L'Ukraine demande l'abandon du projet Nord Stream 2
Le président ukrainien Petro Porochenko a demandé lundi l'abandon du projet controversé de gazoduc Nord Stream 2, accusant la Russie de vouloir imposer un "blocus économique et énergétique" contre l'Ukraine.
"Le projet est sans fondement économique", assure M. Porochenko dans une interview au quotidien allemand Handelsblatt, à la veille d'une rencontre avec la chancelière Angela Merkel à Berlin.
L’Allemagne a levé fin mars les derniers obstacles à la construction et à l'exploitation dans ses eaux du gazoduc Nord Stream 2, un projet russe soutenu par Berlin mais critiqué au sein de l'Union européenne.
Au centre d'un important bras de fer entre Moscou et la Commission européenne, le projet vise à doubler d'ici fin 2019 les capacités de son grand frère Nord Stream 1, et permettre à davantage de gaz russe d'arriver directement en Allemagne, via la mer Baltique, donc sans passer par l'Ukraine.
Gazprom justifie sa construction par la croissance attendue de la demande européenne dans les années à venir.
M. Porochenko estime qu'une modernisation du gazoduc trans-ukrainien était possible à un moindre coût, alors que Nord Stream 2 n'est à ses yeux qu'un "projet politique financé par la Russie".
"Nord Stream 2 est un pot-de-vin politique en contrepartie de la loyauté envers la Russie, afin d'imposer un blocus économique et énergétique contre l'Ukraine", affirme le président ukrainien, accusant Moscou et le fournisseur russe Gazprom d'être un "partenaire pas du tout fiable, aussi dans le secteur de l'énergie".
Gazprom couvre environ le tiers de la consommation de gaz du continent européen et une partie, de moins en moins élevée, de ce gaz transite par l'Ukraine.
L'Ukraine et la Russie ont déjà connu plusieurs "guerres du gaz" depuis 15 ans, dont certaines avaient perturbé les fournitures russes à plusieurs pays européens.
Les deux pays sont à couteaux tirés depuis l'arrivée au pouvoir à Kiev d'autorités pro-occidentales à la suite du soulèvement du Maïdan pendant l'hiver 2014 et au renversement du président prorusse Viktor Ianoukovitch, réfugié en Russie.
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