Pénurie de carburant : quelles conséquences économiques pour les régions touchées ?
Commerces à la traîne, routes bloquées, camionneurs parqués sur de grandes zones d'attente... Depuis plusieurs jours, l'appel à de la CGT à bloquer les raffineries et les dépôts de carburant paralyse une partie de la France. Pour l'heure, les conséquences économiques néfastes de ce mouvement social se sont surtout fait voir en Normandie.
Dans la région, la plateforme Total de Gonfreville-l'Orcher, la plus grosse raffinerie de France (16 millions de tonnes/an) et l'une des plus importantes en Europe, est bloquée. Couplée d'une usine pétrochimique, elle emploie 1.700 salariés, ce qui en fait d'elle un des moteurs économiques les plus importants du coin. Quant au port du Havre, le deuxième de France, il subit lui aussi l'impact des blocages, de nombreuses escales ayant été reportées ou annulées.
Les salariés qui travaillent dans la zone industrielle du port du Havre, eux, doivent s'y rendre en covoiturage. "Nous nous garons sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute A131, juste avant le pont de Normandie et nous passons par un accès des pompiers. On vient plus tôt, vers 4h30 alors que l’on commence habituellement vers 8h30", raconte un témoin à Normandie Actu. Dans une autre usine de la zone industrielle, les salariés ne viennent plus. Mercredi dernier, un agent de sécurité n'a pas pu quitter son poste, la relève n'ayant pas pu passer les blocages. Il a dormi sur place, se nourrissant de conserves stockées à l'avance en cas de problèmes.
Les commerçants aussi sont pénalisés. "Un client m’a fait une commande pour ce week-end. C’est sûr maintenant, je ne la recevrai pas. Il faudra que je lui vende autre chose", témoigne une caviste à Ouest France. "C’est bientôt la fête des Mères. Généralement, ça se prépare à l’avance. Mais j’attends encore des livraisons importantes, notamment de Caen. Mais là-bas aussi, ils ont leur périphérique bloqué…", ajoute le responsable d'une autre boutique.
Autre problématique: celle des camionneurs. Bloqués pendant plusieurs jours la semaine dernière, ils n'ont pas eu accès aux facilités dédiées à l'hygiène. Ceux dont les cargaisons contenaient des denrées périssables devaient s'organiser pour trouver du carburant afin de maintenir la réfrigération. "Un camion est resté bloqué trois jours sur le périphérique de Caen (Calvados), avec une cargaison de plantes venues d’Italie. Le chef d’entreprise a perdu son stock et n’a aucun recours car l’assurance ne prend pas en charge ces pertes" , explique Séverine Touchard Liandier, déléguée régionale pour la Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprise (CGPME).
Mais le mouvement prenant de plus en plus d'ampleur, la Normandie ne sera bientôt plus la seule concernée par ce genre de problèmes. En effet, ce lundi 23, les raffineries Total de Gonfreville-l'Orcher (Seine-Maritime), Donges (Loire-Atlantique), Grandpuits (Seine-et-Marne), Feyzin (métropole de Lyon) et Provence-la-Mède (Bouches-du-Rhône), ainsi que la raffinerie Petroineos de la Laréva, à Martigues (Bouches-du-Rhône) étaient à l'arrêt ou en phase d'arrêt. Quant aux stations-service, sur les 2.200 exploitées par Total en France, 390 étaient en rupture partielle ou totale dimanche 22, dont 76 en Ile-de-France, 73 dans le Nord-Pas-de-Calais, 60 en Bretagne et autant en Normandie.
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