Migrants : la photo qui choque l'Europe
L'image, insoutenable, a fait le tour du monde. Celle du corps d'un enfant syrien sur la plage turque de Bodrum, célèbre station balnéaire de Turquie. Depuis des mois, ils sont des milliers à avoir fuit les combats. Nombre d'entre eux ont perdu la vie, et des photos de ces drames avaient déjà été diffusées. Mais cette fois-ci, l'horreur a un visage et un nom. Celui d'Aylan Kurdi, 3 ans, face contre le sable au bord de l'eau, ou dans les bras d'un policier turc.
Selon la presse turque, le jeune garçon avait fuit avec sa famille la ville de Kobané, théâtre d'intenses combats entre les milices kurdes et les combattants de l'Etat islamique (Daech). Il se trouvait sur une des deux embarcations qui avaient à leur bord 23 personnes avant de couler dans la nuit de mardi 1er à mercredi 2. Sa mère et son grand-frère de cinq ans feraient également partie de la dizaine de victimes.
L'image a été largement partagée sur les réseaux sociaux, provoquant l'indignation face à l'inaction (ou l'impuissance) des autorités européennes. Peter Bouckaert, directeur des situations d'urgences de l'ONG Human Rights Watch (HRW), a été parmi les premiers à relayer cette photo sur son compte Twitter, accompagnée du message: "Arrêtez-vous juste un instant et imaginez que c'est votre enfant".
Dans une tribune publiée sur le site de HRW (en anglais), il explique pourquoi il a finalement choisi de relayer cette terrible image: "Certains disent que l'image est trop offensante pour être partagée en ligne ou imprimée dans nos journaux. Mais ce que je trouve offensant c'est que des corps d'enfants noyés viennent s'échouer sur nos rivages, alors que l'on aurait pu en faire plus pour leur sauver la vie".
De nombreux journaux européens ont consacré leur Une à cette image ce jeudi 3: "Ces images pourront-elles éveiller les consciences?", peut-on lire dans le quotidien belge Le Soir. "Si ces images extraordinairement fortes d'un enfant syrien rejeté sur une plage ne modifient par l'attitude de l'Europe vis-à-vis des réfugiés, qu'est-ce qui le fera?", s'interroge The Independent (Grande-Bretagne). "Le drame migratoire secoue l'Europe" pour El Pais (Espagne). Et en Italie, La Repubblica titre sur "la photo qui secoue le monde".
Le Premier ministre Manuel Valls lui-même a fait le choix de partager cette image choquante sur son compte Twitter avec le message: "Il avait un nom: Aylan Kurdi. Urgence d'agir. Urgence d'une mobilisation européenne".
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