Sébastien Lecornu, un politique précoce aux collectivités territoriales
À tout juste 32 ans, le précoce Sébastien Lecornu, nommé mardi ministre chargé des collectivités territoriales, est un ancien des Républicains, proche de Bruno Le Maire, à la fibre très politique.
Jusqu'ici classé parmi les méconnus du gouvernement d'Édouard Philippe, cet élu de l'Eure va monter en grade en prenant un ministère. Il épaulera ainsi Jacqueline Gourault, nommée mardi à la tête d'un grand ministère de la Cohésion des territoires.
Il était en effet depuis mai 2017 secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, sous Nicolas Hulot puis brièvement François de Rugy.
Né le 11 juin 1986 à Eaubonne (Val-d'Oise), le nouveau ministre a battu nombre de records de précocité.
Il a été le plus jeune assistant parlementaire à l'Assemblée nationale lorsqu'il a rejoint l'institution en 2005, le plus jeune conseiller dans un cabinet ministériel - celui de Bruno Le Maire aux Affaires européennes en 2008 - et le plus jeune président d'un département, celui de l'Eure, en 2015.
"J'ai toujours eu un intérêt pour la chose publique", expliquait-il l'an dernier à Ouest France. Et c'est à droite qu'encore lycéen, il s'engage, dans sa ville de Vernon (Eure), dont il sera élu maire en 2014.
"J'aime l'ordre. Pour moi, la gauche représente le désordre. Et malgré mes origines populaires, je n'ai jamais cru à l'excuse sociale. Quand on travaille, on y arrive toujours", affirmait-il dans un entretien à Libération.
- Fessenheim -
Le nouveau ministre a rejoint l'an dernier LREM après son exclusion des Républicains pour avoir accepté un poste dans le gouvernement, "une reconversion opportuniste", tacle Janick Leger, présidente du groupe d'opposition socialiste au département de l'Eure.
Lui qui se définit comme proche du monde agricole et des territoires, n'avait pas vraiment l'écologie dans son ADN. "Je suis tenant d'une écologie pragmatique qui croit plus à la preuve qu'aux slogans", disait Sébastien Lecornu à Libération.
Comme secrétaire d'État, il s'est plutôt approprié les sujets liés à l'énergie, se confrontant aux différents intérêts, souvent divergents, des entreprises, des écologistes et des élus locaux.
Il pilotait ainsi la délicate fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), où il s'est rendu à plusieurs reprises pour rencontrer les élus et les salariés d'EDF, hostiles à l'arrêt du site, tout comme sur le site controversé de stockage de déchets nucléaires à Bure (Meuse).
Il était aussi à la manœuvre sur les Contrats de transition écologique (CTE), censés aider les territoires à organiser leur transition dans l'énergie, le recyclage, la protection de l'environnement, etc.
Il a également encadré les trois groupes de travail sur l'éolien, le solaire et la méthanisation dans le but de faciliter le développement de ces trois énergies renouvelables.
- Giverny et gendarmerie -
Dans ses nouvelles fonctions, il pourra faire valoir sa bonne connaissance des arcanes parlementaires et des sensibilités des élus locaux.
Malgré ses responsabilités nationales, il reste d'ailleurs très proche de ses terres normandes, où il reste adjoint au maire de Vernon et conseiller départemental. "C'est encore lui qui tire toutes les manettes au département", pointe Jean-Pierre Nicolas, ancien député et maire UMP d'Evreux, exclu du parti en 2013 à la demande de Bruno Le Maire.
Cet amateur d'art, très proche de Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics, siège aussi au conseil d'administration du musée des impressionnistes de Giverny.
Plutôt direct, voire adepte de "la confrontation frontale", selon Mme Leger, il n'hésite pas à répondre aux invitations pour s'exprimer sur les plateaux de radio et de télévision.
Loin de la formation traditionnelle des responsables politiques, Sébastien Lecornu, diplômé de droit public de l'université Panthéon-Assas, est aussi officier de réserve de la gendarmerie. Il a même commandé dans l'Eure le peloton auquel a appartenu l'ex-monsieur sécurité d'Emmanuel Macron, Alexandre Benalla.
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