Nord Stream : des révélations que les États-Unis et l’Ukraine auraient préféré éviter
NORDSTREAM - Le président ukrainien demande-t-il à la presse de cacher des informations ? Ou estime-t-il que les services secrets américains ont menti aux journalistes ? Ce vendredi 10 mars, le président Zelensky a accusé les médias "de faire le jeu de la Russie ". Le résident du Palais Mariyinsky n’apprécie pas que le New York Times pointe du doigt la responsabilité d’un groupe “pro-ukrainien”, pourtant non affilié au gouvernement de Kiev, dans l’explosion des gazoducs Nord Stream 1 et 2. Sous la pression de la “ communauté internationale” de plus en plus forte, les États-Unis n’ont quant à eux plus d’autre choix que de révéler certains éléments confidentiels de leur enquête.
Le 7 mars, le journal The New York Times a publié de nouvelles informations qui sèment encore un peu plus le doute quant à l’origine des récentes explosions en mer Baltique.
"Il est très dangereux que certains médias indépendants prennent de telles initiatives"
La piste du sabotage russe prend officiellement du plomb dans l’aile. La théorie était déjà bien entamée par les révélations de Seymour Hersh en février dernier. Le journaliste d'investigation avait affirmé que des plongeurs de l’US Navy avaient posé des explosifs sur les gazoducs russes en juin 2022 avant de les faire exploser quelques mois plus tard.
Avec les nouvelles révélations du Times, il ne s’agit plus d’incomber la responsabilité du sabotage à la Russie ou aux États-Unis, mais à un "groupe pro-ukrainien". Devant les caméras ce vendredi 10 mars, le président Volodymyr Zelensky a nié toute implication de son pays dans les explosions des gazoducs. Il n’a pas non plus manqué de critiquer le traitement médiatique réservé à l’incident.
"Je pense qu'il est très dangereux que certains médias indépendants, que j'ai toujours traités avec beaucoup de respect par ailleurs, prennent de telles initiatives. Je pense que cela fait que le jeu de la Russie", a déclaré Zelensky lors de la conférence de presse suivant sa rencontre avec le Premier ministre finlandais. Le président ukrainien semble apparemment déplorer que l’enquête n’aille pas dans le sens qu’il espérait.
Si la nouvelle version du Times se confirme, les conséquences pourraient s’avérer dévastatrices pour l’Ukraine.
De graves conséquences qui pourraient fragiliser l’aide fournie à l’Ukraine
En effet, l'Allemagne est le pays de l'Union européenne qui fournit le plus d'argent et d'armes à l’Ukraine. S’il est prouvé que cette dernière attaque les ressources énergétiques de son principal allié européen, Berlin pourrait tout simplement décider de ne plus soutenir Kiev. D’ailleurs, toujours selon The Times, c’est pour cette raison que les agences de renseignement occidentales auraient dissimulé l’information jusqu’à maintenant.
Cependant, la communauté internationale se fait de plus en plus pressante pour exiger une enquête approfondie sur l’incident. Mardi 21 février, Zhang Jun, le représentant permanent de la Chine aux Nations Unies, a requis l’ouverture d’une enquête internationale indépendante afin de “découvrir la vérité et identifier les responsables” des explosions des gazoducs Nord Stream.
Pour Washington, saisir l’opportunité de révéler dans la presse américaine cette nouvelle hypothèse d’une attaque perpétrée par un "groupe pro-ukrainien", n’étant pas officiellement affilié au gouvernement de Kiev, pourrait être le bon compromis pour réagir aux pressions internationales. Mais, en accusant l’Ukraine, la Maison Blanche pourrait aussi tenter de faire diversion afin de détourner l’attention de sa propre culpabilité.
C’est en tout cas ce que semble croire Seymour Hersh, qui a éclaté de rire après avoir entendu la nouvelle théorie du New York Times. Il annonce publier les résultats de sa propre enquête cette semaine.
UPDATE - U.S. journalist Seymour Hersh says, "they can't be that stupid" in reaction to NYT's article claiming a "pro-Ukrainian group" carried out the Nord Stream attacks. pic.twitter.com/SB2RK9Xekk
— Disclose.tv (@disclosetv) March 8, 2023
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