Serge Dassault : son comptable suisse lui aurait remis 53 millions d'euros

"Libération" et France Inter ont dévoilé ce lundi 17 les propos du comptable de l'ancien maire de Corbeil-Essonnes. Il lui aurait remis en liquide pas moins de 53 millions d'euros. Les enquêteurs devront faire le lien entre ces éléments et les soupçons d'achats de votes dont est accusé l'industriel de 89 ans.

De nouveaux éléments sur les soupçons d'achats de votes dans la ville de Corbeil-Essonnes (Île-de-France) par Serge Dassault ont été rendus publics lundi 17. Le journal Libération et la radio France Inter révèlent que Gérard Limat, le comptable suisse de l'industriel, aurait apporté entre 1995 et 2012 au moins 53 millions d'euros en cash à l'ex-maire de Corbeil-Essonnes (1995-2009).

Les deux médias ont eu accès aux procès verbaux de l'audition qui s'est déroulée les 6 et 7 octobre. L'argent qui aurait été versé proviendrait du Lichtenstein, de la Suisse et du Luxembourg, avant de transiter par Cofinor, société financière genevoise. Gérard Limat s'est expliqué devant les enquêteurs sur la procédure à suivre lors des transits.

"Cofinor me donne un rendez-vous pas trop loin de l’Arc de Triomphe". Ensuite le livreur "me remet un sachet en plastique +passe-partout+ (Carrefour, Dior, Fnac, etc.), lequel contient l’argent en numéraire entouré de papier journal. Ce n’était que des liasses de billets de 100 euros".

L'homme a également assuré qu'il ne connaissait pas le contenu exact du ou des sacs transportés. "Je ne voyais jamais l’argent puisque j’allais directement au rond-point" en haut des Champs-Elysées, siège du groupe Dassault. "Je montais dans le bureau de Serge Dassault, je posais le sac dans un coin de son bureau et immédiatement, on parlait d’autre chose".

Aux juges financiers maintenant d'établir le lien entre ces transits d'argent liquide et les soupçons d'"achats de votes" et de "complicité de financement illicite de campagne électorale" qui ont valu en avril à Serge Dassault, 89 ans, d'être mis en examen. L'homme, sénateur depuis 2004, avait alors reconnu des dons mais toujours réfuté avoir acheté des voix lors des municipales de 2008, 2009 et 2010.