Elections américaines – l’arnaque des sondages biaisés, des médias arrogants et des experts bidons

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Anthony Lacoudre pour France-Soir
Publié le 11 novembre 2024 - 17:57
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L’élection triomphale de Donald Trump que nous venons de vivre apparaît pour beaucoup comme une surprise. Le grand public s’attendait en effet à une élection présidentielle serrée, à l’issue incertaine. Nombreux étaient ceux qui envisageaient même une victoire de Kamala Harris.

La propagande des médias

La plupart des médias mainstream prédisaient une course à la Maison-Blanche très serrée (« a coin flip », « a razor thin race »). Autrement dit, d’après ces médias, il était impossible de savoir qui allait l’emporter (« to close to call »).

D’autres annonçaient clairement une victoire de la candidate démocrate, qui entrerait dans l’histoire des Etats-Unis en tant que première femme présidente. 

Par exemple, l'humoriste Bill Maher, dans son "politic talk show" très populaire intitulé "Real time" sur HBO déclare le 13 septembre 2024 : « Ce soir, ce sera un moment spécial, je vais donner mes pronostics. Je pense que j'ai une certaine crédibilité en la matière. On m'a beaucoup critiqué. On me reproche d'avoir tiré la sonnette d'alarme à propos de Trump mais j'avais raison, ils avaient tort. A chaque fois qu'il faisait des trucs pas possibles et qu'il se retrouvait dans la panade, je disais "non, non, ce n'est pas fini avec lui". Ce soir, je le dis, je pense que c'est fini. Je pense juste qu'il va perdre. Ce sera très serré le jour de l'élection, comme toujours. Mais il va perdre ».

« Cela va être un revers pour Donald Trump. Je ne pense pas que ce sera serré. Beaucoup d‘électeurs républicains vont voter pour Harris » entend-on par ailleurs dans l’émission très suivie « The View » d’ABC le 22 octobre 2024. 

« Si Harris gagne, les signes auront été clairs comme le jour » explique CNN à une semaine de l'élection. « Le premier signe est que Kamala Harris est plus populaire que Donald Trump. Nos recherches montrent que depuis 1956, le candidat le plus populaire a gagné 16 fois, contre 1 fois seulement où le candidat le moins populaire a gagné (NDLR : il s’agissait d’ailleurs de… Donald Trump en 2016). Les électeurs démocrates vont sans doute surprendre tout le monde en se rendant aux urnes massivement de façon historique ». 

« Elle emportera le vote populaire avec 2 % » , précise-t-on sur MSNBC à deux jours de l'élection.

Le jour-même de l’élection, Newsweek écrit : « Alors que les bureaux de vote ouvrent, quasiment tous les sondeurs importants voient Kamala Harris gagnante ».

Des sondages biaisés

Il faut reconnaître que la grande majorité des sondages prévoyait que Trump, comme en 2016 et en 2020, ne remporterait pas le vote populaire. En fin de campagne, de nombreux sondages donnaient 2 points d’avance pour Kamala Harris (notamment Morning Consult, Forbes/HarrisX et IPSOS ou même + 4 pour Harris d’après NPR/PBS/Marist). 

Pire, Trump devait perdre dans un ou plusieurs des Etats clefs de la région des Grands Lacs (Michigan, Pennsylvanie et Wisconsin) ainsi que dans certains États clefs de la Sun Belt (Arizona, Caroline du Nord, Géorgie et Nevada), l’empêchant ainsi d’atteindre le seuil fatidique des 270 grands électeurs.

Par exemple, pour The Hill/Emerson et MNS/Mitchell, Kamala Harris devait emporter le Michigan avec 2 points d’avance. Le sondeur Muhlerberg Collège prévoyait quant à lui + 2 également pour Harris en Pennsylvanie. 

Le 3 novembre, le sondage de NYTime/Siena donne pour Harris + 1 en Géorgie et + 2 en Caroline du Nord ainsi que dans le Wisconsin et même + 3 dans le Nevada !

Qui plus est, ces instituts de sondage prédisaient que Donald Trump n’emporterait que de peu des États cruciaux comme la Floride ou le Texas. 

