Ukraine : Macron "assume" de bousculer les Occidentaux et met en garde contre "l'esprit de défaite"

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Par Francesco FONTEMAGGI et Jan FLEMR - AFP
Publié le 05 mars 2024 - 19:20
Cet article provient directement de l'AFP (Agence France Presse)
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Emmanuel Macron au stade de France lors de la coupe du monde de rugby de 2023.
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Emmanuel Macron a appelé mardi à Prague les alliés de l'Ukraine à "ne pas être lâches" face à une Russie "devenue inarrêtable", assurant "assumer" ses propos controversés sur la possibilité d'envoyer des troupes occidentales dans ce pays en guerre.

"Si chaque jour nous expliquons quelles sont nos limites" face au président russe Vladimir Poutine qui, lui, "n'en a aucune et a lancé cette guerre, je peux déjà vous dire que l'esprit de défaite est là qui rôde", a prévenu le président français lors de sa visite en République tchèque.

"J'assume pleinement" le "sursaut stratégique auquel j'ai appelé", a-t-il martelé lors d'une conférence de presse, estimant que "la clarté" de ses propos était "ce dont l'Europe avait besoin".

À ses côtés, le président tchèque, Petr Pavel, lui a apporté son soutien.

"Je suis favorable à la recherche de nouvelles options, y compris un débat sur une présence potentielle en Ukraine", a-t-il approuvé.

Un satisfecit qui tranche avec le trouble semé par M. Macron lorsque le 26 février, à l'issue d'une conférence internationale à Paris, il avait évoqué une "ambiguïté stratégique" pour que Moscou sache que tout sera fait pour l'empêcher de "gagner cette guerre".

Il avait alors expliqué que l'envoi en Ukraine de militaires occidentaux ne pouvait pas "être exclu" à l'avenir, même s'il avait reconnu qu'il n'existait pas de "consensus" à l'heure actuelle.

Mais des États-Unis à l'Allemagne en passant par la grande majorité des autres alliés, les dirigeants se sont succédé pour se démarquer des propos du président français et assurer qu'il n'était pas question d'envoyer des soldats sur le sol ukrainien, offrant une image de division dans le camp occidental.

Vladimir Poutine a lui mis en garde contre une "menace réelle" de guerre nucléaire en cas d'escalade.

"Nous ne voulons pas d'escalade, n'avons jamais été dans la cobelligérance", a répondu à distance depuis Prague le président français.

Mais il a aussi estimé que l'Europe entrait dans un moment "où il conviendra de ne pas être lâches", comme un avertissement à ses alliés occidentaux. "On ne veut jamais voir les drames qui viennent", mais "il nous faudra être à la hauteur de l'Histoire et du courage qu'elle implique", a-t-il ainsi prévenu dans la matinée devant la communauté française.

À un moment où il semble de plus en plus vouloir imposer son leadership dans le soutien à Kiev et le bras de fer avec la Russie, M. Macron va aussi signer avec le Premier ministre, Petr Fiala, un plan d'action 2024-2028 pour le partenariat stratégique bilatéral.

Il y a une semaine à Paris, il avait esquissé plusieurs pistes pour renforcer l'appui militaire fourni à l'armée ukrainienne, qui essuie des revers sur le front.

Les ministres français des Affaires étrangères et de la Défense réuniront leurs homologues des autres pays alliés jeudi par vidéoconférence pour détailler ces solutions, a-t-on appris mardi de sources diplomatiques. M. Macron doit ensuite se rendre en Ukraine d'ici à la mi-mars.

Parmi ces options sur la table figure une initiative tchèque visant à acheter des munitions hors Union européenne, en raison de la pénurie actuelle qui complique la vie des soldats ukrainiens sur le champ de bataille, pour ensuite les leur livrer.

Dès la mi-février, Petr Pavel avait évoqué quelque 800.000 munitions qui pourraient être envoyées en Ukraine "en quelques semaines" si les financements nécessaires (1,5 milliard de dollars, selon le Financial Times) étaient rassemblés.

Longtemps réservé, M. Macron a annoncé la semaine dernière que son pays participerait à cette initiative mais sans chiffrer sa contribution, contrairement à d'autres Etats comme les Pays-Bas qui ont promis 100 millions d'euros. Malgré les espoirs des autorités tchèques, le président français n'a pas avancé de montant mardi, et s'est borné à réitérer son appui à ce mécanisme "extrêmement utile".

La contribution devait être discutée au niveau ministériel.

Il s'est, par ailleurs, dit "tout à fait favorable à la proposition de taxer les revenus" des avoirs russes gelés, ce qui représente "trois à cinq milliards" d'euros par an, "dans le cadre légal" du droit international.

Sur le plan économique, sa visite vise aussi à appuyer la candidature du groupe d'électricité français EDF qui ambitionne de rafler le marché d'un programme nucléaire civil tchèque pouvant inclure la construction de jusqu'à quatre réacteurs.

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