Sécurité routière : Philippe martèle sa "détermination" sur les 80 km/h
Conforté dans sa position par de mauvais chiffres pour le mois de février, Edouard Philippe s'est encore montré inflexible vendredi dans la Sarthe sur l'abaissement de la limitation de vitesse à 80 km/h sur certaines routes secondaires malgré les "râleries".
Martelant sa "détermination" à appliquer comme prévu cette mesure controversée au 1er juillet, M. Philippe a assuré que le gouvernement ne menait "pas un combat contre les Français", "les automobilistes" ou "contre les ruraux".
En déplacement dans la Sarthe, M. Philippe a soigné sa démonstration alors que des chiffres pour le mois de février étaient dévoilés. Résultat: 217 personnes tuées en France métropolitaine, soit 12 de plus qu'en février 2017 (+5,9%), et 20 en Outre-mer, soit six de plus qu'en février 2017.
"C'est une mobilisation générale pour faire en sorte que personne ne se satisfasse, ne se résigne, à ce que chaque année en France il y ait plus de 3.600 morts sur les routes (3.693 en 2017, ndlr), près de 25.000 personnes gravement blessées à la suite d'un accident routier", a exhorté le Premier ministre, en conclusion de sa visite d'un centre de réadaptation prenant en charge des accidentés de la route à Saint-Saturnin.
La veille, et alors que certains membres du gouvernement mettent en doute en privé l'opportunité de cette mesure qui avive le mécontentement des territoires ruraux, M. Philippe avait reçu le soutien d'Emmanuel Macron. Le chef de l'Etat, discret sur la question, avait appelé à "expliquer aux gens que c'est 2 minutes (en plus, ndlr) sur le trajet moyen qui est de 40 km".
Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière et partisane du 80 km/h, a pour sa part salué "le cran" de M. Philippe face à la fronde. "On voit bien (avec les chiffres de février) que ça piétine, et lui et son équipe savent que si cette mesure est mise en place, dans trois ou quatre mois il y aura des résultats", a-t-elle souligné à l'AFP.
- "Râlerie" -
Regrettant que le "plan global" du gouvernement, dévoilé le 9 janvier pour mettre un terme à trois années de hausse de la mortalité entre 2014 et 2016, soit parfois ramené à la seule mesure sur les 80 km/h, M. Philippe a aussi rappelé l'"action résolue" contre la conduite en état d'ivresse, sous l'emprise de stupéfiants ou sans permis de conduire, et "un programme de formation et d'information".
Durant sa visite, M. Philippe, accompagné de la ministre de la Santé Agnès Buzyn, a échangé avec plusieurs patients dont un homme victime d'un accident en janvier en Eure-et-Loire, sur une petite route, après avoir été heurté frontalement par un chauffard en état d’ébriété.
"Il faut en discuter avec les élus locaux dans nos campagnes qui sont bien placés pour savoir les portions de route qui sont dangereuses et celles qui ne le sont pas", a relevé cet homme, faisant référence à une lettre envoyée à Matignon et co-signée par 28 présidents de conseils départementaux, demandant une "application différenciée de la limitation de vitesse à 80 km/h".
Pour Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes opposée à la mesure, une solution pourrait être de "mettre à 70 km/h les petites routes de campagne et laisser à 90 km/h les axes structurants", a-t-il indiqué à l'AFP.
Cette limitation, "c'est un peu agaçant (...) mais la question c'est: est-ce que grâce à ça on évite 300 à 400 morts par an, peut-être 5.000 blessés graves ?", a souligné le Premier ministre.
"Je sais bien que ça râle. Mais je trouve que ça vaut le coup d'affronter un peu de râlerie quand on fait un truc qu'on pense utile", a insisté M. Philippe, répétant que les coûts du changement de signalétique seraient pris en charge par l'Etat, et que les éventuelles recettes supplémentaires liées aux contrôles iraient dans un fonds pour financer les établissements prenant en charge les accidentés de la route.
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