Mouammar Kadhafi : le mystère plane toujours autour de la fortune du dictateur libyen
Etats-Unis, Italie, Suisse, Afrique du Sud, cabinet panaméen Mossack Fonseca... Il semblerait que l'argent de Mouammar Kadhafi soit disséminé un peu partout à la surface du globe sous des formes diverses et variées. Car depuis la mort du dictateur libyen en 2011, le monde essaye désespérément de retrouver la piste de sa fortune colossale, estimée entre 100 et 400 milliards de dollars, pour le rendre à son peuple. Mais la comptabilité de l'argent accumulé à partir des revenus de la manne pétrolière par le clan Kadhafi était tellement opaque, avec une grande partie des fonds en liquide, que la tâche s'avère des plus ardues. D'autant plus que les investissements réalisés par le "Guide" à l'étranger n'étaient ni planifiés ni coordonnées, se faisant selon son humeur, tantôt pour plaire à un dirigeant africain tantôt pour s'attirer la sympathie d'un politique occidental.
Sous le régime Kadhafi, l'argent du pétrole est réinvesti via des fonds souverains. Le plus important est le Libyan Investment Authority dirigé par Bachir Saleh. Ce Toubou, ethnie minoritaire en Libye, soudoyait les dirigeants politiques, hommes de culture et lobbyistes avec des mallettes d'argent et ordonnait des placements financiers à l'étranger comme l'acquisition de biens immobiliers. A la chute du régime, son exfiltration de la Libye par la Tunisie aurait été organisée par le gouvernement français qui l'aurait accueilli à Paris avec un titre de séjour avant de l'encourager à s'enfuir un peu plus loin quand la justice a voulu l'interroger dans le cadre de l'enquête sur le financement présumé de la campagne de Nicolas Sarkozy par Mouammar Kadhafi, selon Le Monde. Recherché par Interpol il finit par trouver refuge en Afrique du Sud où il se trouverait toujours.
Le pays est d'ailleurs soupçonné d'avoir été la "machine à laver" de l'argent sale libyen. Car l'ANC au pouvoir depuis plus de 20 ans n'a jamais caché sa proximité avec le régime de Kadhafi qui a partiellement financé sa lutte contre l'apartheid. Selon Erik Goaied, un homme d'affaires tuniso-suédois qui s'est lancé dans la traque de ces fonds, des milliards en liquide se trouveraient dans les banques sud-africaines.
Une autre partie des fonds du clan Kadhafi est gelé dans des banques européennes, surtout suisses, et américaines. Or ces institutions refusent de débloquer l'argent sous prétexte qu'il risquerait de tomber entre de mauvaises mains étant donnée l'instabilité de la Libye depuis la chute du régime. La Suisse, par exemple, a gelé près de 15 millions d'euros. A cela s'ajoutent des biens immobiliers disséminés un peu partout à la surface du globe, parmi lesquels l'immeuble du 17ème arrondissement de Paris qui abrite la Fnac, des centaines de milliers d'hectares de terres agricoles du fleuve Niger ou encore les hôtels du groupe Laico. Et, d'après les révélations faites par Abdullah Sanussi, l’ancien chef du renseignement, en 2012, une partie des réserves d'or du régime serait enterrée dans le désert libyen. Enfin, la révélation du scandale des Panama Papers en avril 2016 a montré que plus d'une centaine de sociétés reliées à Ali Dabaiba, un proche de Kadhafi, étaient protégées par des sociétés-écrans gérées par le cabinet panaméen Mossack Fonseca.
En conclusion, il semblerait que les Libyens, qui ont pourtant désespérément besoin de cet argent, ne soient pas prêts d'en voir la couleur.
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