Le PDG de Pfizer refuse toujours d'être auditionné par les parlementaires européens
Selon une information rapportée par le site Internet Euractiv le 5 décembre, Albert Bourla a refusé pour la deuxième fois de se présenter devant la Commission spéciale du Parlement européen sur le Covid-19. Puisque le patron de Pfizer ne s’expliquera pas sur les contrats d’achat de vaccins durant l'épidémie, l’eurodéputée Michèle Rivasi appelle à sanctionner les représentants du laboratoire pharmaceutique.
Rappel sur le travail de la Commission spéciale du Parlement européen sur le Covid-19
La Commission spéciale sur le Covid-19 (dite Commission Covi), chargée d’examiner la réponse de l’UE à la pandémie, s’est constituée le 10 mars dernier. Elle est présidée par l’eurodéputée belge Kathleen Van Brempt et par quatre autres vice-présidents, dont la députée française Michèle Rivasi.
Le niveau de transparence entourant les contrats de vaccins anti-Covid-19 et le nombre de doses commandées sont des thèmes sur lesquels la Commission Covi souhaite se pencher. Un travail rendu difficile, puisqu’une première demande d’audition d’Albert Bourla avait déjà été refusée par ce dernier le 10 octobre. C'est Janine Small, présidente régionale de Pfizer et responsable du développement des marchés internationaux, qui s'était présentée à la place de son supérieur.
Lire aussi : Audition des eurodéputés sur les vaccins anti-Covid: beaucoup de questions, peu de réponses de Pfizer "
Entre Bourla et la Commission Covi, le bras de fer continue
Pour justifier son absence à l’audition, Albert Bourla écrit dans un courrier adressé aux europédutés : « Depuis l’audience d’octobre, nous n’avons pas d’autres informations à partager avec la commission, nous déclinons donc respectueusement l’invitation à revenir sur ces questions ».
Dans un tweet publié le lundi 5 décembre, la présidente de la Commission Covi Kathleen Van Brempt a dénoncé une nouvelle esquive de sa part : « En tant que présidente du comité, je regrette profondément le refus du Dr Bourla. L’UE a dépensé beaucoup de fonds publics pour la production et l’achat de vaccins. Le Parlement a le droit d'obtenir la transparence complète sur les modalités de ces dépenses et les négociations préliminaires qui les ont justifiées ». Et de marteler : « L'échec de la Commission européenne et de Pfizer à remédier à ce manque de transparence témoigne d'un mépris à l'égard du rôle du Parlement européen. » « M. Bourla a manifestement plus de temps pour des remises de prix », a raillé sur le réseau social l'eurodéputée Virginie Joron.
De quoi également susciter la colère de Michèle Rivasi, élue du Groupe des Verts dans l’hémicycle strasbourgeois. Dans une série de tweets, également publiés le 5 décembre, elle indique avoir proposé au Parlement européen que « les représentants de Pfizer soient interdits au Parlement, comme cela a été le cas pour Monsanto auparavant » en cas de refus d'une seconde invitation. Selon elle, sa proposition aurait été acceptée. Aussi, l'eurodéputée espère que « le Parlement européen appliquera sa décision sur le champ et sanctionnera Pfizer pour ce refus répété, injustifié et irrespectueux de répondre à nos questions [celles de la Commission Covi] ».
Affaire des SMS : le PDG de Pfizer, M. Bourla, vient de refuser de se présenter devant la Commission Covid pour la deuxième fois.
— Michèle Rivasi 🌍 (@MicheleRivasi) December 5, 2022
Après son premier refus, j'ai proposé qu'il soit réinvité pour qu'il s'explique face aux députés, comme l'ont fait les PDG d'autres laboratoires. 1/3 https://t.co/rzrczB3ENJ
Dans le cas où il refusait une deuxième fois notre invitation, j'avais proposé - et cela a été validé - que les représentants de Pfizer soient interdits d'accès au Parlement européen, comme cela a été le cas pour Monsanto auparavant. 2/3
— Michèle Rivasi 🌍 (@MicheleRivasi) December 5, 2022
J'espère que le Parlement européen appliquera sa décision sur le champs et sanctionnera Pfizer pour ce refus répété, injustifié et irrespectueux de répondre à nos questions. 3/3@kvanbrempt @JuttaPaulusRLP
— Michèle Rivasi 🌍 (@MicheleRivasi) December 5, 2022
Beaucoup de mystères entourent toujours les commandes de vaccins à ARNm de Pfizer-BioNTech passées avec la Commission, qui s’est aussi refusée à communiquer les prix pratiqués. Une affaire d'autant plus polémique qu'en avril 2021, le New York Times dévoilait l'existence d'échange de SMS entre Ursula von der Leyen et le PDG de Pfizer, tenus encore secrets à ce jour, dans le cadre des négociations autour d'un contrat d’achat de 1,8 milliard de doses de vaccin Pfizer/BioNTech contre le Covid-19.
En août 2021, la polémique redoublait d'ampleur après les révélations du Financial Times, qui avait eu accès aux contrats de vente conclus par Bruxelles. On apprenait alors que le laboratoire pharmaceutique avait obtenu une hausse de 25% du prix sur cette commande datant du mois de mai 2021. Chaque dose de vaccin Pfizer passait ainsi de 15,5 euros à 19,5 euros l'unité.
Autant d'éléments qui ont conduit le Parquet européen à ouvrir une enquête le vendredi 14 octobre dernier sur l’achat des vaccins par l'UE.
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