Quelques jours avant l’élection, il était même annoncé avec fanfare par les médias que Trump perdrait dans l’Iowa, Etat qu’il avait pourtant facilement emporté en 2016 et 2020. Un sondage commis par Des Moines Register publié le 31 octobre 2024 montre alors que Kamala Harris emporterait l’Iowa avec 3 points d’avance. 

« C’est un sondage qui va avoir un énorme impact. C’est un choc pour le système. Des Moines Register a correctement prédit les résultats de l’Iowa depuis 2008. Cela va potentiellement modifier le résultat final » s’emporte alors le soi-disant « stratège politique » Frank Luntz sur MSNBC. 

Ce dernier en profitera d’ailleurs pour ajouter que, d’après lui, les instituts de sondage ont commis l’erreur cette année de surestimer le vote en faveur de Donald Trump afin de corriger leurs erreurs grossières d’estimation du vote Trump de 2016 et de 2020. Selon ce fin stratège, le score de Kamala Harris devrait donc être supérieur à ce qu’indiquent les sondages !

La star des sondages adulée par l’élite démocrate, le statisticien Nate Silver, fondateur du site de synthèse des sondages FiveThirtyEight, expliquait quant à lui la veille de l’élection qu’il avait fait tourner 80.000 modèles montrant tous que l’élection serait « plus serrée qu’un fil de rasoir ». Ses simulations démontraient que Kamala Harris avait plus de chance de l’emporter que Donald Trump, précisant qu’elle devrait obtenir 271 grands électeurs contre 267 pour Donald Trump.

De son côté, The Economist prévoyait que Kamala Harris obtiendrait 276 grands électeurs contre 262 pour Donald Trump. 

Des experts bidons

Huit jours avant l’élection, James Carville, présenté par le journaliste de MSNBC comme étant « le stratège légendaire du parti démocrate » est interrogé sur son article paru la veille dans The New York Times intitulé « James Carville : les trois raisons pour lesquelles je suis certain que Kamala Harris va gagner ».

Il précise alors : « Trump a perdu en 2018 et en 2020. Les démocrates ont gagné toutes les élections qui ont eu lieu au cours de ces deux dernières années. Trump est un gigantesque loser. Les gens le voient et savent que c’est vrai. Kamala Harris obtiendra plus de 270 grands électeurs. Peu importe ce que disent les sites des parieurs en ligne pollués par les républicains. Elle va gagner. Je refuse de penser le contraire. Nous allons gagner parce que Trump ne correspond pas à qui nous sommes. Je suis très confiant avec ma prédiction ».

Pour le fameux écrivain et réalisateur Michael Moore, qui avait pourtant été l’un des rares sympathisants démocrates à avoir réalisé que Trump pouvait l’emporter en 2016, le constat est cette fois-ci sans appel : « Faites les comptes, Trump est foutu. Le Parti républicain nous a fait un cadeau énorme avec la candidature de Trump. Ils ne le réalisent pas. Ils n'ont aucune idée du décalage avec ce qu'attendent une majorité d'Américains » (interview sur MSNBC du 3 novembre 2024).

Mais l’idiot du village le plus emblématique à ce titre est à l’évidence le professeur d’histoire Allan Litchman, présenté par The New York Times comme étant « le prophète des élections présidentielles », connu pour recourir à un ensemble de 13 clefs permettant de prédire le vainqueur des élections présidentielles (« Keys to the White House model »). Ces clefs prennent en compte par exemple, l’état de l’économie, les résultats des dernières élections de mi-mandat, la présence d’un candidat tiers, d’éventuels scandales politiques, les conflits dans le monde, etc…

Après avoir correctement pronostiqué la victoire de Donald Trump en 2016 puis celle de Joe Biden en 2020, le « liberal Nostradamus » comme l’appelle Fox News, a publié sa prédiction le 5 septembre 2024 sur le site de The American University of Washington DC : « Les démocrates vont conserver la Maison-Blanche et Kamala Harris sera la prochaine présidente des États-Unis ». 

