Pourquoi le Parlement européen réclame 340.000 euros à Marine Le Pen ?
En pleine campagne présidentielle, Marine Le Pen est rattrapée par une affaire qui n'est pas sans rappeler le "Penelope Gate". Des soupçons d'emplois fictifs pèsent en effet sur la présidente du Front national à laquelle le Parlement européen réclame près de 340.000 euros.
Marine Le Pen a jusqu'à ce mardi 31 au soir pour rembourser 296.497,87 euros, et devra ensuite donner 41.554 euros au Parlement européen avant le 28 février. Mais pourquoi? Quels sont donc les assistants parlementaires concernés par ces soupçons d'emplois fictifs? Et surtout, que risque la candidate FN à l'élection présidentielle si elle ne se soumet pas à la demande du Parlement européen?
La somme approchant les 297.000 euros concerne le poste d'assistante parlementaire, accréditée au Parlement européen entre le 3 décembre 2010 et le 15 février 2016, de Catherine Griset, ex-belle sœur de Marine Le Pen. Mais l'OLAF (l'Office européen de lutte anti-fraude) a constaté, au cours de son enquête, que Mme Griset n'avait pas beaucoup mis les pieds à Bruxelles, ville indiquée comme lieu de travail sur son contrat. Les 41.500 euros et quelques sont eux à rembourser suite à un détournement de fonds duquel Marine Le Pen se serait servie pour rétribuer Thierry Légier, son garde du corps durant trois mois, en 2011.
Quels sont les fonds détournés? Klaus Welle, plus haut fonctionnaire du Parlement européen, a expliqué que Mme Le Pen a utilisé des ressources européennes uniquement employées, d'ordinaire, pour les députés européens pour payer Catherine Griset et Thierry Légier.
Marine Le Pen, qui dénonce une "machination politique" refuse payer. Pourtant, elle risque gros si elle ne le fait pas car le Parlement européen pourrait la sanctionner financièrement, en prélevant directement à la source l'argent qu'il réclame. Ainsi, son indemnité parlementaire pourrait être divisée par deux (elle est initialement de 6.200 euros), ses frais généraux entièrement ponctionnés et son indemnité de séjour également diminuée de moitié. Il ne lui resterait ainsi "que" 3.000 euros par mois. A noter qu'elle assure ne percevoir "aucune rémunération du Front national", comme l'a expliqué son avocat Me Marcel Ceccalci, qui a porté plainte contre l'Olaf et Klaus Welle pour "faux et complicité de faux".
La famille Le Pen était déjà dans le collimateur du Parlement européen l'année dernière. C'était Jean-Marie Le Pen qui était visé pour une affaire d'emplois fictifs également. Il devait rembourser 320.000 euros pour des salaires versés à 20 assistants parlementaires. Mais Jean-Marie Le Pen était particulièrement visé pour le poste de Jean-François Jalkh (entre 2009 et 2014), aujourd'hui vice-président du FN et député européen.
Comme sa fille, le président d'honneur du FN avait refusé de payer. A partir du 1er 2016, le Parlement européen avait alors prélevé la somme demandée sur sa rémunération, son indemnité de séjour et supprimé totalement ses frais généraux. Exactement les sanctions pécuniaires dont est aujourd'hui menacée Marine Le Pen.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.