Raffinerie de Fos-sur-Mer : la CGT délogée par les forces de l'ordre
Le bras de fer se poursuivait mardi entre le gouvernement et la CGT qui a durci sa contestation de la loi travail pour obtenir son retrait. Une intervention des forces de l'ordre a permis tôt mardi matin de débloquer la raffinerie et le dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), paralysés depuis la veille par des militants CGT.
Face au mouvement de grèves et blocages de raffineries et aux difficultés croissantes d'approvisionnement, Manuel Valls avait lundi 23 accusé le syndicat de "dérive" et de "chantage". Plusieurs ministres sont montés au créneau pour critiquer la centrale dirigée par Philippe Martinez, en pointe contre le projet de loi El Khomri depuis le 9 mars.
Avant la huitième journée nationale de mobilisation programmée jeudi par l'intersyndicale CGT-FO-Solidaires-FSU-Unef-Fidl-UNL, le numéro un de la CGT a déploré que le gouvernement choisisse "de bomber le torse, (de) gonfler les muscles" au lieu d'être à "l'écoute de ceux qui ne sont pas contents".
En déplacement en Israël, le Premier ministre a exprimé son "souci face à la dérive de la CGT ou une partie d'entre elle". Il est "inacceptable d'imposer ce chantage", a-t-il dit, en assurant que les dépôts seraient "débloqués".
Auparavant, le ministre des Finances Michel Sapin avait fustigé une CGT qui, "pour des raisons souvent internes, s'est extraordinairement durcie et qui n'est que dans la protestation". S'il est "légitime de protester contre un texte de loi", à un moment donné cela devient "illégitime", avait-il jugé. Le ton est le même avec le ministre de l'Economie Emmanuel Macron pour qui "il y a une France qui travaille, une France qui produit, une France qui croit en son avenir et il faut la laisser avancer". Mais pour le leader de la CGT, invité de Canal+, lorsque les salariés ne sont pas entendus, "ils passent à la vitesse supérieure".
Lundi 23, six des huit raffineries françaises ont été affectées comme plusieurs dépôts de carburant dans le Nord-ouest de la France et le Sud-est, provoquant des difficultés d'approvisionnement, en particulier dans le grand ouest et le nord.
Selon le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, "autour de 20% des stations sont fermées ou en grande difficulté" (sur 12.000). Et alors que les problèmes se concentraient surtout dans le Nord et l'Ouest dimanche, de nouvelles régions étaient touchées lundi, a-t-il précisé, notamment le Sud-ouest où 13% des stations étaient fermées.
Dans la soirée, le personnel du terminal pétrolier du Havre, qui représente 40% des importations, a voté massivement pour la grève. Du côté des ports, où le principal appel à la grève concerne la journée de jeudi 26, les dockers participaient localement au blocage de dépôts pétroliers, comme celui de Donges, près de Nantes ou de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône).
En revanche, le mouvement des routiers, lancé il y a une semaine, semblait en perte de vitesse après les garanties apportées par Alain Vidalies sur le paiement de leurs heures supplémentaires.
Côté rail, la grève n'était plus suivie lundi que par un faible nombre de cheminots SUD-rail, affectant légèrement en région parisienne le RER E et trois lignes du Transilien (J, L et P).
Motivé en premier lieu pour peser sur les négociations en cours au niveau de la branche et à la SNCF sur l'organisation du travail, le mouvement devait retrouver de la vigueur mercredi 25, avec le retour des grévistes suivant l'appel de la CGT-Cheminots à débrayer tous les mercredis et jeudis. La SNCF donnera ses prévisions de trafic ce mardi 24.
En attendant une neuvième journée déjà programmée le 14 juin, d'autres mouvements se profilent: à la RATP, avec un appel de la CGT à une grève illimitée à partir du 2 juin, contre le projet de loi et pour une hausse des salaires.
Lassé par le conflit, le patronat a lancé un appel au gouvernement. Le Medef et la CGPME, rejoignant l'UPA (artisans et commerçants), ont demandé au gouvernement de rétablir "l'Etat de droit" pour "garantir aux salariés et entrepreneurs leur capacité de travailler".
La presse de son côté fustigeait mardi le "jusqu'au-boutisme" de la CGT, des éditorialistes pensant que le syndicat radicalise le mouvement contre la loi travail pour maintenir son "leardership" syndical.
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