Il renchérit 2 jours avant l’élection lors d’une interview télévisée sur CNN (à cette occasion, Allan Lichtman est présenté comme étant « an election forecasting legend ») : « Je ne fais pas attention à l’avis des commentateurs politiques, ils ne comprennent pas mon modèle. Je ne regarde pas non plus les sondages. A la place, j’étudie les forces fondamentales qui gouvernent les élections. » 

 

Les sondeurs et les experts se sont lourdement trompés  

Les médias, les instituts de sondage, les stratèges et autres experts des plateaux télévisés qui ont annoncé pendant des mois la victoire de Kamala Harris n’ont donc pas vu venir le succès électoral historique de Donald Trump. Le 5 novembre dernier, toutes leurs prédictions ont volé en éclat devant le mur de la réalité. 

Donald Trump emporte le vote populaire

On le sait désormais, Donald Trump, et non pas Kamala Harris, a remporté le vote populaire, avec un total à ce jour de 74,6 millions de voix, c’est-à-dire 3,7 millions de voix d’avance sur sa concurrente démocrate, correspondant à une avance de 2,6 %. Le résultat final, une fois l'ensemble des voix des États de la côte ouest pris en compte, devrait être plus serré. Il n'en demeure pas moins que les sondages qui donnaient + 2 à Kamala Harris ont donc lourdement sous-estimé les votes en faveur du candidat républicain.

C’est la première fois depuis 20 ans qu’un candidat républicain obtient à l’échelle nationale plus de voix que son concurrent démocrate ; le dernier républicain ayant réalisé cet exploit étant George W. Bush pour sa réélection de 2004 dans le contexte de la guerre en Irak. 

Par comparaison, en 2016, Donald Trump avait certes obtenu une majorité de grands électeurs (304 contre 277 pour Hillary Clinton), mais il avait obtenu 2,9 millions de voix de moins que sa concurrente démocrate (62,9 millions contre 65,8 millions pour Clinton). En 2020, Donald Trump obtenait 7 millions de voix de moins que Joe Biden (74,2 millions contre 81,2 millions pour Biden). 

Donald Trump emporte le collège électoral

Donald Trump a obtenu 312 des 538 grands électeurs, soit 6 grands électeurs de plus que lors de son élection en 2016 (et le meilleur score pour un candidat républicain depuis 36 ans). La carte électorale ci-dessous symbolise à merveille la domination du candidat républicain à l’issue du vote du 5 novembre dernier (la couleur rouge étant celle de Donald Trump).

Donald Trump l’emporte dans chacun des 7 « Swing States »

Donald Trump, qui avait perdu en 2020 dans tous les Etats clefs, à l’exception de la Caroline du Nord, réalise cette fois-ci le grand chelem en arrivant en tête dans chacun des 7 Etats clefs, à savoir, dans la Rust Belt, le Michigan (+ 1,4), la Pennsylvanie (+ 2,1) et le Wisconsin (+ 0.9). 

Dans la Sun Belt, il arrive en tête en Arizona (+ 6,2), en Caroline du Nord (+ 3,4), en Géorgie (+ 2,2) et dans le Nevada (+ 3,1). 

En Arizona, que Trump avait perdu à 10.000 voix près en 2020, il devance Kamala Harris de plus de 180.000 voix ! Dans le Nevada, le score de Trump correspond à plus de 6 points de différence par rapport au sondage du New York Times précité du 3 novembre 2024.

Le raz-de-marée en Floride, dans l’Iowa et au Texas

En Floride, dans l’Iowa et au Texas, Donald Trump l’emporte avec 13 et 14 points d’avance sur Kamala Harris (56 % contre 43 % / 42 %). Pour l’Iowa, cela correspond à une sous-estimation du vote en faveur de Trump de 17 points par le sondage précité de Des Moines Register qui avait fait sensation.

