Bayrou face aux députés : une homélie pour quoi faire ?

Auteur(s)
Marcel Monin pour France-Soir
Publié le 16 janvier 2025 - 13:24
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Bayrou
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Guay / AFP
Guay / AFP

La déclaration de politique générale de François Bayrou passe en revue l’état d'à peu près tous les secteurs de la vie des citoyens. Discours, ponctué de formules faisant penser aux homélies des bons pères, au cours duquel chaque strate ou chaque catégorie de citoyens, les jeunes, les vieux, les femmes, les riches comme les pauvres compris,… chaque groupe politique, a pu entendre ce qu’il avait envie ou besoin d’entendre.  

Si l’on sort des commentaires de la plupart des journalistes sur le ton et la forme, cette déclaration s’analyse dans les faits, en une critique (indirecte) très profonde de l’état de la société française.  Situation qui résulte mécaniquement de choix politiques précis et de leur mise en œuvre, notamment par E. Macron depuis 7 ans. Et avant lui, par des politiciens de tous bords dont certains, font aujourd’hui partie dans une sorte de méli-mélo… du gouvernement Bayrou.  

Choix politiques qui empêchent en réalité que les intentions manifestées dans l’homélie servant de déclaration de politique générale, connaissent le moindre commencement d’exécution. 

Puisque F. Bayrou s’est abstenu de traiter du mécanisme de création de la dette. Et de le mettre en cause. Dette qui est contractée auprès des banques privées et des marchés financiers, qui imposent à l’Etat ce qu’il doit faire. Ce qui ne serait pas le cas si l’on autorisait l’Etat à emprunter à sa banque centrale (c’est à dire à lui, et selon ses propres conditions).  

Puisque F. Bayrou s’est abstenu de traiter de l’actuel système politico-économique « européen ». Et de le mettre en question. Système de gouvernement des choses et des êtres sui generis, auquel des politiciens français ont décidé un jour (spécialement en 1992 avec Maastricht) d’abandonner les prérogatives jusque-là exercées par le peuple ou par les représentants de ce dernier. Et que leurs successeurs (E. Macron parmi les plus actifs) n’ont eu de cesse de faire prospérer. Système européen, qui impose, entre autres, d’assurer la liberté d’action aux financiers et aux industriels.  Et qui impose aux autorités gouvernementales nationales qu’elles soumettent - sauf exceptions- à la loi du marché ce qui était jadis des « services publics » (quand ces activités sont susceptibles de rapporter des dividendes). 

Les hôpitaux comme les universités étant depuis longtemps soumis à diverses règles qui montrent que la santé et l’enseignement prennent ce même chemin.  

Puisque les « Socialistes » et les « Républicains » aux affaires sont d’accord avec les principes de Maastricht / Lisbonne, puisque la chef du groupe RN s’est convertie aux mêmes dogmes, le gouvernement Bayrou (qui a eu la prudence de ne pas demander de vote sur la déclaration de politique générale) ne sera vraisemblablement pas censuré faute de majorité suffisante pour le renverser (il faudrait pour ce faire, la majorité des députés « composant » l’assemblée). 

Mais, si l’on peut risquer une prévision, ce gouvernement ne « tiendra » pas longtemps.   Car le régime des partis s’est ré installé (grâce à E. Macron qui s’est maintenu en étant désavoué) avec l’instabilité des titulaires des postes ministériels qui, notamment, en caractérise le fonctionnement.  Et que ce régime des partis sera même institutionnalisé et conforté avec la mise en place du scrutin proportionnel promis par F. Bayrou (1). 

Heureusement que la météo permettra de fournir aux journalistes un sujet de dissertation... quand F. Bayrou et ses déclarations n’intéresseront plus. 

Marcel-M. MONIN 

Ancien maître de conférence des universités.

 

(1) sur les effets des modes de scrutin, v. notre : « Textes et documents constitutionnels. Analyses et commentaires. » Dalloz-Armand Colin) 

 

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