En Chine, des prélèvements d'organes forcés alimentent un trafic international
Pour se fournir en organes, la Chine va parfois jusqu'à exécuter des prisonniers. Elle prélève leurs organes contre leur gré pour les utiliser dans son secteur de la transplantation, prolifique et lucratif. Si la Chine possède actuellement le deuxième plus grand programme de greffes au monde, il faut malheureusement remarquer que depuis les années 2000, ces dernières ont augmenté plus rapidement que le nombre de donneurs d’organes volontaires. Cet écart paradoxal a suscité des questions quant à l’origine des organes, amenant ainsi à des enquêtes qui révèlent de graves violations des droits de l'homme.
Des minorités visées par le prélèvement d’organes forcé
Malgré le développement progressif d'un système de dons volontaires d'organes, des informations concernant de graves violations des droits de l'homme continuent d'émerger en Chine. Depuis presque une vingtaine d’années, des juristes, des associations et des défenseurs des droits de l’homme lancent des enquêtes et campagnes de sensibilisation pour alerter sur le fait que des prisonniers d'opinion soient tués pour leurs organes. En juin 2021, des experts des droits de l'homme de l'ONU ont déclaré que ce « prélèvement d'organes » visait des minorités, notamment des pratiquants de Falun Gong, des Ouïghours, des Tibétains, des musulmans et des chrétiens, en détention dans le pays.
L’ONU a reconnu que des informations crédibles existent, prouvant la pratique de tests sanguins et d’examens d'organes (tels que des ultrasons et des radiographies), sans le consentement éclairé des prisonniers appartenant à des minorités ethniques, linguistiques ou religieuses. « Le prélèvement forcé d'organes en Chine semble cibler des minorités ethniques, linguistiques ou religieuses spécifiques détenues, souvent sans qu'on leur explique les raisons de l'arrestation ou qu'on leur donne des mandats d'arrêt, à différents endroits », ont déclaré les experts de l’ONU.
Si les résultats des examens sont enregistrés dans une base de données, qui facilite l'attribution des organes, des données manquent quant à la source des organes. Cela empêche l'identification et la protection des victimes de la traite d’être humains à l'œuvre en Chine, ainsi que les poursuites contre les trafiquants.
Des organes qui alimentent un trafic mondial
Fin juillet, des spécialistes des greffes et professionnels de la santé ont publié dans le média The Conversation un article appelant leurs collègues, les institutions, les patients et le public à être plus vigilants à l’encontre du trafic d’organes, en particulier au sujet du prélèvement d’organes forcé.
Une association, formée en 2019 pour enquêter de manière indépendante sur les allégations de prélèvements d’organes forcés en Chine, a analysé des appels téléphoniques enregistrés vers les hôpitaux de transplantation ainsi que les témoignages de chirurgiens et de prisonniers. Ces informations lui ont permis de confirmer que la Chine utilisait des prisonniers d’opinion exécutés comme source d’organes pour les greffes depuis de nombreuses années. Face à ce constat, les professionnels de santé et la communauté mondiale devraient "sensibiliser et faire pression sur les gouvernements, les institutions et les hôpitaux pour qu’ils agissent". L’encouragement à faire des donations volontaires pourrait être, selon ces médecins, une façon de réduire la demande de trafic d’organes illégal.
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