Les bombardements apparemment délibérés de civils par l’Ukraine, sont des crimes de guerre
CHRONIQUE - Pendant que l’Ukraine attirait l’attention de l’Occident avec des allégations vraisemblablement fabriquées de crime de guerres de masse des Russes à Izyum, elle bombardait plus que jamais les civils du Donbass, apparemment sans rechercher un objectif militaire. Cette manière de procéder n'était pas sans rappeler celle des Bosno-Serbes bombardant la ville de Sarajevo pendant la guerre civile bosnienne. Et cela constitue en soi des crimes de guerre.
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À l'époque ces bombardements serbes scandalisaient l’Occident, aujourd'hui, les bombardements ukrainiens laissent nos politiciens de marbre.
Médias occidentaux, entre silence, fake news grossières et début de changement d’attitude
Depuis le début de l’opération militaire spéciale russe en Ukraine, les médias occidentaux semblent bien discrets sur la question des bombardements sur les villes séparatistes. Cependant, le 13 juin, Reuters avait mentionné des bombardements dans un article, à la surprise de certains observateurs. Mais, pour TF1 Info, le 14 juin, c’étaient les Russes qui bombardaient Donetsk, causant quatre morts.
S’agissait-il d’incompétence grossière ou de malveillance ? Blâmer les Russes dans le titre et reconnaitre la responsabilité ukrainienne dans l’article peut-être l’un ou l’autre. Comme la plupart des gens ne lisent que les titres, on peut parfaitement induire en erreur l’essentiel du public tout en plaidant une erreur. Erreur ou pas, une blogueuse russe parlait de « fake news » de l’Occident.
Cela dit, l’article fut modifié le 15 juin, osant, cette fois, accuser les Ukrainiens. Mais, qui vérifie les infos de la veille ? Le mal était fait.
Du reste, quand on voit que la chaine de télévision allemande ARD a aussi osé avancer que les Russes étaient responsables du bombardement de Donetsk du 14 juin, avant de rétropédaler discrètement, on peut légitimement se poser la question d’une intentionnalité dans l’erreur et d’une démarche coordonnée. Si nos puissants médias en sont là, c’est que le niveau de manipulations est particulièrement grave. Une manière de procéder qui n'est pas nouvelle ; on en avait déjà eu un bon aperçu avec le traitement médiatique du Covid.
Une télévision francophone non identifiée a récidivé dans le mensonge grossier, concernant des bombardements sur la ville d’Energodar, le 1ᵉʳ septembre dernier. C'était le matin précédant l’arrivée de l’AIEA et selon les réseaux sociaux russes, les Ukrainiens avaient lancé un assaut amphibie à partir de la rive nord du Dniepr vers la centrale nucléaire qu’ils bombardaient depuis des semaines. Cela fut confirmé par le ministère russe de la Défense. Mais l’information avait été passée totalement sous silence dans les médias occidentaux en dessous de tout. Des hélicoptères russes KA-52 avaient été envoyés pour faire échec à cette opération. Cependant, dans le reportage de la chaine probablement française, l’association du bombardement dans la ville, probablement ukrainien et du vol des KA-52 sur une autre image était présentée comme la preuve que c’étaient les Russes qui bombardaient. Depuis, grâce au New York Times, on a eu confirmation que reprendre le contrôle de la centrale de Zaporojie était pour Kiev un objectif majeur, ce qui explique leur tentative de débarquement, qu’ils ont renouvelée le 3 septembre, toujours sans succès. Mais, quasiment personne n’a repris cette information.
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La nouvelle vague de bombardements meurtriers dans le Donbass
Cependant, le 19 septembre, à Donetsk, alors qu'il n'y a eu qu'une seule frappe, le bilan des victimes a été si élevé que la presse occidentale (notamment la BBC ou France TV info) a commencé à le remarquer. Une salve d’obus tirés en pleine ville, au milieu de la journée, a fait neuf morts, selon un bilan corrigé. L’aspect particulièrement gore des images, pire que Boutcha, avec des cadavres sanguinolents, littéralement coupés en deux en pleine rue, semble avoir réveillé la conscience de quelques journalistes et directeurs de publication, mais visiblement pas celle des politiques.
Deux jours plus tôt, le 17 septembre, un autre bombardement à Donetsk — attribué par les autorités locales aux canons Caesar de fabrication française — avait fait quatre morts. Si l'on doit chercher quelle était la cible de ce bombardement, mis à part de tuer des civils séparatistes au hasard, on peut supposer que l’objectif pouvait être le bâtiment administratif du quartier Vorochilovsky de Donetsk, puisque le toit du bâtiment a été détruit, d’après l’article. Le bureau de poste et le ministère de la Justice auraient également été touchés.
