Russie-Ukraine : le Centre français de recherche sur le renseignement attaqué pour ses analyses
Depuis l’éclatement du conflit russo-ukrainien, les attaques publiques contre le Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R) sont légion. Le think-tank, structuré en Association 1901 et fondé par des anciens du renseignement français de persuasion gaulliste, est qualifié à tour de bras de "pro-Moscou" et "d’officine utilisant les éléments de langage du Kremlin". Après tout, "Nous sommes en guerre" ! Mais en guerre contre quoi ? Contre les opinions divergentes de celle de l'Otan, aussi documentées et étayées soient-elles ? Déjà, les médias RT et Sputnik ont subi les foudres de l'Union européenne. À son tour, le CF2R se défend.
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Il affiche parmi ses objectifs la "démystification du renseignement et l’explication de son rôle auprès du grand public". Autrement dit, la vulgarisation au service du peuple français. Que l’on partage ou non le point de vue souverainiste des 25 chercheurs du C2FR, jusqu’à très récemment, leurs études étaient appréciées par ceux qui ont pour habitude de considérer différents points de vue en matière d’évaluation stratégique.
Les attaques en question font l’objet d’un communiqué du CF2R publié le 19 avril dernier. Le collectif y réaffirme son refus de "participer au matraquage unilatéral et à l’entreprise de déformation de la réalité orchestrée par des acteurs partiaux", chérissant "l’indépendance de ses analyses au sujet de la guerre en Ukraine". Les auteurs expliquent qu'il est nécessaire de "prendre en compte les raisons historiques qui ont conduit à ce drame, car elles mettent en lumière, que cela plaise ou non, le rôle et la responsabilité de l’OTAN et du gouvernement ukrainien dans ce conflit qui n’aurait jamais dû avoir lieu." Et de rappeler : "Personne ne nie que la Russie est l’agresseur et le CF2R a condamné clairement cette invasion."
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Plus particulièrement, le texte revient sur le cas du général Éric Vidaud. Ce dernier a été limogé de son poste de directeur du renseignement militaire, sept mois seulement après sa nomination. Contrairement aux rapports de presse selon lesquels M. Vidaud se serait lourdement trompé sur les opérations en Ukraine, le communiqué explique :
"Il est légitime de s’interroger sur les motivations de ceux qui cherchent […] à empêcher toute réflexion raisonnée et indépendante. Nous sommes tentés de les qualifier de conspirationnistes — pour eux, tout est systématiquement la faute de la Russie et tous ceux qui ne sont pas d’accord avec leurs analyses sont des agents d’influence de Poutine — et de négationnistes, car ils ne prennent en compte que les éléments servis par le narratif ukrainien et anglo-saxon, excluant systématiquement toute information d’une autre origine. Le renvoi du général commandant la DRM s’inscrit dans cette logique, car ce service de qualité n’a pas adhéré ni voulu reproduire la version des faits que les Américains voulaient imposer à tous les membres de l’OTAN. La critique qui lui a été faite est donc totalement infondée et injuste."
Sur son site Internet, le CF2R met à disposition de nombreuses autres analyses, et ce depuis une vingtaine d'années.
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