8 mai 1945 : l'armée et la police française réprimaient dans le sang les soulèvements de Sétif, Guelma et Kherrata (Algérie)
Le 8 mai 1945, une semaine après le suicide d'Adolf Hitler dans son bunker à Berlin, les reliquats de l'Allemagne nazie, brisés par la puissance des armées alliées, signent la capitulation sans condition du IIIe Reich marquant la fin du plus terrible conflit de l'Histoire.
Si la date reste dans l'inconscient collectif comme celle la victoire contre l'idéologie mortifère du nazisme, elle est également marquée du sceau de la violence en France et en Algérie. En effet, ce jour-là, une manifestation a lieu à Sétif, cette ville du Constantinois en Algérie alors département français. Les Algériens descendent dans la rue pour exiger la fin de la colonisation, l'indépendance et la libération d'un leader nationaliste, Messali Hadj, arrêté quelques semaines plus tôt.
Les autorités françaises ont autorisé cette manifestation à certaines conditions: elle ne doit pas être politique et ne doit pas comporter d'autres drapeaux que ceux de la France et des Alliés. La consigne est respectée à l'exception du jeune scout Saâl Bouzid, qui brandi l'oriflamme vert, blanc et rouge de l'actuel république algérienne. Il est abattu par la police française. La manifestation tourne à l'émeute.
Les Algériens se dispersent dans la ville et agressent, à leur tour, les Européens -29 d'entre eux sont tués ce premier jour. En fin d'après-midi, un autre rassemblement est prévu à Guelma, à 180 kilomètres de là. La police tire et tue quatre Algériens.
Débute alors le cycle infernal des exactions, répressions et massacres jusqu'au 22 mai. L'insurrection s'étend à des villes voisines, faisant en quelques jours 103 morts dans la population européenne. La réponse des autorités coloniales est d'une extrême brutalité. L'armée française est déployée en nombre dans le Constantinois et va se livrer à des massacres de grandes ampleur contre la population civile, l'aviation est même réquisitionnée pour bombarder les zones insurgées. Des milices civiles, essentiellement composées de colons, se livrent également à des expéditions punitives.
Le bilan des violences est difficile à établir. Dès 1945, les Algériens avancent le nombre de 45.000 morts. Chiffre revu à la baisse après une commission d'enquête: de 8.000 à 10.000 morts. Les historiens parlent de 15.000 à 20.000 victimes. Juste après les évènements, la France avait évoqué moins de 1.000 morts algériens.
Ce n'est que 60 ans plus tard que les autorités françaises reconnaitront pour la première fois l'ampleur des massacres et la responsabilité du gouvernement français. En 2005, l'ambassadeur de France en Algérie, Hubert Colin de Verdière, décrit les "massacres de Sétif" comme une "tragédie inexcusable". En décembre 2012, François Hollande admet devant le Parlement algérien que "le jour même où le monde triomphait de la barbarie, la France manquait à ses valeurs universelles".
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