La capitale de la République Populaire de Donetsk (RPD) paye un lourd tribut, puisque le 22 septembre, un nouveau bombardement a causé six morts, dont un adolescent de 14 ans. Une équipe de France 2 qui était sur place a fait un reportage dans lequel les journalistes précisaient que « les séparatistes accusent les Ukrainiens qui n’ont pas démenti jusque-là ». Les images choquantes auraient sans aucun doute tourné en boucle et suscité l’indignation générale si les victimes étaient à Kiev, et l'on aurait entendu à nouveau les appels à sanctionner et juger les coupables. Mais là, non. Visiblement, on trouve cela normal. Les séparatistes ayant politiquement et juridiquement tort selon l’Occident, la valeur de leurs vies n’a pas d’importance. Nos amis ukrainiens ont donc carte blanche pour les massacrer.
Le 19 septembre, un autre bombardement sur le village de Krasnorechenskoye en République Populaire de Lougansk (RPL) faisait sept morts dont trois enfants, selon les autorités locales. Toujours le même jour et encore en RPL, dans la ville de Svatove, un hôpital a été bombardé, avec quatre roquettes HIMARS, d’après les informations disponibles. Ces roquettes de fabrication américaine sont si précises que la cible ne peut avoir été atteinte de manière accidentelle. Un des trous d’impact sur le toit aperçu dans la vidéo, de par son diamètre, est compatible avec l'impact que peut provoquer une telle roquette. Par ailleurs, la ville est à 40 km de la ligne de front. Seuls, les HIMARS peuvent être aussi précis à cette distance. Il y aurait des victimes, mais le bilan n’a pas été communiqué. L’hôpital, selon certaines sources, abritait des patients civils et des militaires blessés. Bombarder un hôpital est un crime de guerre[1].
Le 18 septembre, c’est la gare routière de la Svatove qui était dévastée par un autre bombardement, de même qu’un hôtel adjacent.
Le 20 septembre, un peu plus au nord, dans la ville de Nizhny Duvanka, qui est aussi à une quarantaine de km de la ligne de front, une école primaire et une école maternelle auraient été bombardées, là encore par des HIMARS, d’après les autorités de LPR. Il s’agirait théoriquement d’un crime de guerre, car les écoles sont des lieux protégés, sauf si elles étaient occupées par l’armée, ce qui reste à prouver. Une autre raison pouvant expliquer ce bombardement serait de dissuader l’organisation du référendum annoncé pour rejoindre la Fédération de Russie. En effet, comme partout, les écoles sont souvent des lieux où l’on vote. L’Ukraine montrerait ainsi qu’elle a le pouvoir de perturber sérieusement ce référendum auquel elle est farouchement opposée. Selon toute vraisemblance, si ces territoires deviennent partie intégrale de la Fédération de Russie, cela pourrait justifier une mobilisation de tout le pays en cas de continuation des attaques de l’Ukraine.
Les villes de Liman, assiégée au nord de la RPD, Kreminna en RPL ou Stakhanov et Alchevsk, qui sont pourtant plus éloignées de la ligne de front, ont, elles aussi, été touchées par des bombardements ces derniers jours. Le 27 septembre, c’est la ville de Bryanka en RPL qui était touchée, avec trois morts de plus. L’armée ukrainienne semble se lâcher comme jamais, comme pour punir ces villes coupables de trahison pour être prêtes à voter leur rattachement à la Russie ennemie.
[1] Mais si l’hôpital est utilisé à des fins militaires, il perd son statut d’objet protégé, selon le droit humanitaire. La question est de savoir si un hôpital civil qui soigne des militaires perd ou non son statut d’objet protégé. Non, car un soldat, mis hors de combat, comme un prisonnier, entre dans la catégorie « protégé ».
Comparaison avec les bombardements russes
Certains rétorqueront que les Russes auront fait pire, à Marioupol, à Vinnitsa ou à Krementchouk. Dans son rapport critique contre l’armée ukrainienne du 4 août, Amnesty International a aussi critiqué l’armée russe, ce qui était un exercice obligé pour paraitre "équilibré". L’ONG reprochait ainsi aux Russes une utilisation disproportionnée de la force, et l’utilisation de bombes à sous-munitions, sans même mentionner que l’Ukraine a utilisé massivement cet été dans le Donbass des bombes à sous-munitions, les mines-papillon PFM 1 «Lepestok ». Mais, jusqu’à preuve du contraire, les Russes ne bombardent jamais au hasard. À Vinnitsa et Krementchouk, où de nombreux civils seraient morts, ils visaient des objectifs militaires, mais certains missiles ont malheureusement raté leur cible, de peu, quand d’autres les ont atteints. J’ai appris récemment de source sûre qu’à Vinnitsa, une salle de réunion dans la Maison des Officiers, remplie de militaires ukrainiens, a bien été touchée, causant morts et blessés, tous des officiers supérieurs. Les télégrammeurs pro-russes avaient repéré les noms de trois des morts via des nécrologies trouvées sur internet.
