Présence d'acrylamide (cancérogène) dans des biscuits pour bébés vendus en France
De l'acrylamide, une substance cancérogène, a été retrouvée à un niveau supérieur aux indications européennes dans des biscuits pour bébés de marque Nestlé vendus en France, et à des niveaux proches de ce seuil dans deux autres produits, selon la fondation Changing Markets.
Selon une analyse indépendante de 25 biscuits pour enfants en bas âge commercialisés en France, l'acrylamide, classée comme cancérogène probable par l'OMS, a été retrouvée à une concentration de 226,1 microgrammes par kg dans les "P'tit Biscuit texture croquante et fondante" de marque Nestlé.
La valeur maximale recommandée au niveau européen pour les biscuits pour jeunes enfants a été fixée à 200 microgrammes, rappellent Changing Markets, l'ONG environnementale WECF et le rassemblement de consommateurs SumOfUs dans un communiqué publié jeudi.
La concentration retrouvée est aussi proche de ce maximum toléré dans les biscuits bio "Mes 1ers Biscuits Orange" de Picot, marque du groupe Lactalis, (198,3 microgrammes) et dans les "biscuits junior aux pépites de chocolat" de marque Carrefour (192 microgrammes).
Tous les autres produits analysés, y compris d'autres biscuits des trois marques incriminées, sont largement en-dessous (moins de 30 à 135,5 microgrammes).
La direction de Nestlé France a fait part jeudi soir de "sa grande surprise à la vue de ces résultats".
"Nous faisons effectuer des mesures régulières par des laboratoires indépendants et nous sommes très significativement en dessous des indicateurs européens", a déclaré à l'AFP Pierre-Alexandre Teulié, un des directeurs généraux de Nestlé France.
"Nous sommes totalement ouverts à la discussion avec SumOfUs afin de comprendre comment ils en sont arrivés à ces résultats", a-t-il dit.
La présence d'acrylamide dans certains aliments est documentée depuis 2002, particulièrement dans les aliments à base d'amidon quand ils sont frits ou cuits à haute température.
"Depuis, Nestlé travaille à réduire l'apparition d'acrylamide lors de la cuisson des produits", a indiqué M. Teulié. "La sécurité alimentaire est notre premier impératif", a-t-il ajouté.
En septembre, l'Agence française de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), avait épinglé dans un rapport la présence de neuf polluants à des niveaux préoccupants dans l'alimentation des jeunes enfants, dont l'acrylamide.
Un projet de réglementation sur cette substance est en cours de discussion entre la Commission européenne et les États membres, et doit faire l'objet d'un vote en mars. Mais "la proposition ne contient pas de limites contraignantes (...) et conserve des recommandations de teneurs trop élevées par rapport à ce qui peut être mis en oeuvre par les industriels", jugent les trois organisations.
"Les autorités doivent adopter un nouveau protocole qui comprend des limites contraignantes en deçà des limites actuelles et les industriels prendre ce sujet très au sérieux pour adopter les mesures nécessaires dans le processus de fabrication des produits", en particulier ceux destinés aux enfants, a réclamé Véronique Moreira, présidente de WECF France, citée dans le communiqué.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.