Les pays accueillant des "nomades numériques" créent des bulles de privilégiés

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FranceSoir
Publié le 20 juillet 2022 - 12:55
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Ces télétravailleurs sont en effet souvent des jeunes, qui pourraient facilement choisir de changer leur statut de nomade pour décider de rester de façon permanente
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Le télétravail faisant mouche, plus de 25 pays ont lancé des programmes de visas ciblant les "nomades numériques". L'objectif : faciliter l’installation des travailleurs freelance, qui s’exilent à l’autre bout du monde pour travailler en paix. Les Émirats arabes unis, l’Argentine ou encore l’Italie, tentent d’attirer ces voyageurs-travailleurs à tout prix. Mais comme le souligne la BBC, les conditions d’accueil de ces derniers créent des bulles artificielles de personnes privilégiées, coupées des conditions locales.

Attirer des profils spécifiques et alimenter l’économie locale

Pour certains pays, simplifier ou encadrer les procédures légales permettant à des étrangers de s’installer dans une région touristique pour travailler à distance, peut être une stratégie intéressante. Cela attire de nouveaux profils, dans des pays qui manquent parfois de compétences spécifiques, allant de l'architecture à l'ingénierie.

Ces pays voient aussi dans les "nomades numériques" un marché de consommateurs qui alimentent l’économie locale. Parfois même, une manière de rajeunir la population vieillissante, car ces télétravailleurs sont souvent jeunes, et pourraient facilement choisir de changer leur statut de nomade pour décider de rester de façon permanente dans leur pays d’accueil.

Lire aussi : Au Japon, un café vérifie que les télétravailleurs respectent leurs deadlines de travail

En mars 2021, les Émirats arabes unis (EAU) ont dévoilé un permis de résidence d'un an pour les travailleurs à distance. Ce visa permet de vivre à Dubaï tout en continuant à travailler pour des employeurs à l'étranger, d’accéder à une carte d'identité de résident et à la plupart des services publics. En général, la durée du séjour varie de six mois à deux ans, selon le pays émetteur du visa. Les avantages varient aussi : l'Argentine, par exemple, prévoit d'offrir aux "nomades numériques" de nouveaux tarifs préférentiels pour le visa, l'hébergement, les espaces de coworking et les vols intérieurs avec Aerolíneas Argentinas. De son côté, l'Italie a dépensé plus d'un million d'euros pour renforcer les réseaux informatiques, améliorer les transports et moderniser les infrastructures rurales, dans l'espoir que les nomades numériques repeuplent les zones rurales. Le Chili, quant à lui, offre depuis 2010 des incitations en espèces aux entrepreneurs étrangers, pour encourager le développement de petites entreprises et start-ups gérées par des étrangers.

"Des bulles de privilégiés"

Cela étant, la prolifération des "nomades numériques" peut aussi induire une augmentation du coût de la vie locale, ainsi qu'une concurrence plus importante pour l’accès aux ressources.

Le phénomène donne naissance à des "bulles de privilègiés", selon Kate Hooper et Meghan Benton, auteurs du rapport du Migration Policy Institute. Accueillir une classe de travailleurs qui utilise les infrastructures et les services locaux (parfois inadaptés aux pratiques étrangères), mais sans payer d'impôts sur place — la plupart des nomades les paient encore dans leur pays d'origine pour conserver leur citoyenneté ou recevoir des prestations de santé publique, c'est une politique que d'aucuns considèrent injuste. Si bien que certaines villes telles que Bali (Indonésie) et Goa (Inde) luttent contre ces problèmes. Selon certains voyageurs, ce sont aussi les visas de tourisme qui peuvent pâtir de cet engouement pour le télétravail.

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