UE-USA : Bruxelles se prépare à un éventuel retour de Donald Trump à la Maison Blanche et cherche un accord sur les droits de douane
L’Union européenne (UE) se prépare déjà à un éventuel retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Bruxelles espère convaincre l’ancien président, qui a promis en juin d’imposer de droits de douanes à hauteur de 10% aux produits importés aux États-Unis, de chercher un accord. A défaut, l’UE affirme son intention de “défendre ses intérêts” en appliquant un principe de réciprocité sur les produits importés depuis les USA. Si le milliardaire remporte l’élection de novembre et applique une telle mesure, Bruxelles pourrait assister à une baisse d’environ 150 milliards d’euros par an.
Lors d’une interview accordée en juin à CNBC, le candidat républicain a réitéré sa volonté d’imposer des droits de douane de 10% aux produits importés aux États-Unis. Il a précisé qu’une telle hausse sera accompagnée par une baisse d’impôts afin de limiter les conséquences de sa décision pour les consommateurs américains.
“Prête à défendre ses intérêts”, l’UE veut d’abord un accord
Il a cité “deux raisons” pour lesquelles il se définit comme étant “un grand défenseur des droits de douane”. “Tout d’abord, pour leur efficacité économique, lorsque d’autres pays tentent de profiter de vous (...) mais au-delà de l’aspect économique, cela vous donne le pouvoir de négocier avec les autres pays”, justifie-t-il. Ceux qui “profiteraient” des États-Unis ne sont autre que la Chine et, dans une moindre mesure, et “avec le sourire”, l’Union européenne.
Le premier mandat de Trump entre 2017 et 2021 a bien été jalonné par de nombreux épisodes tendus liés à ces droits de douanes. En 2018, son administration a imposé 6,4 milliards d’euros de droits sur les importations d’acier et d’aluminium en provenance de l’UE. Les 27 ont répliqué par une hausse similaire mais bien moins sensible de 2,8 milliards d’euros, en ciblant particulièrement des produits comme le whisky, le bourbon, les motos Harley-Davidson ou encore les bateaux à moteurs. La hache de guerre a été enterrée sous l’administration Biden.
Pour ne pas la déterrer, Bruxelles prend les devants et anticipe une éventuelle victoire de Donald Trump, qui devra d'abord battre Kamala Harris, la candidate démocrate après le retrait par Joe Biden de sa candidature à un second mandat. Selon The Financial Times, l’UE prévoit, en cas de victoire de l’homme d’affaires, de se rapprocher de lui avant sa prise de fonction pour négocier un accord et lister les produits américains que l’institution pourrait acheter en grandes quantités. “Nous devons montrer que nous sommes un partenaire des États-Unis, et non un problème”, a déclaré un responsable européen.
Mais si l’ancien président, qui doit encore faire son retour à Washington, persiste à mettre en application sa promesse électorale, Bruxelles adoptera des représailles. “Nous chercherons des accords, mais nous sommes prêts à nous défendre s'il le faut. Nous ne nous laisserons pas guider par la peur”, ajoute la même source.
Des droits douaniers de 50% et plus sur des produits US ?
Des droits de douanes de 10% impacteraient la compétitivité des produits européens sur le marché américain. Les exportations de l’UE pourraient baisser de 150 milliards d’euros par an et les prix augmenter de près de 2%. Si le commissaire européen au commerce, Valdis Dombrovskis, espère éviter une “confrontation passée” et rappelle que “les États-Unis et l'UE sont des alliés stratégiques”, “particulièrement dans le contexte géopolitique actuel”, Bruxelles souligne son intention de défendre ses intérêts. “Nous avons défendu nos intérêts avec les tarifs douaniers et nous sommes prêts à les défendre à nouveau si nécessaire”, poursuit le même responsable anonyme au Financial Times.
Si les négociations venaient à échouer, la Commission européenne entend établir des listes de produits qui pourraient être imposés à hauteur de 50% et plus. En outre, ses responsables sous-entendent que Washington a plus d’intérêt à maintenir les droits de douane à leur niveau actuel, puisque les biens et services européens importés par les États-Unis (produits pharmaceutiques, voitures et produits alimentaires) seraient de haute valeur comparée aux exportations américaines, essentiellement composées de matières premières.
“Quoi qu’il arrive cette fois, nous sommes mieux préparés”, affirme-t-on au Financial Times. Côté américain, une hausse des droits de douanes pourrait aussi se justifier par un déficit public qui se creuse chaque année un peu plus. Depuis 2016, année de l’élection de Donald Trump, jusqu’à 2023, avant-dernière année du mandat de Joe Biden, ce déficit est passé de 114 milliards d’euros à 156 milliards d’euros.
De plus, bien que l’UE enregistre un excédent commercial conséquent avec les États-Unis, son économie croît à un rythme bien plus lent que celui de son partenaire. Ceci pourrait entraîner une baisse de la demande et de ce fait, une baisse des exportations américaines vers le Vieux continent.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.