Mais le grand public n’a retenu que la mort atroce d’une petite fille de 3 ans, à l’extérieur, sans qu’il soit bien clair de savoir si c’est un missile de la DCA ukrainienne ou un missile russe qui était responsable.
À Marioupol, il s’agissait de combats urbains pour la conquête. Les batailles urbaines sont toujours très destructrices quand assaillants et défenseurs sont déterminés. Cela aboutit à des tragédies extrêmement couteuses, et c’est pour cela que les Russes n’ont pas tenté de conquérir d’autres grandes villes après Marioupol. La décision du président Zelensky de ne pas évacuer ses troupes tant qu’elles le pouvaient, alors qu’il était évident qu’elles allaient être encerclées, et de leur donner l’ordre de se battre jusqu’au bout dans un combat sans espoir, a été lourde de conséquences. Tactiquement, militairement, humainement, ce fut un désastre. Ce fut pour l’Ukraine une sorte de Stalingrad. Mais, médiatiquement, symboliquement, ce fut une occasion de plus de diaboliser les Russes, en les contraignant à se battre pour chaque immeuble ou presque, et à dévaster la ville.
Connaissant la dureté des batailles urbaines, les Ukrainiens ne sont pas près de lancer un assaut sur Donetsk. Leurs bombardements n’ont donc aucun objectif militaire, en tout cas en apparence. À un moment donné, il faut oser dire ce que l'on voit, et ne pas avoir peur des mots qui conviennent. Ces bombardements en plein jour, en pleine ville, quand les rues sont pleines, qui peuvent frapper n’importe où, n’importe quand, ne semblent avoir d’autre but que de terroriser la population, ou de se venger d’elle. Il s’agit par conséquent de bombardements terroristes, au sens propre du terme. Et cela fait huit ans que ça dure, par vagues. Mais là, on est revenu aux périodes les plus noires de cette guerre du Donbass.
Le compte Telegram Masno commente que ces bombardements avaient pour but de court-circuiter le référendum à venir, pour effrayer les gens au point qu’ils ne se déplaceraient pas pour aller exprimer leur suffrage. Cependant, il conclut qu'en fait, « ces actes terroristes ne font que renforcer le désir du peuple du Donbass de devenir une partie de la Russie ». Le représentant de la LPR en Russie a également remarqué que Kiev a commencé à bombarder la LPR plus souvent après l’annonce du référendum.
Le bureau du médiateur des droits de l’homme de la RPD, que j’estime fiable dans son décompte, a recensé 921 tués et plus de 4 000 blessés parmi les civils à la date du 15 septembre, et ce, depuis le début de l’année. Lors de la prochaine mise à jour hebdomadaire, ce sera malheureusement bien plus.
Les bombardements sur la centrale de Zaporizhe
Les bombardements contre le site de la centrale nucléaire de Zaporizhe continuent. Le 20 septembre, le système de refroidissement a été touché de plein fouet, causant une importante avarie. L’AIEA s’est encore inquiété, mais n’a toujours pas osé nommer les coupables. On atteint des sommets de manipulation, d’hypocrisie et d’indécence dans cette affaire. Il est évident que si les Russes étaient coupables de faire du chantage nucléaire, ils seraient clairement dénoncés par la terre entière. Cependant, comme il s'agit des Ukrainiens, on laisse planer le doute, lâchement, sournoisement, et tous les gogos inondés à longueur de journée de propagande antirusse, dont la fonction analytique a été annihilée depuis longtemps, se persuadent que les Russes, dans leur démence destructrice, se bombardent eux-mêmes sur la centrale, juste parce qu’ils sont fous. Autrement dit, on a conditionné ces gens à penser que les Russes incarnaient le Mal et les Ukrainiens le Bien. Et dans leur vision simpliste et naïve du monde, le camp du Bien ne peut pas faire le mal. Donc, les Russes se bombardent eux-mêmes. Les propagandistes doivent être très fiers de leur réussite, et avoir un mépris profond pour tous ceux qu’ils arrivent si facilement à manipuler.
