Régionales : la droite gagne, la gauche résiste, le FN perd
La bataille était annoncée serrée, elle l'a été jusqu'au bout. Il a fallu attendre jusque tard dans la soirée de dimanche 13 pour connaître l'issue du second tour des élections régionales. Un scrutin qui a débouché sur, d'une part, une forte montée de participation (près de 58,5%, contre environ 50% une semaine plus tôt), et, d'autre part, sur l'absence de victoire du FN, pourtant donné favori dans au moins deux régions, PACA et Nord. Ce scrutin a été un succès pour la droite, qui, malgré l'absence de vague bleue, a remporté sept présidences et une défaite, teintée toutefois de soulagement, pour la gauche, gagnante dans cinq régions.
Bleu et rose: après avoir été dominée par la gauche pendant plus d'une décennie, la carte politique des régions est désormais rééquilibrée. La droite s'est ainsi imposée en Nord-Pas-de-Calais-Picardie et en PACA, où Xavier Bertrand (57%) et Christian Estrosi (54%) ont défait Marine Le Pen (42%) et sa nièce Marion Maréchal-Le Pen (45%) grâce aux voix des électeurs socialistes, dont les candidats s'étaient retirés pour faire "barrage" à l'extrême-droite. Les deux têtes de listes LR, tout comme le patron de LR Nicolas Sarkozy, ne s'y sont pas trompés et ont ainsi remercié les électeurs de gauche à l'issue de leur victoire, marquée également par la progression des deux candidates FN, malgré une participation en hausse.
LR et ses alliés se sont aussi imposés en Île-de-France grâce aux 44% des voix réunies par Valérie Pécresse, qui devance de justesse le candidat de la gauche unie Claude Bartolone (42%) et plus largement le frontiste Wallerand de Saint-Just (14%). L'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy dirigera donc la région capitale, première de France, a priori grâce à de bons reports des électeurs de Debout la France et une partie de ceux du FN (qui perd quatre points mais progresse en termes de voix). Le tout alors que le président de l'Assemblée nationale (qui a annoncé dimanche soir qu'il remettra son poste au perchoir en jeu) a semblé faire le plein des suffrages de gauche, et dans un contexte d'abstention en baisse de près de dix points.
La droite a enfin gagné l'Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne (près de 48% pour Philippe Richert), les Pays de la Loire (42,7% pour Bruno Retailleau) et l'Auvergne-Rhône-Alpes (Laurent Wauquiez, plus de 40%). La Normandie, enfin, a été décrochée par le centriste Hervé Morin d'un tout petit cheveu avec 36,43% contre 36,08% pour le socialiste Nicolas Mayer-Rossignol, soit moins de 5.000 voix.
Les listes de gauche n'avaient quant à elles pas à rosir de leurs résultats. Elles sont ainsi arrivées en tête dans cinq régions: Bretagne (Jean-Yves Le Drian, plus de 51%), Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes (44,27% pour Alain Rousset), Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées (près de 45% pour Carole Delga), Bourgogne Franche-Comté (près de 35% pour la sortante Marie-Guite Dufay) et Centre-Val de Loire (plus de 35% pour François Bonneau).
Pourtant, alors que ce total était encore inespéré pour la gauche il y a encore quelques semaines, le Premier ministre, qui est donc chef de la majorité, s'est refusé à tout triomphalisme. Manuel Valls a ainsi surtout tenu à saluer "les électeurs qui ont répondu à l'appel très clair, très net, très courageux, celui de la gauche à faire barrage à l'extrême-droite" et s'est félicité que le FN n'ait remporté aucune présidence.
C'est donc bien le parti de Marine Le Pen qui est apparu comme le grand perdant de ce scrutin. Premier parti de France dimanche 6, en pole position dans trois régions, voire quatre, et arrivés en tête au premier tour dans six grandes entités, il n'a remporté aucun des duels ou des triangulaires dans lesquelles il était en lice ce dimanche. Un échec relatif tant une présidence de région frontiste aurait été historique et car le parti a progressé entre les deux tours: avec 6,8 millions de suffrages, le FN a même battu son record total de voix établi lors de la présidentielle de 2012 (6,4 millions).
A moins de 500 jours de la présidentielle, Marine Le Pen a dénoncé "un régime à l'agonie" et déclaré que "rien ne pourra arrêter" la progression de son parti alors que les résultats de ces régionales pourraient la mener au second tour en 2017. Un constat reconnu par tous, à droite comme à gauche, qui en ont dressé un autre dimanche soir: seule l'union de leurs camps respectifs peut leur permettre de concurrencer le Front national.
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