Pour François Braun, la réintégration des soignants suspendus pose “un problème d’éthique”
Le ministre de la Santé, François Braun, a réagi dimanche à la question de la réintégration des soignants suspendus, car non vaccinés contre la Covid-19. Quelques jours après un houleux débat en commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale, où une députée de La France insoumise (LFI) a déposé une proposition de loi pour les réintégrer, le premier responsable du secteur sanitaire a affirmé que sa décision sera prise durant les prochains mois.
Invité dimanche de l’émission Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, François Braun a expliqué que sa décision sera alimentée par les avis de la Haute Autorité de santé et du Conseil national d'éthique. Il a notamment souligné que sa décision est confrontée à deux problèmes, “l’un de sécurité sanitaire” et l’autre liée à “éthique professionnelle”.
Une problématique “sanitaire” et “éthique”
Lors de son intervention, le ministre de la Santé a d’abord justifié le maintien de la suspension de ces soignants par la raison sanitaire, à savoir la “protection des plus fragiles". "Accepte-t-on que des gens qui ne sont pas suffisamment protégés soient à proximité des gens les plus fragiles”, s’est-il interrogé, faisant valoir qu’en France, “on meurt encore du Covid, tous les jours”.
Pour François Braun, la réintégration de ces médecins soignants pose aussi un “problème d’éthique professionnelle”, y compris chez les soignants qui ont accepté de se faire vacciner. “Ce problème m’est revenu de la part des soignants qui se sont vaccinés, a-t-il affirmé. Ils me disent : nous, on s’est fait vacciner, on a fait le job, on a tenu la ligne et là, vous nous dites que ceux qui n’étaient pas là pour nous aider vont revenir".
Le membre du gouvernement n’écarte pas de réviser sa décision sur cette question. Il a souligné avoir saisi la Haute Autorité de santé ainsi que le Conseil national d’éthique. Il communiquera ainsi sa décision après leurs avis, attendus au début de l'année 2023.
“Leur retour ne réglera pas les problèmes de l’hôpital”
Mais François Braun a relativisé un éventuel retour des soignants suspendus, estimant que “les problèmes de l’hôpital ne seront pas résolus” pour autant.
Il justifie notamment sa décision par des chiffres : interrogé sur le nombre de personnes concernées par cette mesure, cela fait plus d’un an, il a fait état de “très peu de médecins” et de “1 050 infirmiers sur les 300 000”, se référant au Conseil de l’Ordre des infirmiers.
Lors de l’entrée en vigueur de cette suspension, cela fait plus d’un an, le ministère de la Santé annonçait que 15 000 soignants et autres professionnels concernés étaient non vaccinés et de ce fait suspendus. Un nombre qui “baissait”, selon l’ex-ministre de la Santé, Olivier Véran, actuel porte-parole du gouvernement.
Mercredi dernier, des députés La France insoumise (LFI) ont déposé une proposition de loi pour réintégrer les personnels suspendus en contrepartie d'“un protocole sanitaire renforcé” dans l'attente de l'étape obligatoire d'un avis favorable de la Haute Autorité de santé sur la levée de l'obligation vaccinale en milieu médico-hospitalier, en vertu de la loi du 30 juillet 2022 mettant fin aux régimes d'exception créés pour lutter contre l'épidémie liée à la Covid-19.
Dans la foulée, les sénatrices LR Sylviane Noël et Laurence Muller-Bronn, ont adressé mercredi 16 novembre au ministre de la Santé, une lettre au vitriol, cosignée par d’autres sénateurs pour fustiger "l'obstination coupable" du gouvernement alors que l'hôpital est à "l'agonie", rappelant que le vaccin anti-Covid n'avait aucune efficacité aussi bien sur la transmission que la contamination.
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