Laurent Fabius à Téhéran pour une visite historique
Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, est arrivé ce mercredi 29 à Téhéran pour la première visite officielle d'un chef de la diplomatie française depuis 12 ans. Un voyage officiel que le locataire du Quai d'Orsay a tenu à rendre la plus symbolique possible, moins d'un mois après la conclusion d'un accord historique entre l'Iran et les Occidentaux au sujet du nucléaire et de la levée des sanctions internationales qui pèsent sur le pays.
Une journée après Federica Mogherini, la chef de la diplomatie de l’Union européenne, qui s'est rendue en Iran mardi 28, Laurent Fabius a retrouvé à Téhéran son homologue Mohammad Javad Zarif. Il a ensuite été reçu par le président iranien, Hassan Rohani, qu'il a invité à se rendre prochainement à Paris. "Je suis porteur d'une invitation de la part du président de la République française au président iranien à se rendre en France, s'il le veut bien, au mois de novembre", a déclaré M. Fabius peu après son arrivée, lors d'une conférence de presse commune avec Mohammad Javad Zarif.
"Si j'avais à résumer en deux termes le sens et l'état d'esprit dans lequel j'accomplis cette visite, je dirais le respect et la relance", a-t-il ajouté. Au programme de cette visite, des discussions politiques, puisqu'aucun chef d'entreprise français n'accompagne le ministre des Affaires étrangères comme c'est traditionnellement le cas pour ce genre de déplacement. Il sera question de clore le dossier des sanctions économiques qui minent les relations franco-iraniennes.
Pour autant, Laurent Fabius n'arrive pas en terrain conquis, les conservateurs iraniens ne voyant pas d'un très bon œil la présence du chef de la diplomatie d'un pays qui a affiché une grande fermeté dans les négociations sur le nucléaire en Iran. Un "ennemi venant dans notre pays", a écrit l’agence de presse Fars, proche de l'aile conservatrice du pouvoir iranien.
Le Guide suprême de la Révolution islamique (la plus haute autorité politique et religieuse du pays), l’ayatollah Ali Khamenei, a tweeté pendant la visite de Federica Mogherini sur "les deux guerres mondiales dévastatrices" provoquées par "ces messieurs européens", et qui ont conduit à la "dangereuse et mortelle excroissance sioniste au cœur du monde islamique".
Le grand objectif de Laurent Fabius sera de prouver que la fermeté de la France dans le dossier nucléaire est motivée par une volonté forte de non-prolifération des armes nucléaires dans le monde, et non par une quelconque hostilité à l'égard de la République islamique iranienne.
Il pourrait également être question de la lutte contre l'Etat islamique en Syrie et en Irak. En effet, sans faire partie de la coalition internationale contre l'EI, l'Iran, qui soutient le régime chiite en Irak, est un allié objectif contre le groupe djihadiste. Téhéran aimerait un assouplissement des relations entre Bachar al-Assad, qu'il appuie, et les Occidentaux. Néanmoins, Laurent Fabius devra ménager la sensibilité des monarchies sunnites du golfe Persique avec lesquelles la France entretient des liens économiques étroits et dont l'hostilité contre le régime iranien chiite est de notoriété publique.
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