Les procurations plutôt que l'inscription sur les listes électorales : le gouvernement privatise-t-il la démocratie ?
« La démocratie n'appartient pas à la majorité présidentielle ! » : le sénateur Alain Houpert (LR) s'est fendu d'un communiqué attaquant le président sortant, candidat non-officiel, et son parti. Il y souligne les différents manquements du gouvernement en dénonçant notamment « une organisation industrielle des procurations ». Un manque de zèle pour favoriser l'inscription sur les listes électorales qui a été dénoncé aussi par la députée (LFI) Mathilde Panot.
La démocratie appartient-elle à la majorité ? Alors que le @gouvernementFR oublie la traditionnelle campagne pour l’inscription sur les listes électorales, @enmarchefr met en place une plateforme industrialisée de procuration à destination de ses adhérents. pic.twitter.com/KiR6fIjndf
— Alain Houpert (@alainhoupert) February 21, 2022
Détournement d'attention et manque d'informations
Emmanuel Macron se fait désirer depuis plusieurs semaines déjà, retardant toujours plus l'annonce officielle de sa candidature. Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale et député MoDem, assurait hier au micro de France Inter qu'« au cœur de la plus grave crise internationale depuis la deuxième guerre mondiale », faisant référence à la confrontation Russie-Ukraine, ce n'était pas le bon moment pour annoncer sa candidature.
De fait, les âpres négociations diplomatiques qui ont lieu autour de la situation ukrainienne font de l'ombre au sujet de l'élection, pourtant imminente. Sachant que, le 4 mars à 18 h, les candidats devront avoir présenté leurs 500 parrainages au Conseil constitutionnel, pour que les votes aient ensuite lieu les 10 et 24 avril prochains, Alain Houpert a tenu à rediriger l'attention sur la campagne. Une mission habituellement assurée par le gouvernement lui-même, qui se charge de présenter et d'expliquer à tous les Français le déroulement de l'élection à venir (inscription sur les listes électorales, modalités liées à la procuration, etc.)
Voir aussi : "On a défendu les libertés" face à "un gouvernement de technocrates" Alain Houpert
Cette année, à défaut d'avoir pris le temps de parler à tous les Français, La République en Marche s'est tout de même permis d'encourager ses soutiens, plus discrètement.
Une campagne d'e-mailing "En Marche"
Sur Twitter, Alain Houpert publie un communiqué signé par « l'équipe de la Majorité présidentielle », destiné à une certaine Aurélie. Brièvement, il y est expliqué comment voter par procuration en cas d'absence lors des votes, ou bien comment aider un absent à voter en portant sa voix.
Le sénateur dénonce clairement une « organisation industrielle des procurations, limitant l'information essentielle à ses seuls adhérents. » Le gouvernement ne jouant pas franc-jeu, l'élu doute quant à « la volonté de l'exécutif de garantir la sécurité et la représentativité démocratique des prochaines élections. »
À l'Assemblée nationale, la semaine dernière, la députée LFI Mathilde Panot s'était aussi attaquée à l'exécutif à ce sujet :
Inscription sur les listes électorales: @MathildePanot attaque le "manque de communication" de l'exécutif.
— LCP (@LCP) February 15, 2022
"Le cauchemar d'@EmmanuelMacron a un nom, la démocratie. Dans l'urne, la voix d'un gaulois réfractaire pèse autant que celle d'un de ses amis milliardaires." #DirectAN #QAG pic.twitter.com/zHIMrc4QHQ
Jean Castex lui avait répondu en affichant « une réelle préoccupation » à laquelle le gouvernement « s'attaque de façon énergique », rappelant que les Français peuvent encore s'inscrire jusqu'au 4 mars, avec un site dédié : elections.interieur.gouv.fr. Le Premier ministre avait aussi mentionné la facilitation des procurations (maprocuration.gouv.fr), et le projet de lancement d'une grande campagne d'inscription le 25 février - soit une semaine avant la date butoir.
"6% de nos concitoyens ne sont pas inscrits sur les listes électorales et c'est une réelle préoccupation." @JeanCASTEX assure que le gouvernement "s'attaque de façon énergétique" à cette problématique avec la création d'un site dédié. #Présidentielle2022 #DirectAN #QAG pic.twitter.com/cXFXwVkTJb
— LCP (@LCP) February 15, 2022
Un contexte de désintérêt politique croissant
En 2017, lors du premier tour, Emmanuel Macron avait obtenu 8 600 000 voix, soit 18 % des inscrits (24% des suffrages exprimés). 12 % des Français majeurs n'étaient pas inscrits sur les listes électorales, et 22 % des inscrits s'étaient abstenus.
Plus tard, lors des élections régionales de juillet 2021, le taux d'abstention battait des records et marquait le désintérêt croissant des Français pour la vie politique. Alain Houpert note à ce sujet « le rejet de la politique violente menée depuis cinq ans, exprimé dans les résultats anecdotiques de LREM lors des élections municipales et régionales. »
Soulignant par ailleurs les pressions exercées sur les élus locaux pour « orchestrer la pénurie de parrainages », il « appelle tous les Français à vérifier avant le 4 mars leurs inscriptions sur les listes électorales », afin de contrer une « campagne électorale défaillante. » « Ne nous laissons pas voler cette élection et l'avenir de notre pays ! », conclut-il.
Voir aussi : Élection présidentielle et signatures : les "candidats hors système" en difficulté
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