Suite à la démission de Macron, Hollande appelle à jouer "collectif"
François Hollande a appelé ce mercredi 31 les membres du gouvernement à être "engagés" dans une "action collective", lors du premier Conseil des ministres de l'après-Macron, lâché par son ambitieux ministre de l'Economie qui entend "prendre la mer" dans la perspective de la présidentielle de 2017. Le chef de l'Etat "a appelé tous les membres du gouvernement à être engagés" dans l'action de l'exécutif et ce "dans un esprit collectif", soulignant que "rien n'est possible sans une action collective", a déclaré le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll devant la presse.
Pressé de questions sur la trahison qui serait reprochée par certains à Emmanuel Macron, ce proche de François Hollande a tout juste lâché qu'"on ne peut pas dire qu'il y ait eu de la solidarité, par définition, puisqu'il quitte le gouvernement". Fidèle des fidèles du chef de l'Etat, Michel Sapin succède à Emmanuel Macron, ajoutant à son portefeuille des Finances celui de l'Economie. "Je me devais de prendre la mer", s'est justifié l'ex-ministre lors d'une passation de pouvoir aigre-douce à Bercy, tandis que Michel Sapin lui lançait: "Bonne chance (...) Je souhaite que la bonne chance pour toi soit une bonne chance pour nous tous".
Outre Emmanuel Macron, une autre personnalité était absente mercredi à la table du Conseil des ministres: George Pau-Langevin, ex-ministre des outre-mer qui a quitté le gouvernement pour "raisons personnelles". L'ancienne secrétaire d'Etat à l'Egalité réelle Ericka Bareigts a pris sa succession. Point de figures nouvelles donc, mais une ambiance plombée par le départ fracassant d'un ministre qui incarnait le renouveau du projet politique de la gauche gouvernementale.
Plusieurs membres du gouvernement ne se sont pas privés de critiquer la décision de M. Macron, au moins à mots couverts. Le jeune ministre est "parti pour convenances personnelles" car il veut "être candidat", a dénoncé sur Europe 1 Stéphane Le Foll. La ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem s'est dite "très dubitative" sur ce départ "dans un moment qui est si difficile pour les Français". "Servir la France dans un gouvernement c’est un honneur incomparable, mais bien sûr c’est une exigence de chaque instant", a souligné la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal.
De son côté le patron des députés PS Bruno Le Roux a dénoncé "un facteur de confusion supplémentaire". Pour Stéphane Le Foll, cependant, cette "profusion de candidatures", avec celles de Benoît Hamon, Arnaud Montebourg et Marie-Noëlle Lienemann, "n'empêchera pas François Hollande d'être candidat". Le président, qui ne devrait dire qu'en décembre s'il brigue un nouveau mandat, voit cependant son assise politique davantage encore fragilisée.
Dans l'après-midi, le chef de l'Etat présidera une nouvelle édition de "La France s'engage", un concours d'innovation et surtout l'occasion de s'exprimer pour la première fois publiquement après la quasi-déclaration de candidature de celui qui fut son conseiller économique et financier lorsqu'il était secrétaire général adjoint de l'Elysée. A deux doigts d'annoncer sa candidature pour 2017, le fondateur du mouvement En Marche! a annoncé mardi depuis Bercy "une nouvelle étape de (son) combat" politique, laissant entendre qu'il avait été muselé par l'Elysée dans sa volonté réformatrice. "J'ai touché du doigt les limites de notre système politique", a-t-il dit.
Selon l'entourage du chef de l'Etat, l'initiative de cette démission en est revenue à l'ex-ministre qui avait "contacté en tout début de matinée (mardi) le président pour lui faire part de son souhait de remettre sa démission" alors que tous deux s'étaient accordé lundi "un délai de réflexion" après un premier entretien. Un délai qui se prolongeait en fait depuis le 14 juillet. Dans sa traditionnelle interview télévisée, le chef de l'Etat lui avait alors rappelé les "règles": la "solidarité" gouvernementale et la nécessité de "servir jusqu’au bout" sans "démarche personnelle et encore moins présidentielle".
"Il vient de se libérer d’un gouvernement dans lequel il ne croyait plus. C’est un acte fort", a jugé Jean-Christophe Lagarde, le président de l'UDI, dans un entretien au Parisien, estimant que son parti a "vocation à parler" avec Emmanuel Macron. L'ancien Premier ministre Alain Juppé, candidat à la primaire de la droite, a comparé Emmanuel Macron à "docteur Jekyll et Mister Hyde", pointant le décalage entre "ses propos anti-socialistes et en tout cas très libéraux" et sa "politique économique désastreuse avec le matraquage fiscal des entreprises et des classes moyennes" au gouvernement.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.