Pour Valls, La France insoumise "se compromet avec l'Islam politique"
L'ancien Premier ministre Manuel Valls estime dans une interview à Libération publiée mardi que la gauche "est en difficulté sur les questions d'identité" et que La France insoumise en particulier "se compromet avec l'islam politique voire avec les islamistes".
Constatant que son adversaire aux législatives, Farida Amrani, "n'a rien dit" après avoir reçu le soutien pour le second tour de l'humoriste Dieudonné, condamné pour incitation à la haine, Manuel Valls estime qu'"à gauche, on n'est pas à l'aise sur ce sujet-là".
"C'est presque un angle mort. Comme on est du côté des plus faibles, on dit +ce sont des victimes+, on croit qu'il faut se mettre de leur côté, et on prend les voix. On est mal à l'aise, et on se retrouve à légitimer Dieudonné".
L'ancien ministre de l'Intérieur dresse un parallèle avec l'affaire Dreyfus: "Au moment de l'affaire Dreyfus, la gauche se demande: +Est-ce qu'il faut défendre ce juif, militaire, bourgeois, alors que la préoccupation essentielle c'est la classe ouvrière ?+. A gauche c'est comme ça, ce sont les termes du débat", analyse-t-il dans cette interview avec l'écrivain Christine Angot.
La gauche "est en difficulté sur les questions d'identité. Hollande n'aimait pas les évoquer. Je vais être immodeste, mais quand je dis à l'Assemblée +nous sommes en guerre contre le terrorisme+, je suis le premier à le dire. Ce n'est pas la première fois qu'il y a de la complaisance à gauche à propos du terrorisme", poursuit M. Valls, évoquant les Brigades rouges.
"Il y a une complaisance, parce qu'il y a une gêne et une culpabilité. Les musulmans sont le prolétariat du XXIe siècle, et en plus il y a une question religieuse... Mais on ne peut pas être naïf", assène le député de l'Essonne.
Elu de justesse dans la première circonscription de l'Essonne, il estime que Jean-Luc Mélenchon est "dangereux".
Pour lui, la gauche doit trouver "sa propre réponse" à ces questions, pour ne pas laisser "un espace à l'extrême droite, ou à la France insoumise, qui se compromet avec l'islam politique, voire avec les islamistes".
"J'ai été ciblé aux législatives parce que j'avais porté ce combat", pense M. Valls, qui attaque aussi au passage la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa, qui "prétend qu'il n'y a pas d'antisémitisme dans nos quartiers".
"Il y en a un, c'est le moteur idéologique du terrorisme", affirme-t-il.
Dans une tribune adressée à M. Valls et publiée le 22 juillet 2014 dans le Huffington Post, la secrétaire d'Etat avait en fait affirmé que "les gens qui habitent, travaillent, vivent dans les quartiers populaires ne sont pas antisémites dans leur ensemble, intrinsèquement, par essence".
Elle y "dénonce sans équivoque l'antisémitisme mais indique que les quartiers populaires ne l'ont pas créé", a mis au point mardi son cabinet.
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