Assange vraiment libre, mais à quel prix. A Bruxelles, Ursula « ne valsera pas », enfin pas aujourd'hui, appel d'urgence à suivre 

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Xavier Azalbert, France-Soir
Publié le 26 juin 2024 - 14:55
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Assange Von der Leyen
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France-Soir, AFP, Assange
Assange vraiment libre, mais à quel prix. A Bruxelles, Ursula « ne valsera pas », enfin pas aujourd'hui, appel d'urgence à suivre 
France-Soir, AFP, Assange

Une bonne nouvelle ne peut pas toujours en cacher une autre. Pour beaucoup ce matin, la bonne nouvelle aura été que Julian Assange est enfin libre après être sorti du tribunal de Saipan il y a quelques heures.

« Julian quitte le tribunal fédéral de Saipan en homme libre. Je ne peux pas arrêter de pleurer. #AssangeFree #AssangeJet »

Une conférence de presse s'est tenue à la sortie de l'audience au tribunal de Saipan :

 

Hier, Julian était en route vers sa libération

Ce lundi 25 juin, vers 1 h du matin, on apprenait que Julian Assange avait été libéré de la prison de Belmarsh ou il était emprisonné depuis cinq ans.  A 1 h 32, je reprenais ce message dans un tweet : « Alerte : Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, devrait être libéré après 5 ans de prison dans le cadre d'un accord de plaidoyer avec les États-Unis ». 

La nouvelle était aussi saluée par Juan Branco qui s’est longtemps battu pour la libération d’Assange qui à 1h54 écrivait : « Julian Assange a retrouvé les siens ».

Vers 2 h du matin, Stella Assange twittait : 

« Julien est libre !!!!

Les mots ne peuvent exprimer notre immense gratitude envers VOUS – oui VOUS, qui vous êtes tous mobilisés depuis des années et des années pour que cela se réalise. MERCI. Merci. MERCI. »

Une nouvelle saluée par bien des personnes sur les réseaux sociaux, mais qui tardait à paraitre dans les médias, qui ne publiaient un message qu'hier matin vers 6h25 : « Julian Assange est « libre » après un accord avec la justice américaine, annonce wikileaks ». Libé publiait un communiqué à 6 h 45.

Mais, ce qu’il y a de plus intéressant, c'est qu'immédiatement après la publication du tweet de Juan Branco qui saluait donc l’information historique, la communauté se mettait en branle et publiait une note sous son tweet ! « Julian Assange a été libéré après un accord de plaider coupable avec la justice américaine » ou encore « Julian Assange a été libéré et aucun élément dans le post de base ne donne de détails, les conditions n’ont pas besoin d’être précisées. Une fois l’accord ratifié par un juge, il sera libre », précisions certes importantes, mais qui essaie de minorer comme à son habitude l’importance de la nouvelle. 

Le message le plus complet était celui du compte Cumuleo

« Julian Assange est LIBRE !

Quel soulagement. Un accord a été trouvé avec les États-Unis. Il sera condamné à une peine de prison équivalente au temps qu'il a passé en prison au Royaume-Uni. Il risquait une peine de prison de 175 ans aux États-Unis pour avoir dévoilé au monde les crimes de guerre commis par l'armée américaine. La liberté d'expression et les Droits fondamentaux sont de plus en plus piétinés dans nos « démocraties ».

Assange a été « utilisé » par les États-Unis pour envoyer un message très clair aux lanceurs d'alertes et à tous ceux qui défendent la transparence : "Nous poursuivrons sans relâche ceux qui dévoilent nos pratiques inavouables". Sans oublier que la torture vécue par Assange s'est faite avec la passivité complice de nos pays, de l'UE,... Ni oubli, ni pardon ! »

Alors que Julian Assange était en vol privé vers l’ile de Saipan afin d’être présenté à la cour pour enregistrer l’accord, l’attente devenait intenable pour beaucoup ainsi que les spéculations. Chez France-Soir, nous avions soutenu la libération de Assange depuis toujours en tant qu’emblème et symbole de la liberté d’expression avec de nombreux interviews de sa famille de même qu'avec ses soutiens. Encore ce 10 juin, France-Soir faisait le point avec Viktor Dedaj, Jean-Paul Radet, Geneviève Maclot.

 

Ursula « ne valsera pas » encore - Les lanceurs d'alerte sont-ils vraiment protégés ?

La seconde bonne nouvelle aurait pu être rendue par la magistrate Pauline del Marmol du tribunal des référés de Bruxelles. Elle n'a pas suivi Frédéric Baldan et Me Protat dans leur demande de contraindre le Parti populaire européen (PPE) de retirer la candidature d'Ursula von der Leyen quelque 24 heures avant le sommet européen.  

Les arguments du plaignant n'auront pas fait mouche : la décision est motivée par le fait que le plaignant n'aurait pas apporté la preuve des représailles subies. Pourtant Fréderic Baldan avait bien été suspendu quelques heures après la conférence de presse organisée par feu Mme Rivasi afin de le protéger comme lanceur d'alerte.   Pourtant, dans la directive européenne des lanceurs d'alerte, il est prévu que c'est au défendeur, le PPE dans ce cas, d'apporter la preuve qu'il n'y a pas eu de représailles. Sinon c'est une inversion de la charge de la preuve.  

La question se pose : " comment peut-on donner raison au PPE absent à l'audience ? ". 

Me Protat, jointe par France-soir se trouve déjà à la Cour d'appel et indique : 

" le jugement apparait politique, appel va être déposé en urgence ". 

La course commence pour préparer un appel et le déposer à temps pour qu'il soit audiencé en urgence.  La mi-juillet, est la date du vote pour les "top jobs".  

