Le secteur du chanvre demande des clarifications par rapport à la production
Les industriels du chanvre sont optimistes quant à l’avenir de ce secteur prometteur, qui s’inscrit dans les tendances environnementales et sociétales, notamment en ce qui concerne le textile et la construction locale et écologique. Mais, la filière dénonce un flou concernant son encadrement, notamment autour du pourcentage maximum de CBD dans les produits, mais aussi au sujet de la production et commercialisation des fleurs, en théorie interdite depuis le 30 décembre 2021.
Une zone grise permet la commercialisation des fleurs de chanvre
Selon l’Union des industriels pour la valorisation des extraits de chanvre (Uivec), le CBD représenterait, en 2022, un marché de 700 millions d’euros en France. Aujourd'hui, sur 20 000 hectares, la production du CBD est représentée par 1 500 producteurs français, plaçant la France à la première place en Europe pour la culture exclusive de la paille et la graine de cette plante, pour des usages dans les domaines du bâtiment ou de l'alimentation. La France a autorisé le commerce du CBD en novembre 2020, suite à la demande de la Cour de Justice de l'Union européenne qui avait jugé illégale l'interdiction de la vente de CBD en France à l'issue de l'affaire Kanavape, mais elle a aussi interdit la commercialisation des fleurs par arrêté, le 30 décembre 2021. La production de ces fleurs est en revanche autorisée, et les producteurs ne peuvent les vendre qu’aux professionnels. Cela n'empêche pas de trouver de la fleur dans les boutiques de CBD, car les commerçants résistent, et tentent d’exploiter le flou de la législation. La question des fleurs est cruciale pour le secteur, car selon l’Usine nouvelle, qui cite les calculs de l'Union des professionnels du CBD, la vente des fleurs au grand public en "CBD shop" représente 70 % du chiffre d'affaires de la filière !
Une clarification permettrait de contrôler la culture de la fleur en France
Pour Nathalie Fichaux, directrice d’Interchanvre, l'interprofession qui regroupe 1 414 producteurs, 140 salariés et 6 chanvrières, la filière attend beaucoup de l’arrêté qui va concerner la fleur. Interchanvre milite en effet pour que les producteurs puissent récolter les fleurs, et ainsi contrôler la qualité de la production. Selon Nathalie Fichaux, l'importation de la fleur pose problème à la traçabilité. “Pour être sûrs que les fleurs passent les contrôles, certains dénaturent complètement la fleur, soit en les mettant dans des bains, soit en pulvérisant du CBD dessus. Ce qui engendre la disparition des terpènes, les effets d’entourage qui sont pertinents en termes de détente ou autre.” En cultivant la fleur en France, Interchanvre promet la mise en place de systèmes de qualité pour garantir la traçabilité. Pour l’instant, les cultivateurs français de chanvre qui outrepassent la loi de façon militante en cultivant la fleur ne sont pas soutenus par l’interprofession qui indique qu’ils continuent “À leurs risques et périls !”. “Nous avons alerté les agriculteurs pour qu’ils n’investissent pas sur la production cette année parce que nous savons qu’il y a des gardes à vue et je trouve ça dommageable,” déclare la directrice.
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