SNCF : les syndicats de cheminots parient sur la durée pour gagner

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Par Elisabeth ROLLAND - Paris (AFP)
Publié le 22 avril 2018 - 16:47
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Didier Aubert à l'issue d'une réunion au ministère des Transports à Paris le 5 avril 2018
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© LUDOVIC MARIN / AFP
Didier Aubert à l'issue d'une réunion au ministère des Transports à Paris le 5 avril 2018
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Face à l'offensive éclair du gouvernement, les cheminots répondent guerre des tranchées: leurs syndicats misent toujours sur la résistance dans la durée pour réussir à bloquer la réforme de la SNCF ou obtenir un maximum de garanties.

Lors des "conflits du passé, les choses ont commencé à bouger quand on avait tout bloqué, au bout de 15 jours, 3 semaines" de grève, rappelait Didier Aubert, secrétaire général de la CFDT Cheminots, au 8e jour de la mobilisation, jeudi dernier.

Le cinquième épisode de deux jours de grève commence dimanche soir. Lundi et mardi seront ainsi les 9e et 10e journées du calendrier de 36 jours d'arrêt de travail lancé début avril. Une série que les syndicats pourraient même prolonger au-delà du 28 juin, le clap de fin initialement fixé.

"Ce gouvernement ne veut rien négocier, c'est lui qui nous pousse à prolonger" la grève, a dit une source syndicale au Parisien dimanche. "On prépare" un nouveau calendrier pour "juillet et août" pour "prévenir les Français le plus tôt possible" avant les vacances d'été.

Jeudi, après avoir annoncé la "suspension" de leur participation aux réunions sur la réforme au ministère des Transports, les syndicats avaient confirmé leur calendrier de deux jours de grève sur cinq pendant trois mois. Mais "on verra si on est obligé d'aller plus loin que juin", avait prévenu Laurent Brun, secrétaire général de la CGT Cheminots.

Depuis, les relations houleuses entre l'intersyndicale CGT-Unsa-SUD-CFDT et le gouvernement se sont encore détériorées, le Premier ministre Edouard Philippe ayant refusé vendredi de la recevoir, alors qu'elle réclame depuis des semaines de" vraies négociations".

- "Une véritable provocation" -

Les tensions étaient déjà montées d'un cran après l'annonce par voie de presse, lundi dernier, du projet de filialisation de l'activité fret, puis celle, mercredi, de la date d'arrêt des recrutements au statut de cheminot (1er janvier 2020).

Ces annonces ont été ressenties comme "une véritable provocation" par les syndicats car "sur ces deux sujets, il était établi que les discussions devaient être menées avant que les décisions ne soient annoncées", écrivent-ils dans un courrier à la ministre des Transports Elisabeth Borne.

Tous ont appelé les cheminots à renforcer la mobilisation, en grève illimitée côté SUD-Rail, en suivant le calendrier de deux jours sur cinq pour le trio CGT-Unsa-CFDT.

"L'originalité de ce dispositif est de pouvoir durer dans le temps, de faire pression dans le temps", tout en "coûtant le moins cher possible aux cheminots", souligne Roger Dillenseger, secrétaire général de l'Unsa ferroviaire. Et en "essayant de ménager le plus possible les usagers", ajoute M. Aubert.

"Nous pouvons sérieusement envisager la gagne", estime la CGT Cheminots. "L'objectif, c'est que les quatre syndicats restent ensemble dans le mouvement", relève Bruno Poncet, secrétaire fédéral de SUD-Rail, qui a "l'impression que (ses) collègues plus réformistes sont en train de se radicaliser".

En vue de l'examen du projet de loi de réforme ferroviaire au Sénat, fin mai, la CFDT va "retravailler des amendements" qu'elle avait préparés pour l'Assemblée, dont "trois bribes" ont été retenues, et "va aussi proposer des amendements supplémentaires aux sénateurs", a indiqué Rémi Aufrère-Privel, secrétaire général adjoint de la CFDT Cheminots.

La grève? "On peut tenir évidemment. La direction tombe dans le ridicule en affichant 20% de grévistes et tant de trains supprimés", a-t-il jugé, mais "on n'a pas envie que ça tienne sur trois catégories de personnels", les conducteurs, contrôleurs et aiguilleurs, indispensables à la circulation des trains. La CFDT appelle donc "tous les cheminots" à "amplifier la mobilisation".

Pour tenir dans le temps, les cheminots peuvent compter sur des caisses de solidarité, notamment syndicales, et sur une cagnotte ouverte en ligne qui a déjà recueilli plus de 860.000 euros.

Quant à la bataille de l'opinion, elle n'est pas gagnée. Selon un sondage Ifop pour Le Journal du Dimanche, 57% des Français jugent la grève injustifiée.

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