Présidentielle : Macron "assume" ses attaques contre les non vaccinés, Le Pen le qualifie de "pyromane"
AFP - Emmanuel Macron assume "totalement" ses propos choc sur les non-vaccinés, a insisté vendredi le président sortant et quasi candidat, que la candidate RN Marine Le Pen accuse d'être un "pyromane", alors qu'Eric Zemmour bat la campagne dans la France rurale.
"On peut s'émouvoir sur des formes d'expression qui paraissent familières que j'assume totalement", a déclaré M. Macron, donnant de nouveau le tempo de la journée trois jours après avoir déclaré au Parisien vouloir "emmerder" ceux qui refusent de se faire vacciner contre le Covid-19.
"La vraie fracture du pays est là, quand certains font de leur liberté, qui devient une irresponsabilité, un slogan", a-t-il exposé lors d'une conférence de presse à l'Elysée. "Il était de ma responsabilité de sonner un peu l'alarme, a-t-il estimé au moment où la moyenne quotidienne des nouvelles contaminations sur les sept derniers jours dépasse les 200.000.
- Anti-pass mobilisés samedi -
Cette nouvelle sortie présidentielle sur les cinq millions de non-vaccinés intervient la veille de manifestations nationales des anti-pass. Les autorités anticipent un rebond de la mobilisation.
Les propos polémiques du président mardi avait déclenché une tempête politique et accru les tensions à l'Assemblée nationale pour l'examen du projet de loi transformant le pass sanitaire en pass vaccinal. Adopté dans la douleur, il arrivera lundi en commission au Sénat.
Mais cet épisode lui a également permis, selon la majorité, de dire tout haut ce que nombre de Français pensent tout bas, et de pousser dans leurs retranchements les oppositions, droite et extrême droite en tête, en les obligeant à clarifier leur positionnement vis-à-vis des non-vaccinés et du pass vaccinal.
A Béziers (Hérault), la ville de Robert Ménard qui vient de lui accorder son parrainage, Marine Le Pen a de nouveau tiré à boulets rouges sur Emmanuel Macron, qualifié de "pyromane" alors que "c'est dans l'unité du pays qu'on résout les crises (…) et pas dans la division".
"Est-ce qu'Emmanuel Macron se sert de la crise sanitaire pour entrer en campagne ? La réponse est oui. Est-ce que c’est utile ? La réponse est non. Est-ce que c'est efficace ? La réponse est non", a-t-elle martelé.
- "Voler" la présidentielle -
L'autre candidat d'extrême droite, Eric Zemmour, était lui en Eure-et-Loir, un retour sur le terrain également après la trêve des fêtes, qui lui permet notamment de rechercher des parrainages auprès d'élus locaux.
Il a conclu sa journée par un meeting à Châteaudun, devant 1.200 personnes, selon le décompte de son entourage. "Nos élites politiques ont négligé ces territoires. Vous n'étiez pas aussi branchés, aussi sympathiques que les habitants des banlieues", a ironisé M. Zemmour lors de cette réunion publique.
Tout au long de la journée, il a enchaîné les clins d'oeil appuyés à la "France périphérique" rurale des "oubliés", chère à sa concurrente Marine Le Pen
Questionné plus tôt sur les propos d'Emmanuel Macron, il l'a accusé de vouloir "voler cette élection aux Français. Il veut dériver la campagne sur le Covid pour qu’on ne parle pas de cette question essentielle et vitale de l’identité de la France", a-t-il répété.
A gauche, Jean-Luc Mélenchon a vertement dénoncé les arguments d'Emmanuel Macron. Pour le candidat LFI, "les devoirs avant les droits, c'est la monarchie féodale et ses sujets. Le respect des droits créant le devoir, c'est la République et la citoyenneté".
La quasi-candidate Christiane Taubira et son rival écologiste Yannick Jadot ont eux concentré leurs attaques sur la gestion de l'école, où des parents d'élèves et enseignants se débattent avec le protocole sanitaire et les tests anti-Covid, la première dénonçant les "défaillances" et le second qualifiant le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer de "boulet".
Pour prendre la main sur le tempo de la campagne, la candidate LR Valérie Pécresse avait elle, jeudi en Provence, affirmé vouloir "ressortir le Kärcher" pour lutter contre l'insécurité, à l'instar du ministre de l'Intérieur pas encore président Nicolas Sarkozy en 2005.
La réponse d'Emmanuel Macron viendra lundi: il sera à Nice sur ce même thème de la sécurité, posant la première pierre du futur Hôtel de police.
Deux nouveaux sondages vendredi donnent, dans le même ordre, Emmanuel Macron largement en tête du premier tour, avec 25% (BVA pour RTL et Orange) ou 26% (Ipsos Sopra-Steria pour franceinfo et Le Parisien) devant un trio composé de Marine Le Pen (17%), Valérie Pécresse (16%) et Eric Zemmour (12%).
La gauche, elle, fragmentée entre cinq candidats (Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Fabien Roussel et Arnaud Montebourg), reste dans de basses eaux sondagières, et suspendue à l'annonce d'une possible candidature de l'ancienne garde des Sceaux Christiane Taubira, attendue la semaine prochaine.
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