Présidentielle : Zemmour candidat pour "sauver" la France
AFP - Pour que les Français "se sentent de nouveau chez eux", le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour a officialisé mardi sa candidature à la présidentielle dans une vidéo au ton dramatique, à l'issue d'une précampagne agitée, conclue par de premiers ressacs dans les sondages.
"J'ai décidé de me présenter à l'élection présidentielle", a-t-il annoncé, en lisant un texte derrière un micro d'époque, mimant le parallèle avec l'appel du général de Gaulle du 18 juin 1940.
Rythmée par le 2e mouvement de la 7e symphonie de Beethoven, la vidéo aux accents nostalgiques, enregistrée il y a deux semaines, mêle scènes de violences en France, archives du "pays de Notre-Dame-de-Paris et des clochers", du Concorde, de l'Arc de Triomphe ou extraits de films.
Le distributeur de cinéma Gaumont et plusieurs médias ont aussitôt dénoncé l'utilisation d'images sans leur accord. Ils réclament le retrait des extraits, voire envisagent de possibles poursuites, quand le camp Zemmour invoque le "droit de courte citation".
Installé devant une bibliothèque, l'ancien éditorialiste de CNews et du Figaro s'adresse aux Français, "exilés de l'intérieur", ceux qui "se sentent étrangers" dans leur "propre pays".
Condamné à deux reprises par le passé pour provocation à la haine raciale, il se présente pour "sauver" la France "en train de disparaître" et "pour que nos filles ne soient pas voilées et que nos fils ne soient pas soumis" .
A quatre mois et demi de la présidentielle, le polémiste de 63 ans renvoie dos-à-dos les "bien-pensants, les élites", universitaires, journalistes, syndicalistes, ainsi que les "islamo-gauchistes" et les tenants de "la théorie du genre".
Au même moment le président Emmanuel Macron rendait hommage à "l'universalisme" de Joséphine Baker, qui fait son entrée au Panthéon mardi.
- "Apocalyptique" -
Lors des questions au gouvernement à l'Assemblée, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a dénoncé la "vidéo absolument ignoble" de M. Zemmour.
Après cette annonce, qui doit être suivie d'une interview au 20H de TF1 -cette fois en direct-, le nouveau candidat tiendra son premier meeting de campagne dimanche au Zénith de Paris. La CGT, Solidaires et des militants antifascistes ont déjà promis de manifester pour faire "taire Zemmour".
Son discours est "lugubre", juge Sébastien Chenu, au RN, embarrassé par cette candidature concurrente de celle de Marine Le Pen à l'extrême droite. Le maire de Béziers Robert Ménard, soutien de Mme Le Pen, a déploré un message "trop apocalyptique".
Gauche et droite ont reproché à Eric Zemmour la "sinistre mise en scène" (Olivier Faure, PS) d'un candidat qui veut "fracturer" la France (Damien Abad, LR)
Le polémiste sort d'une visite chahutée à Marseille conclue samedi par un échange de doigts d'honneur avec une passante. Un geste "fort inélégant", avait convenu Eric Zemmour.
Il se déclare au moment où les sondages se tassent autour de 13% d'intentions de vote au premier tour, derrière le président sortant Emmanuel Macron (23-24%) et Marine Le Pen (19-20%).
Et dans une période agitée pour son camp, où certains critiquent un déficit d'organisation ou l'omniprésence de sa conseillère Sarah Knafo.
- "Identité" -
L'auteur du "Suicide français" veut parasiter le processus d'investiture des LR qui départagent de mercredi à samedi leurs cinq prétendants, après un dernier débat mardi soir.
Les partisans de Zemmour se targuent d'avoir déjà pesé sur les thématiques de la campagne, particulièrement sur la lutte contre l'immigration et l'islam, une "civilisation" qu'il juge "incompatible avec les principes de la France".
Sa proposition la plus controversée vise à interdire de porter un premier prénom d'origine étrangère.
Adepte de la théorie complotiste du "grand remplacement" de la population européenne par des immigrés non européens, il a lancé un nouveau site mardi avec ses cinq priorités: "identité", "instruction", "impôts", "industrie", "indépendance".
Les polémiques se sont multipliées durant sa pré-campagne. Notamment quand Eric Zemmour a pointé un fusil vers des journalistes ou s'est rendu devant le Bataclan, le jour de commémoration du 13-Novembre, pour accuser l'ancien président François Hollande de n'avoir "pas protégé les Français".
A l'extrême droite Marine Le Pen déplore qu'il "disperse des voix utiles au redressement du pays". "Il n'apporte rien", dit-elle.
Le plus dur commence avec la récolte des 500 parrainages d'élus nécessaires à une telle candidature. Son camp assure s'appuyer sur 250 à 300 promesses de parrainages.
Il lui faudra aussi récolter des dons pour sa campagne, alors qu'il a déjà perdu le soutien du financier Charles Gave, qui lui a prêté 300.000 euros.
Le polémiste est en outre accusé d'agressions sexuelles selon plusieurs témoignages de femmes recueillis par Mediapart. Mais aucune plainte n'a été annoncée contre lui.
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