition d'une Agnès Buzyn alors candidate à la présidence de la HAS que celle-ci doit être et rester une agence "indépendante".
Premier couac du gouvernement Macron, polémique infondée ou risque calculé? Il y a fort à parier que la principale intéressée sera questionnée à ce sujet dans les prochains jours -ainsi que ses "patrons", le président et le Premier ministre.
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