Dans ce contexte inouï, sur un réseau social, un internaute qui avait l’air assez éduqué était persuadé que l’AIEA avait dénoncé les Russes comme étant responsables des bombardements. Je lui ai demandé de prouver son allégation. Il n’a bien entendu pas pu répondre, puisque l’AIEA n’a jamais dit cela. Slobodan Despot, un brillant analyste de notre époque folle, très philosophe, disait dans son dernier éditorial-vidéo que « la mainmise totalitaire sur les esprits commence par la plongée dans l’absurde ». Ce qui se passe avec cette centrale de Zaporizje en est une démonstration flagrante. L’énormité et le niveau d’absurdité du mensonge sont tels dans cette affaire, que même des gens intelligents peuvent ne plus savoir quoi penser, alors ils inventent des faits pour tenter de donner du sens à ce qui ne peut autrement en avoir, et ce, afin d'accorder leur pensée à leur vision du monde.
Bombardements tous azimuts de l’Ukraine sur les autres régions et la Russie, et menaces nucléaires
Mais, l'Ukraine ne se contente pas de bombarder les villes du Donbass ou la centrale de Zaporojie, elle a aussi, ces derniers jours, bombardé le parlement de Kherson (causant trois morts), re-bombardé Nova Kakhovka, ainsi que la région de Zaporojie.
Par ailleurs, elle bombarde aussi depuis des mois le territoire russe lui-même, notamment les régions frontalières de Belgorod et Kursk, où il y a eu des victimes civiles. La ville de Valyuki, que l’artillerie ukrainienne ne pouvait atteindre avant d’avoir repris les territoires de la région de Kharkov, a été touchée pour la première fois ces derniers jours. Une percée au niveau de Nova Tavolzhanka avec 2 000 soldats aurait même été tentée tout dernièrement.
Pour bien démontrer que l’Ukraine ne se fixe aucune limite, le 21 septembre dernier, Mikhailo Podolyak, un haut conseiller du président Zelensly, l’homme qui gère la communication de la présidence, a fait la déclaration suivante, reprise par le Guardian :
« Les autres États nucléaires doivent dire très fermement que dès que la Russie ne fera que seulement penser à effectuer des frappes nucléaires sur un territoire étranger — dans ce cas, le territoire de l'Ukraine — il y aura des frappes nucléaires de représailles rapides pour détruire les sites de lancement nucléaire en Russie »[2].
Tucker Carlson, peut-être le seul journaliste de renom en Occident qui ose s’opposer au soutien inconditionnel à l’Ukraine, a commenté cette citation dans son émission du 23 septembre intitulée « c’est de la folie (this is insane) ». Il l’a énoncée deux fois, pour que les gens en mesurent bien la portée. Ce que préconise l’Ukraine, c’est de lancer des frappes nucléaires en premier sur la Russie. Voilà ce qu’ils souhaiteraient que nous fassions, et voilà ce qu’ils seraient tentés de faire eux-mêmes s’ils avaient encore des armes nucléaires.
Comme il est improbable, à ce stade, que l’Occident accède à cette folle demande des Ukrainiens, d’après un compte sur Telegram, le bureau de la présidence de l’Ukraine aurait créé un quartier général avec des militaires et des scientifiques pour développer dans l’urgence des armes nucléaires. Et, selon le porte-parole du Conseil National de Sécurité et de Défense de l’Ukraine, l’utilisation d’armes nucléaires par la Fédération de Russie n’arrêtera pas l’Ukraine dans la défense de ses territoires. Le risque d’annihilation ne semble même pas les dissuader. Le pire est donc à craindre. Voilà le pays derrière lequel l’Occident a décidé de se ranger comme un seul homme.
On pourra rétorquer que l'Ukraine est un pays attaqué qui se défend comme il peut. Mais, c'est aussi un pays qui opprime sa minorité russe depuis 8 ans ; un pays qui a rejeté le compromis des Accords de Minsk, un pays qui a aussi décidé de ne plus négocier avec son puissant voisin et de jouer la carte de la guerre totale.
Dans ce contexte, il fait peu de doutes que si les Ukrainiens obtiennent des Américains les missiles ATACMS de 300 km de portée qu’ils réclament, ils s’en serviront pour bombarder encore plus loin en territoire russe. Il n’est donc pas étonnant que la Russie ait prévenu qu’elle considèrera officiellement les États-Unis comme cobelligérants s’ils fournissent ces missiles à l’Ukraine.
[2] “The other nuclear states need to say very firmly that as soon as Russia even thinks of carrying out nuclear strikes on foreign territory – in this case the territory of Ukraine – there will be swift retaliatory nuclear strikes to destroy the nuclear launch sites in Russia”
L’OTAN et la France en accusation
La 55ᵉ brigade d’artillerie ukrainienne est équipée de canons Caesar, le fleuron de la technologie militaire française.
