Surtaxe des véhicules électriques fabriqués en Chine : Les négociations entre Pékin et Bruxelles butent sur des “divergences importantes”

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France-Soir
Publié le 14 octobre 2024 - 09:30
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Se dirige-t-on vers un arrangement entre l’UE et la Chine à propos de la surtaxe des véhicules électriques ? Malgré une “attitude constructive” de part et d’autre ainsi que des “progrès importants”, les deux parties butent encore sur des “divergences importantes”, selon le ministère chinois du Commerce. Pékin, qui confirme de la sorte une discorde profonde après des mois de tensions, convie les négociateurs européens à un autre round en Chine, dans l’espoir de faire lever la surtaxe pouvant aller jusqu’à 23%, adoptée la semaine dernière par les 27 et dont l’entrée en vigueur est prévue pour le mois en cours.   

Le 4 octobre dernier, l'Union européenne a approuvé l'imposition de nouveaux tarifs douaniers sur les véhicules électriques importés de Chine, pouvant atteindre jusqu'à 45% en plus des 10% existants, pour une durée de 5 ans. Cette décision a été soutenue par 10 États membres, avec 5 votes contre (dont l'Allemagne) et 12 abstentions. 

Des négociations poussives 

Ce vote constituait une décision finale et venait confirmer des taxes provisoires mises en place en juillet 2024, une mesure qui faisait suite à une enquête lancée en octobre 2023 et menée par la Commission européenne (CE) pour déterminer si les constructeurs chinois bénéficiaient de subventions gouvernementales. Celles-ci constituent, aux yeux de l’UE, une concurrence déloyale pour les fabricants européens.   

La Chine a immédiatement exprimé son mécontentement en saisissant l’OMC et en soulignant que ces taxes pourraient nuire aux relations commerciales entre l'UE et la Chine. Pékin a dénoncé “un comportement purement protectionniste”, avertissant sur les répercussions possibles d’une telle mesure, et soulignant sa ferme intention de “prendre toutes les mesures pour défendre fermement ses droits légitimes”. La Chine avait d’ailleurs annoncé une enquête antidumping sur les importations de porc européen, suivant celle déjà ouverte sur les eaux-de-vie de vin de l'UE ; à l’image du cognac.   

Après le vote du 04 octobre dernier, l’enquête antidumping sur le cognac a vite laissé place à des mesures temporaires. “À partir du 11 octobre 2024, les opérateurs importateurs doivent fournir la marge correspondante aux douanes de la République populaire de Chine”, avait annoncé le ministère chinois du Commerce. “Nous pensons que ces mesures sont infondées et nous sommes déterminés à défendre l’industrie européenne contre l’utilisation abusive d’instruments de défense commerciale”, a réagi la CE.

La même institution répétait être prête “à continuer à négocier une alternative”, comme un réexamen des prix à la clé ou surtout, un engagement pékinois à investir sur le sol européen pour fabriquer ses véhicules électriques. Mais, à l’issue de huit rounds depuis le 20 septembre, des “divergences majeures” subsistent, a déploré samedi 12 octobre le ministère chinois du Commerce.  

Bien que les négociateurs aient “fait des progrès importants dans certains domaines”, explique-t-on,” ils ne sont pas parvenus à une solution acceptable pour les deux parties”. Pékin a de ce fait invité les négociateurs de l'UE au prochain cycle de négociations qui doit se dérouler en Chine. 

“Nous espérons que l'UE pourra rencontrer la Chine à mi-chemin, prendre des dispositions pour se rendre en Chine dès que possible et accélérer les consultations en adoptant une attitude constructive, afin de parvenir à une solution appropriée le plus rapidement possible”, poursuit le communiqué.  

L’éolien et le solaire chinois, prochaine cible de l’UE ? 

Le ministère chinois du commerce a toutefois mis en garde les négociateurs de l’UE contre des discussions sur les prix menées directement avec des entreprises en dehors des négociations avec Pékin. “Si l’UE négocie des engagements de prix avec certaines entreprises séparément, tout en négociant avec la Chine, cela ébranlera les fondements et la confiance mutuelle des négociations, interférera avec les négociations entre les deux parties et nuira à la progression générale des consultations”, prévient Pékin. 

Le président du Conseil européen Charles Michel, a dit son espoir de trouver un accord dans les prochains jours ou semaines, reconnaissant que les négociations étaient “très difficiles”. “J’ai l’impression que la porte n’est pas fermée, mais c’est une situation très difficile. Nous partageons l’idée qu’une guerre douanière sera forcément un échec, et que nous devons faire des efforts pour l’éviter”, a-t-il déclaré vendredi aux côtés du Premier ministre chinois Li Qiang en marge du sommet de l’Association des pays d’Asie du Sud-Est (Asean), au Laos. 

En attendant cet éventuel accord, l’UE peut bien appliquer ces surtaxes pouvant aller jusqu’à 35% aux 10% déjà en vigueur et ce, à partir de fin octobre. Il semble néanmoins que les négociations ne calment pas les tensions puisque chacune des deux parties insiste à mettre en pratique les mesures douanières annoncées. Les 27 se penchent désormais sur les subventions étatiques chinoises aux fabricants d’éoliennes et de panneaux solaires. 

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