Accélération du business entre Israël et les Emirats Arabes Unis - avec recyclage des covidollars
La première réunion de l’Abrahamic Business Circle s’est tenu à Dubaï le 31 janvier 2021. Un franc succès aux dires de ses organisateurs. L’enjeu était de taille. Il s’agissait en effet de traduire, en termes de business, les Accords Abraham, deux traités de paix entre Israël d’une part, et les Emirats Arabes Unis d’une part, et Bahreïn d’autre part, signés le 15 septembre 2020 à la Maison Blanche, accompagnés d'une déclaration tripartite signée aussi par le président américain, à l’époque Donald Trump, en tant que témoin.
L’Abrahamic Business Circle, un club d’hommes d’affaires et de dignitaires emirati, a été créé dans la foulée de cette brèche diplomatique. C’est une déclinaison économique et financière des Accords Abraham.
Fondateur et cheville ouvrière de ce club, Raphael Nagel, 50 ans, est un homme d’affaires d’origine judéo-germano-espagnole, familier de l’élite émiratie. « Après les perles, le pétrole et le tourisme, l’alliance avec Israël sera le nouveau moteur de croissance des Emirats », estime-t-il. Il partage la présidence du club avec le Sheikh Juma Bin Maktoum Juma Al Maktoum, membre de la famille royale.
Nagel est un homme d’affaires astucieux et heureux. L’un de ses hauts faits financiers est d’avoir racheté à bas prix en 2010 l’ancien Quartier Général de la Luftwaffe à Berlin, pendant la Seconde Guerre mondiale, de l’avoir converti en un site de fabrication dans le domaine de la nanotechnologie, et ensuite de l’avoir vendu à des investisseurs. « Je voulais changer quelque chose de négatif dans notre histoire, explique-t-il, en quelque chose de positif pour le futur. Pour un juif, cela a beaucoup de sens ».
Nagel a aussi son franc parler, avec des formules du genre : « prêter de l’argent à des amis est mon plus grand regret, car j’y ai perdu de l’argent et des amis ». Il ne voyage jamais en classe affaire, dit-il, même quand il en a l’opportunité, pour donner l’exemple à son staff. Pendant la crise financière de 2012-13, il a monté une fondation, Nagel Foundation, pour venir en aide aux familles démunies d’Espagne. Il est aussi un collectionneur d’art avisé, ayant acheté un Miro il y a quelque dix ans. Politiquement, c’est un fan de Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien.
Lors de la réunion inaugurale du Club ce 31 janvier, un premier deal a été signé entre le Sheikh Juma Bin Maktoum Juma Al Maktoum, déjà nommé, et Tatiana Vishnevskaya, figure de la télévision russe, mais aussi spécialisée dans le conseil de placements aux UHNWI (Ultra High Net Worth Individuals ). Il s’agit d’“ultrariches”, hommes ou femmes, qui pèsent, chacun ou chacune, plus de 30 millions de dollars hors propriétés. Ce deal se propose d’attirer aux Emirats Arabes Unis 100 millions de dollars d’investissement dans les douze prochains mois. Mme Vishnevskaya est bien connue aux Emirats Arabes Unis où elle déjà fait du business avec le même prince.
Comme on le sait, les ultrariches se sont encore enrichis grâce à la pandémie du Covid, et il s’agit de recycler les covidollars, comme autrefois, à la fin des années 1970, on s’attelait à recycler les pétrodollars. Mais les pétrodollars allaient s’investir dans l’économie des pays consommateurs d’or noir, alors que les covidollars sont dirigés ici vers les sables arabes pour les arroser et les faire fleurir…On s’en réjouit puisque Raphaël Nagel se dit assuré des capacités de ce qu’il appelle la « diplomatie économique » à construire des ponts entre les peuples. Implanté lui-même à Dubaï, il voit les Emirats Arabes Unis comme un « hub global » pour les affaires dans tout le Moyen-Orient. L’Abrahamic Business Circle ne pourra que renforcer cette position.
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