Toujours controversé, Nord Stream 2 sera bien achevé en fin d'année

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Par Mathieu FOULKES - Lubmin (Allemagne) (AFP)
Publié le 27 mars 2019 - 12:45
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Le chantier de construction du gazoduc Nord Stream 2, le 26 mars 2019 à Lubmin, en Allemagne
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© Tobias SCHWARZ / AFP
Le chantier de construction du gazoduc Nord Stream 2, le 26 mars 2019 à Lubmin, en Allemagne
© Tobias SCHWARZ / AFP

Honni par les Etats-Unis, Nord Stream 2, le projet controversé de gazoduc entre la Russie et l'Allemagne, va comme prévu voir le jour en fin d'année, assurent ses promoteurs en pleine opération de communication.

Signe que le chantier avance selon le calendrier prévu, pour une mise en service en 2020 du double pipeline, le consortium d'entreprises piloté par le géant russe Gazprom multiplie les visites de presse sur le site allemand du chantier, au bord de la Baltique.

Le projet suscite toujours l'ire des Etats-Unis, qui accusent l'Allemagne d'accroître sa dépendance au gaz russe et pressent Berlin d'importer du gaz naturel liquéfié américain. Soucieux de ménager les deux super-puissances, le gouvernement allemand a donné mercredi son accord à la construction de terminaux méthaniers destinés à importer du GNL en provenance d'outre-Atlantique.

A Lubmin (Mecklembourg-Poméranie), sur les rives de la mer Baltique, à l'orée d'une forêt de pins, le chantier du pipeline s'étale sur plusieurs hectares. Au large, des centaines d'ouvriers s'affairent sur une vingtaine de navires pour achever l'ouvrage, qui traversera au total cinq pays - Russie, Finlande, Suède, Danemark et Allemagne.

- Projet pharaonique -

"Les principales installations sont en place, les vannes d'arrêt ont été installées, donc on peut partir du principe que le projet sera bien achevé d'ici fin 2019", et complètera Nord Stream 1, gazoduc actif depuis 2012, assure le porte-parole du projet, Jens Mueller.

Le pipeline, en acier doublé de béton, doit permettre d'acheminer sur une distance de 1.230 km du gaz russe vers l'Allemagne et le reste de l'Europe, en contournant le principal point de passage jusqu'ici, l'Ukraine, dont les relations avec la Russie restent extrêmement conflictuelles.

Le dernier obstacle à ce projet pharaonique, d'un coût de 11 milliards d'euros, est en passe d'être levé: le Danemark s'apprêterait à donner son accord pour que le gazoduc, d'une capacité de 55 milliards de m3 par an, traverse sa zone économique exclusive, bande située au delà de ses eaux territoriales.

"Nous avons de bonnes raisons de penser" que le feu vert sera donné "dans un avenir proche", avance Jens Mueller.

Et même si les Danois ne donnaient que tardivement leur accord, la compagnie pourrait faire face en envoyant des bateaux supplémentaires, plastronne le porte-parole.

Ses promoteurs affirment qu'il permettra de sécuriser l'approvisionnement en gaz de l'Europe, et ce à moindre prix. Et ils soupçonnent les Etats-Unis par leur opposition frontale de chercher surtout à vendre leur propre gaz aux Européens.

Au troisième trimestre 2018, l'Ukraine était la voie principale, couvrant 48% du gaz venu de Russie, selon la Commission européenne.

Les opposants au projet déplorent en particulier qu'il prive l'Ukraine de lucratives redevances.

- Sanctions américaines ? -

La route du gaz continuera cependant à passer par l'Ukraine, où transitent chaque année 93 milliards de m3, sur un total annuel de 170 milliards de m3 de gaz russe à destination de l'Union européenne. "Nord Stream 2, ce ne sera +que+ 55 milliards de m3", relève M. Mueller.

Ses détracteurs, en particulier les pays de l'Est comme la Pologne, jugent que le projet Nord Stream vise à la fois pour Moscou à isoler un peu plus l'Ukraine, avec qui la Russie est en conflit depuis des années, et à rendre l'Europe dépendante sur le plan énergétique.

Quant aux menaces de sanctions américaines, elles ne semblent pas non plus en mesure de retarder le projet, initié en 2013.

Derrière la réticence de façade chez Nord Stream à "commenter des décisions politiques", les conseillers font valoir que le projet ne tomberait pas sous le coup de la loi Caatsa (Countering America's Adversaries Through Sanctions Act). Adoptée par le Congrès américain en 2017, elle visait notamment à punir la Russie pour son attitude en Ukraine et son éventuelle ingérence dans l'élection présidentielle américaine.

En janvier, le remuant ambassadeur des États-Unis en Allemagne, Richard Grenell, un proche de M. Trump, avait pourtant averti les entreprises allemandes impliquées dans le projet qu'elles pourraient être sanctionnées.

Interrogé par l'AFP, le gouvernement allemand se retranche derrière le caractère "privé" de ce projet et se refuse à tout commentaire au sujet d'éventuelles sanctions.

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