Petit Rappel des faits

Le 28 mai 2024, Frédéric Baldan écrivait au Parti populaire européen (PPE) pour lui demander de retirer la candidature d’Ursula von der Leyen à sa propre succession au motif que cette dernière ne respectait pas le code de conduite du PPE et que l’affaire du PfizerGate l’empêchait de briguer ce second mandat.  Une invitation sous forme de mise en demeure à « valser ».

Le PPE n’ayant pas répondu sous huitaine, Frédéric Baldan et Me Diane Protat avaient saisi le tribunal des référés pour solliciter que le PPE (Parti populaire européen) retire donc la candidature d’Ursula von der Leyen sous astreinte de 50 000 euros par jour. L’audience s’était tenue le 21 juin 2024, jour de la fête de la musique ou seul Frédéric Baldan était présent à la barre. L’invitation à « valser » que Frédéric Baldan avait faite à Ursula von der Leyen le 28 mai n’avait pas été entendue, mais le PPE ne s'est pas présenté ou représenté à l’audience.  La barre de la défense restera donc vide.  La présidente del Marmol qui avait prévu une audience pour le 28 juin, la retiendra à l’audience le 21 juin après une intervention de Me Protat qui fit valoir l’urgence et que le 28 juin serait trop tard.

Une plaidoirie longue d’une heure où Me Protat plaida de manière éloquente sans une note entraina le prononcé d’un délibéré « au plus tard au 27 juin 2024 », ce que la présidente précisa à France-Soir.  Retrouvez le déroulement de la plaidoirie dans ce long fil de France-Soir. Rappelons au passage que le lanceur d'alerte Frédéric Baldan fait l'objet de représailles sous la forme de la perte de ces accréditations de lobbyiste à Bruxelles.

Cette audience fit l’objet de nombreux articles de presse et marquait la fin de l’Omerta de l’Agence France Presse, malgré le fait qu’aucun média mainstream français ne reprenait cette information.  Hormis L’Humanité !

Ce matin avant le prononcé, Frédéric Baldan semblait confiant en twitant : 

Frédéric Baldan et Me Diane Protat se sont rendus au tribunal afin d'obtenir le délibéré, qui à 9h30 était rédigé, mais en attente de signature du juge. A 12 h 30 il n'était toujours pas publié, cependant des indiscrétions semblaient avoir eu lieu du côté de certains médias.

Alors que la décision était attendue par tous, les premiers commentaires fusent : " Ursula von der Leyen et sa clique semblent intouchables ". 

Surtout qu'hier certains médias titraient que les top jobs avaient été distribués après un accord entre les négociateurs des partis ! Et, Ursula von der Leyen était déjà annoncée comme confirmée.

 

Que va faire le PPE ?

Les scenarios sont ouverts et les paris sont pris après cette décision, car Ursula von der Leyen est toujours visée par la plainte pénale dont l'audience de règlement devrait se tenir le 6 décembre 2024.  

Un spécialiste de la stratégie de gestion de crise expliquait : « si l’objectif est de garder la main en tant que maitre du calendrier, le PPE devrait pousser à la nomination d’Ursula, mais étant donné qu'il y a la plainte pénale de Baldan et que la Hongrie prend la présidence de l'UE, on n'est pas à l'abri de quelques surprises » alors qu’un autre explique « si Ursula est empêchée par la plainte pénale, il pourrait en tirer les conséquences ».  

Cette décision pose plusieurs questions. Notamment, sur le véritable rôle et respect des règlements par les commissaires. Ainsi que le rôle de politico comme soutien ouvert à Ursula von der Leyen, puisqu’il a contribué à la désinformation, qui devrait aussi être un sujet d’enquête pour le juge belge Fresnay (magistrat auprès duquel Frédéric Baldan a déposé plainte pénale contre Ursula von der Leyen).  

Une autre information importante avant-hier était l’amende infligée ce 24 juin 2024 par la Commission d’Ursula à la société IFF (International Flavors & Fragrances). « Une amende de 15,9 millions d'euros pour avoir supprimé des messages WhatsApp lors d'une inspection en matière de pratiques anticoncurrentielles ». Ce qui donne un marqueur sur l’amende qui pourrait être infligée à Pfizer pour les SMS échangés avec Ursula von der Leyen.  Après tout, on attend les potentielles plaintes de Moderna, AstraZeneca pour pratique anticoncurrentielle, car eux n’ont visiblement pas reçu de SMS de la part d’Ursula von der Leyen. A 1 % du chiffre d’affaires, l’amende pourrait se chiffrer à 350 millions d’euros pour Pfizer.


Plaidoyer pour la protection des lanceurs d'alerte
Ce 26 juin restera donc gravé dans les esprits, Free Assange pour le monde. De l'autre, l'Europe qui continue à s'enfoncer dans une forme de déni de justice et du respect du rôle des lanceurs d'alerte. Ursula ne valsera pas ce coup-ci, mais elle n'est pas sortie des problèmes juridiques. Une valse peut en cacher une autre. 

La libération du lanceur d’alerte Julian Assange assorti d'un plaider coupable et de la suppression par Wikileaks de milliers de pages pose question. Frédéric Baldan subit encore les conséquences des alertes lancées. En tout état de cause, la justice n'a pas contribué à protéger le lanceur d'alerte qu'il est. Pas plus qu'elle n'a protégé les droits fondamentaux, y compris la transparence dans le but de restaurer la confiance dans les institutions.  Voilà pourquoi c'est le devoir de la presse et de tous de continuer à les protéger. 

Et, Frédéric Baldan a un début de réponse sur l'existence de l'État de droit : " il faut vraisemblablement arrêter d'y croire  ". Et d'ajouter " mais continuer à se battre ". Appel à suivre en urgence

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