Les premières allégations d’utilisation d’armements de l’OTAN dans ces bombardements contre les civils par l’Ukraine datent au moins du 29 mai. J’avais préparé un article inachevé début juillet à ce sujet. Les canons M777 américains et Caesar français étaient déjà pointés du doigt. Certains allaient jusqu’à accuser la France de complicité de crime de guerre et même de complicité de terrorisme, car ces internautes étaient déjà certains que ces obus aux capacités meurtrières parfois décuplées ne sont pas utilisés uniquement contre des militaires. Un twitteur prétendait avoir vérifié (on ne sait trop comment) qu’un canon Caesar apparu dans une vidéo tirait dans la direction de Donetsk.
Indice plus convaincant, un obus non explosé a été photographié le 12 juin, apriori à Donetsk. On reconnait sur la photo un officier du CCCC (centre conjoint de coordination et de contrôle) de la RPD, l’unité militaire chargée des études d’impacts, malheureusement très expérimentée. L’obus, photographié de plus près, porte la mention « Murat »[3]. Selon ce lien, il s’agirait bien d’un obus français pour canon Caesar.
Selon le CCCC, les récents bombardements particulièrement meurtriers à Donetsk des 17 et 22 septembre seraient dus à des obus de 155 mm au format OTAN, et plus précisément des obus français LU 211, d’après Donbass-Insider. Sur les photos des fragments de l’attaque du 22 septembre, on distingue les lettres LU sur un éclat et FE sur deux éclats. Étant donné l’épaisseur des éclats, c’est de l’artillerie lourde, 152 ou 155 mm. Mais, les lettres en alphabet latin démontrent qu’il s’agit d’obus au format OTAN, c’est donc du 155 mm. « LU » évoque LU 211, les obus de la société française Nexter, décrits dans les pages 13 et 14 de son catalogue, spécialement étudiés pour les canons Caesar. Sur les photos du bombardement du 17 septembre, on distingue des lettres en alphabet latin sur la pointe récupérée d’un obus, la partie que l’on appelle « fuze » en anglais[4]. Donc, là encore, on est certain qu’il s’agit d’obus de l’OTAN. Par recoupement des débris variés dont ils disposent, on peut penser que les officiers du CCCC peuvent identifier d’autres caractéristiques des différents obus de 155 mm — comme un certain type de rayure vu sur plusieurs photos, ou le type de « fuze » utilisé — et ainsi identifier plus précisément les obus français.
On se souviendra que la France avait déjà été accusée des mêmes maux, de complicité de crimes de guerre, après sa livraison des mêmes canons Caesar à l’Arabie Saoudite. On se souvient aussi des dénégations de notre ministre de la Défense de l’époque, Florence Parly, jurant la main sur le cœur que les armes françaises ne servaient pas à tuer des enfants au Yémen. Et comment vérifie-t-on cela ? Ce genre d’affirmations ne convainc que ceux qui veulent bien l’être.
Cependant, en RPD, contrairement au Yémen, il y a des gens expérimentés et compétents qui récupèrent des débris d’obus sur les sites. Ils appliquent les mêmes méthodes que l’OSCE quand elle était encore sur place. Et, ces débris sont des preuves.
Mais, on pourra toujours imaginer que le CCCC pourrait prendre des débris d’un autre endroit, pour les présenter comme des débris d’obus ayant tué des civils. Il ne s’agit donc pas de preuves incontestables. Cependant, il y a bien des obus qui tuent des civils. Avec toutes les informations disponibles, la probabilité que des obus français soient utilisés pour commettre des crimes de guerre est très élevée.
C’est donc sans se cacher, grâce à l’argent de nos impôts, que des dizaines de civils ont été tués sans raison valable à Donetsk. La France se retrouve ainsi probablement complice de crimes de guerre. Les Français doivent le savoir.
Le risque que cette quasi-cobelligérance de l’Occident dégénère en conflit ouvert avec la Russie augmente après chaque bombardement attribué aux armements de l’OTAN. Après, l’annexion de la RPD et des autres territoires à la Russie, ce genre de bombardement sera diplomatiquement encore plus explosif. Il faudrait un véritable débat en France à ce sujet, avant de marcher plus encore vers l’abîme.
[3] (Compte Twitter maintenant suspendu)
[4] Je dois avouer que je ne sais pas comment s’appelle cette partie de l’obus en français. Et, le catalogue de NEXTER, signe des temps, est en anglais.
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