Rougeole : vacciner les adultes pour combattre l'épidémie
Après le vif débat sur la vaccination des nourrissons, celle des adultes préoccupe les autorités de santé: elles demandent aux Français de se vacciner contre la rougeole, s'ils ne sont pas sûrs d'être à jour, pour endiguer l'épidémie.
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a demandé mercredi "à toutes les personnes qui ne sont pas vaccinées (contre la rougeole) ou qui n'ont pas fait vacciner leurs enfants de faire un rattrapage".
Une femme de 32 ans est morte samedi à Poitiers. Il s'agit du 21e décès dû à la rougeole depuis 2008, selon les chiffres de l'agence sanitaire Santé publique France.
Dès mardi, après l'annonce de cette mort, la Direction générale de la Santé (DGS) invitait "toutes les personnes non vaccinées ou qui auraient des doutes concernant leur statut vaccinal à consulter dès à présent leur médecin traitant pour une éventuelle mise à jour".
"Dans certaines régions de France, la couverture est autour de 70%, c'est totalement insuffisant pour empêcher une épidémie d'émerger", a souligné Mme Buzyn sur France Inter.
Depuis le 1er novembre, 387 cas de rougeole ont été déclarés en France, qui ont entraîné 83 hospitalisations, dont 6 en réanimation. Dans les cas les plus graves, cette maladie peut entraîner des complications respiratoires (infections pulmonaires) et neurologiques (encéphalites).
Le principal foyer épidémique est en Nouvelle-Aquitaine. La région compte 269 cas confirmés, dont un quart (66) ayant nécessité une hospitalisation.
Selon Mme Buzyn, "pratiquement tous les cas de rougeole sont survenus soit chez des gens non vaccinés, soit n'ayant reçu qu'une seule dose dans leur vie, alors que deux doses étaient recommandées à l'époque".
La femme de 32 ans morte à Poitiers n'avait elle-même jamais été vaccinée.
"Tous les enfants et jeunes adultes devraient être vaccinés contre la rougeole. C'est une vaccination très efficace qui protège de la maladie dans près de 100% des cas après deux doses de vaccin", ont insisté la DGS et Santé publique France dans un communiqué commun.
C'est pour cette raison que la vaccination contre la rougeole fait partie depuis le 1er janvier des vaccins obligatoires pour les enfants, dont le nombre est passé de trois à onze au terme de vifs débats.
- 'Pas à l'abri' -
Pour les autorités de santé, l'enjeu est maintenant de sensibiliser les jeunes adultes qui ont échappé à la vaccination, soit par négligence, soit parce qu'on insistait moins qu'aujourd'hui sur sa nécessité.
"C'est le reflet de l'histoire de la vaccination en France: il y a des gens de 20 à 40 ans qui ont grandi sans être vaccinés et se retrouvent aujourd'hui non immunisés", a déclaré à l'AFP le responsable de l'unité vaccination à Santé publique France, Daniel Lévy-Bruhl.
Dans son rapport annuel publié le 7 février, la Cour des comptes juge sévèrement la politique vaccinale de l'État par le passé: "Les plans successifs n'ont débouché que sur des mesures partielles, mal coordonnées, insuffisantes en tout état de cause pour renforcer suffisamment l'adhésion vaccinale".
Selon Santé publique France, "plus de 24.000 cas de rougeole ont été déclarés en France" entre 2008 et 2016, "dont près de 15.000 cas pour la seule année 2011". Plus de 1.500 cas se sont soldés par une "pneumopathie grave" et 34 par une complication neurologique.
En 2017, 519 cas ont été déclarés, près du septuple de 2016 (79 cas), souligne l'agence sanitaire. Elle met en garde: "La France n'est pas à l'abri d'une nouvelle épidémie d'ampleur importante, comme celles observées dans plusieurs pays" européens comme l'Italie (près de 5.000 cas), l'Allemagne (plus de 900) ou la Roumanie (plus de 6.000).
Enfin, "le taux de vaccination en Nouvelle-Aquitaine n'est pas très différent de la moyenne nationale", renchérit M. Lévy-Bruhl. "Il n'y a pas de spécificité qui explique que l'épidémie touche cette région, donc si c'est arrivé là aujourd'hui, ça arrivera probablement ailleurs demain".
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.