Le CVM, un poison dans nos canalisations que l'État laisse couler
L’eau potable de milliers de Français est contaminée par un agent cancérigène, le CVM, depuis plus de 50 ans. Malgré des alertes dès les années 1970, l’État se la coule douce, exposant des millions de citoyens à un danger sanitaire majeur.
Une enquête de Reporterre montre que l’affaire est aussi vieille que scandaleuse. Des décennies après que le chlorure de vinyle monomère (CVM) a été identifié comme cancérigène, des milliers de kilomètres de canalisations en PVC, utilisées pour l’adduction d’eau, continuent de contaminer l’eau potable. Ce gaz toxique est responsable de niveaux de pollution alarmants dans l'eau du robinet, et les autorités semblent avoir mis des années à reconnaître l’ampleur du problème. « Les législateurs ont gravement manqué de diligence », dénonce le chercheur Gaspard Lemaire, dont les analyses ont permis de révéler la situation. Résultat : 6 410 cas de contamination identifiés entre 2014 et 2024, touchant en majorité des petites communes rurales, souvent laissées pour compte.
Si les risques étaient bien connus depuis les années 1980, ce n'est qu’en 2007 que des mesures de détection ont été mises en place… mais leur efficacité reste à prouver. Selon l'Astee, les analyses systématiques n’ont commencé qu’en 2011, après de nombreuses hésitations. En attendant, l’État se défausse sur les collectivités locales. « Le remplacement des tuyaux, c’est long et coûteux, explique Franco Novelli de la FNCCR. À ce rythme, on ne s’en sortira jamais », souligne-t-il.
Le coût du changement des canalisations, parfois entre 50 000 et 200 000 euros par kilomètre, rend l’opération irréalisable pour les petites communes, déjà en difficulté financière. Et malgré les promesses gouvernementales, les aides publiques se révèlent insuffisantes. Ce « casse-tête » touche les Français de façon inégale : les habitants des grandes villes ignorent souvent ces contaminations, tandis que dans les zones rurales, l'eau devient un véritable poison au quotidien. Une situation que l'État n'a jamais vraiment voulu assumer. On laisse couler...
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