Une victoire politique historique

Il revient en trombe » (« Trump storms back ») reconnaît en gros titre The New York Times le lendemain de l’élection. Le quotidien d’ajouter : “En remportant la Maison-Blanche à  nouveau , Donald Trump a effectué un  comeback politique remarquable qui a généré des félicitations de la part du monde entier” 

« Très peu de gens réalisent à quel point cette victoire est énorme. On a assisté à une transformation politique majeure. Il s'agit de la victoire électorale la plus éclatante de toute l'histoire de la guerre des cultures en Amérique " remarquent les intellectuels conservateurs au lendemain de l’élection.

Des instituts de sondage décrédibilisés

Comment les sondeurs ont-ils pu se tromper à ce point ? Comment ont-ils pu passer à côté d’un événement politique historique de cette importance ? Comment n’ont-ils pas vu que Trump allait réaliser en 2024, une performance électorale bien meilleure qu’en 2016 et en 2020 ?

 

Des experts totalement déconnectés de la réalité.

« Ce fut une élection qui a démenti tous les experts et tous les analystes » déclare le 6 novembre 2024 le sénateur républicain du Texas Ted Cruz (réélu pour un 3e mandat, avec 8 points d’avance sur son concurrent démocrate).

Le magazine Newsweek fait le même constat que le sénateur républicain : 

« En dépit des sondages et des observateurs qui prédisaient dans les derniers jours de la campagne une bataille très serrée pour la Maison-Blanche, l’ancien président a dépassé la barre des 270 grands électeurs et va emporter à la fois le vote populaire et les 7 Etats clefs une fois l’intégralité des votes décomptés. Plusieurs sondages, y compris ceux de FiveThirtyEight et du New York Times/Siena College, indiquaient une forte chance de Harris d’emporter le vote populaire, de l’emporter dans plusieurs des Etats clefs, et même d’emporter le collège électoral. Les républicains ont mis en lambeaux les experts, les sondeurs et leurs analyses selon lesquelles l’élection était incertaine et pouvait aller dans un sens ou dans un autre » (article de Newsweek du 7 novembre 2024).

La journaliste conservatrice Megyn Kelly enchérit : « Les résultats signalent l’effondrement total et absolu des instituts de sondage. Qui va écouter ces gens désormais ? » 

Certains sondeurs avaient pourtant clairement anticipé le succès de Donald Trump

Parmi la multitude d’instituts de sondage, tous ne se sont pas fourvoyés. Notamment, les instituts AtlasIntel et Rasmussen se seront distingués par l’efficacité de leurs méthodes de sondage lors de cette campagne électorale. 

Dans son sondage final publié 2 jours avant l’élection, AtlasIntel notait que Donald Trump arriverait en tête avec + 1 en Pennsylvanie et dans le Wisconsin, + 2 en Caroline du Nord, en Géorgie et dans le Michigan, + 3 dans le Nevada et + 5 en Arizona. AtlasIntel aura donc réussi à prédire avec une exactitude remarquable le résultat des élections, contrastant avec les errements des grands instituts de sondage. Déjà en 2020, AtlasIntel avait été très exact dans ses analyses et ses pronostics.

Dans son sondage final, Rasmussen prévoyait quant à lui 3 points d’avance pour Trump au titre du vote populaire. Bingo ! 

Mark Mitchell, le président de Rasmussen, déclare le lendemain de l’élection sur sa chaîne Youtube : « Bienvenue à Rasmussen reports, le sondeur indépendant qui est vraiment content ce matin car nous avons vu juste. C’est comme si on nous avait donné le résultat à l’avance

Il poursuit : « Les autres sondeurs trafiquent leurs modèles pour gonfler les intentions de vote en faveur de Kamala Harris. L’objectif est de provoquer un sentiment de confiance des électeurs démocrates et d’augmenter les levées de fonds ».

 

Elon Musk résume bien la situation

« Pour tous ceux qui, que ce soit en Amérique ou dans d’autres pays, trouvent ce résultat choquant, ils devraient reconsidérer d’où ils obtiennent leurs informations. Cette tendance était évidente sur X depuis des mois, mais presque tous les médias grand public traditionnels ont diffusé une réalité complètement fausse » (Elon Musk sur X le 9 novembre 2024). 

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