Pas de vacances pour Monsieur Hulot
Les protecteurs de la nature attendent beaucoup de la nomination de Nicolas Hulot au ministère de la Transition écologique. Et tout d’abord des actes et non pas les sempiternels discours qui restent sans suite.
Parmi ce qui est le plus attendu, ce sont de véritables décisions et actions concernant la biodiversité, parent pauvre depuis des années des ministres de l’écologie qui se sont succédé. Bien sûr, personne ne peut nier les efforts et les multiples tentatives de Barbara Pompili, laborieuse secrétaire d’Etat à la biodiversité du gouvernement précédent. Mais qui aura vu la plupart de ses initiatives recalées par Ségolène Royal qui dirigeait de main de fer un ministère de l’Environnement bien peu productif, et tout ouvert aux lobbies, notamment ceux de l’agriculture et de la chasse. Plus intéressée par la vitrine que lui offrait ce ministère à l’international que par les indispensables actions visant à stopper, ou au moins à freiner, l’inexorable érosion de la biodiversité.
De fait, les urgences sont partout. Et Nicolas Hulot devra se positionner très rapidement sur les réintroductions d’ours dans les Pyrénées-Atlantiques qui risquent de voir le plantigrade disparaître si les ours mâles ne peuvent y croiser de femelles. Cela fait des années que les protecteurs de la nature et les scientifiques alertent sur cet indispensable renforcement de population, jusque-là bloqué par le notable local qui aura connu son heure de gloire lors des dernières élections présidentielles: Jean Lassale. Anti-ours notoire, il aura depuis près de trente ans fait capoter tous les projets de sauvetage de la population occidentale d’ours. Cela avec plus de talent de réussite que son aventure présidentielle…
Il va de soi qu’aujourd’hui, si des ourses ne sont pas accueillies rapidement dans les montagnes béarnaises, il en sera fini de tout espoir. Faut-il rappeler que plus de 80% des Pyrénéens sont favorables à l’ours, contrairement à ce que tentent de faire croire les coups de force de la poignée d’anti-ours, soutenue par quelques notables locaux et par un manque de courage de la part des nos derniers ministres de l’Ecologie. Nicolas Hulot doit donner un signe fort de la volonté de sauver cette population d’ours menacée à très courte échéance.
Autre urgence pour notre ministre de la Transition écologique: relever le défi du loup (lire ici l'appel de Pierre Athanase et de 31 personnalités pour mettre fin au massacre des loups). Ce dossier a été laissé dans un état catastrophique par Ségolène Royal, ex-ministre de l’Environnement, Stéphane Le Foll, ex-ministre de l’Agriculture, mais aussi par Christophe Castaner qui s’est fait le porte-parole des anti-loups alors qu’il présidait le Comité National Loup. Le voila aujourd’hui porte-parole de ce gouvernement… Ces dernières années, les pouvoirs publics ont autorisé et encouragé le tir des loups dans un simulacre de plan loup qui s’est avéré un échec total, tant du point de vu écologique qu’économique.
Chaque année le nombre de loups inscrits à ce qui est devenu un "plan de chasse" n’a cessé d’augmenter, passant de 24 à 36 animaux. Puis à 38 cette année. Dans les faits, cette année, ce sont 50 spécimens qui ont été tués, soit légalement, soit par braconnage ou "accidents". De fait, la population de loups baisse depuis trois ans de façon inquiétante. Pourtant, le chiffre des dégâts ne cesse lui d’augmenter! Montrant là non seulement l’inefficacité des tueries de loups, mais également la très grande lacune de la filière ovine qui ne protège toujours pas suffisamment, voir localement pas du tout, les troupeaux de moutons, et se voyant pourtant très largement indemnisée lors des attaques de loups. Mais aussi attaques de chiens divagants… Jamais le montant des dégâts n’aura été aussi élevé alors que le nombre de loups chute.
Il y a vraiment quelque chose de pourri au royaume des alpages et des subventions agricoles… L’arrêté de la précédente ministre prenant fin prochainement, il va de soit que les protecteurs de la nature attendent qu'un terme soit mis à cette gabegie écologique et économique. Le retour du loup est une chance non seulement pour les équilibres naturels mais également pour l’économie des territoires de montagnes, que se soit par l’écotourisme ou par la sylviculture, dont le loup est un auxiliaire important pour limiter les dégâts des herbivores sauvages. Nous attendons qu’il n’y ait plus d’autorisation de tirs de loup, qui rappelons-le, est une espèce protégée, et que seuls les troupeaux qui font réellement l’objet de mesures de protection, se voient indemniser en cas d’attaques de loups. C’est ce que font tous les autres pays européens (Allemagne, Italie, Espagne…) avec des populations de loups bien plus importantes que les nôtres, et pourtant sans que les éleveurs de chèvres ou de moutons ne soient en crise. Il est temps de mettre un terme à cette spécificité française.
Nicolas Hulot devra également s’atteler aux risques qui planent au dessus du lynx. Déjà la population de lynx des Vosges a disparu il y a quelques années suite au braconnage. Et celle du Jura est très menacée pour les mêmes raisons.
Moins menacé, mais pourtant injustement exterminé, le renard est lui aussi ciblé. Il est donc temps de faire quelque chose de bien plus efficace et bien moins dangereux que les tonnes de poisons épandus dans les prairies. Idem pour les belettes, les putois ou les martres. En fait, il est temps que nous rentrions enfin dans le XXIe siècle. Nicolas Hulot sera-t-il l’artisan de ce changement de paradigme? Nous le souhaitons, mais nous lui prédisons pourtant un chemin semé d’embûches. Déjà la toute puissante fédération nationale des chasseurs hurle au scandale suite à sa nomination au ministère de la Transition écologique.
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