Quinquennat : François Hollande entame l'inventaire, parasité par des confidences
François Hollande entreprend dans L'Obs un travail d'inventaire de son quinquennat, une séquence parasitée par un nouveau livre de confidences à des journalistes dans lequel il prend le contrepied de son propre gouvernement sur plusieurs sujets.
Dans cette interview, titrée Je suis prêt, qui sonne comme une nouvelle étape vers une candidature à un second mandat alors que le président a choisi d'attendre décembre pour dévoiler ses intentions, le chef de l'Etat assure avoir "mené une politique de gauche". Il dit comprendre "l’intransigeance" de ses électeurs de 2012 même s'il "n'admet pas les procès en trahison".
Il demande à être jugé non pas à l'aune de ce qu'il avait "promis", même s'il est "prêt à l'inventaire" sur ses 60 engagements de 2012, mais de son action "dans le contexte que chacun connaît avec ce que proposent ceux qui prétendent nous remplacer".
Il regrette aussi d'avoir proposé d'inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution pour les auteurs d'actes de terrorisme. "Je mesure le trouble que cette initiative a pu créer" et "non", ce n'était pas une bonne méthode "puisque les terroristes veulent mourir" et que "la déchéance de nationalité n'a donc aucune valeur dissuasive", concède-t-il.
L'écologiste Cécile Duflot, vent debout contre cette mesure, a réagi dans un tweet cinglant: "Et donc il aura fracturé notre pays pour un pur coup tactique. La tristesse le dispute à la colère".
A droite, les réactions se sont focalisées sur le nouveau livre écrit par des journalistes, du Monde cette fois, à partir de conversations avec le président, Un président ne devrait pas dire ça..., à paraître jeudi également, jour du premier débat entre les sept candidats de la primaire de la droite. "On a envie de demander quand est-ce qu'il arrête de se confesser. Et puis quand est-ce qu'il travaille surtout", a lancé Nathalie Kosciusko-Morizet. "Cette obsession de faire lui-même la chronique de son quinquennat (...) avec des fausses confidences, c'est quelque chose qui me surprend pour l'exercice de la fonction présidentielle", a renchéri le président du MoDem François Bayrou.
Le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, interrogé lors du compte rendu du Conseil des ministres, a défendu "un exercice de transparence". "Lorsque les livres sortent, ça peut être quelque fois hors contexte, ça peut effectivement susciter des débats, irriter, mais ça permet dans une démocratie à chacun de pouvoir avoir la lecture des événements qui se déroulent, des sujets qui peuvent être à un moment ou à un autre posés", a-t-il plaidé. "Il perd la boule", a de son côté lâché un député PS légitimiste.
Dans ce livre, dont des extraits sont publiés dans L'Express et Le Parisien, François Hollande parle de la "loyauté absolue" de Manuel Valls. Mais il prend aussi le contrepied de son Premier ministre lorsqu'il dit que l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes "ne verra pas le jour", alors que Manuel Valls a encore assuré cette semaine que l'évacuation des occupants du site se ferait dès "cet automne".
Il y a en France "trop d'immigration qui ne devrait pas être là", estime encore le président, jugeant également qu'"il y a un problème avec l'islam", pas "dans pa le sens où ça serait une religion qui serait dangereuse en elle-même, mais parce qu'elle veut s'affirmer comme une religion dans la République".
Le président, qui se décrit en "spectre de l'Elysée", se montre particulièrement sévère envers son adversaire de 2012, Nicolas Sarkozy, "le petit De Gaulle" dont il fustige la "grossièreté", la "méchanceté", le "cynisme".
M. Hollande qualifie aussi de "trahison" la révélation du terme "sans-dents" par son ex-compagne, Valérie Trierweiler, dans son livre Merci pour ce moment. "Je lui ai dit: je vois les gens qui viennent vers moi dans les manifestations, ce sont des pauvres, ils sont sans dents", explique le chef de l'Etat. Mme Trierweiler a en retour publié, dans deux tweets, un SMS attribué à M. Hollande et datant de 2005 dans lequel il utilise cette expression.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.