Le monde de la finance s'inquiète-t-il enfin de l'érosion de la biodiversité ?
Alors que les experts n'ont de cesse d'alerter sur les dangers de l'érosion de la biodiversité, le monde de la finance semble enfin prendre conscience qu'il pourrait être touché. Selon un récent rapport, 42 % du volume des titres bancaires français dépendent de la biodiversité et plus précisément des services écosystémiques rendus par la nature, tels que l’eau, l’alimentation ou la pollinisation.
C’est une étude inédite et peut-être celle que le monde de la finance attendait pour réagir… Publiée par la Banque de France, l’agence française de développement et l’office français de la biodiversité, elle a été rendue publique au Congrès mondial de la nature et s’intitule « Un printemps silencieux pour le système financier ». Car si le système financier connait déjà bien le risque engendré par le dérèglement climatique, les économistes doivent, selon cette publication, s’inquiéter de l’érosion de la biodiversité.
L’érosion de la nature et la disparition à terme d’un million d’espèces met directement en péril la stabilité des prix et la fiabilité des investissements. Ce rapport vient conforter une étude du Forum Économique Mondial, qui annonçait que près de la moitié du PIB de la planète repose sur la biodiversité.
Les prix des aliments et la production de médicaments pourraient être affectés
Pour l’Agence française de développement, c’est la première fois qu’il est démontré que différents secteurs qui sont notamment dépendants de ressources naturelles telles que l’eau risquent d’être en grande difficulté. De nombreuses entreprises de l’industrie chimique et des hydrocarbures sont cernées au premier chef, précise l’un des auteurs de l’étude, « car elles sont dépendantes de la fourniture d’eau, des nappes phréatiques, et elles pourraient être touchées durement ». Pour l’heure, tous les secteurs économiques n’ont pas été étudiés et l’estimation des actifs qui pourraient être impactés est donc minimale. Le prix des aliments et la production de médicaments pourraient également être affectés par cet effondrement de la biodiversité. Concrètement, le risque est partagé par le système financier, les banques mais aussi l’épargne-retraite et les petits épargnants.
Selon cette étude, l’impact annuel de l’activité des entreprises françaises contribue à l’artificialisation de l’équivalent d’un département équivalent à la Loire chaque année. Outre ce constat, les auteurs de l’étude évoque une solution qu’il semble urgent de mettre en œuvre : réorienter certains investissements vers des actions positives pour la biodiversité.
La prise de conscience du secteur financier est réelle
La pandémie de Covid-19 avait déjà permis une prise de conscience. Certains acteurs du secteur financier commencent à s’organiser afin de prendre leur part dans la transition environnementale. BNP Paribas par exemple, a pris en mai dernier de nouveaux engagements en faveur de la biodiversité : la banque s’est notamment engagée à développer de nouveaux outils de finance durables tels que les prêts à impact positif et les obligations vertes, afin de lutter contre la déforestation. Elle s’est également engagée à ne plus financer de projets d’exploration ou de production de gaz ou de pétrole offshore en Arctique. Les initiatives en la matière se multiplient. Reste à ce que la prise de conscience se généralise et qu’elle soit suivie d’actions concrètes, rapides et suffisantes pour préserver la biodiversité de son déclin amorcé.
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